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21 juin 2007 4 21 /06 /juin /2007 16:18
 
Ci-dessous, un message repris de la liste de diffusion nationale des Alternatifs, qui pourrait intéresser largement dans notre département où il y a une activité importante du réseau RESF 06.
 
Chers Camarades,
Je vous envoie un récit personnel de notre entrevue avec le ministre Hortefeux et surtout, le texte liminaire lu par vos trois délégués. J'ai cru devoir l'écrire au mot près pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté quant à la volonté qui a été la nôtre de respecter scrupuleusement les mandats que nous avions reçus.
Bonne lecture.
Cordialement.
JM Bavard
Solidarité Migrants Oise - RESF 60 


Récit et impressions personnels :
Cette audience avec le ministre Hortefeux était étonnante, on pourrait dire amusante si les sujets évoqués n'étaient si graves : tout d'abord parce que ce pouvoir ne parvient pas à nous cerner et cela le laisse fort démuni. Contrairement à un grand nombre de responsables associatifs, dont les exemples les plus récents sont Martin Hirsch (Emmaüs) et Fadela Amara (Ni putes, ni soumises), nous ne faisons aucun calcul personnel, il n'y a rien à marchander avec nous, nous n'avons pas d'appareil, pas de hiérarchie... Une anecdote qui illustre ce fait: arrivés à l'heure, les collaborateurs d'Hortefeux nous font attendre (1). Au bout d'un moment, nous allons au renseignement. En fait, ils attendent Richard Moyon qu'ils ont même joint par téléphone de leur propre initiative. Pour eux, il doit être le chef et donc présent. Il a fallu que nous expliquions qu'il n'était pas prévu, puis que nous tapions un peu sur la table pour affirmer que nous étions maîtres de la composition de notre délégation. Ceci compris: Hortefeux vient nous chercher.
Il tente d'emblée de nous impressionner: il est très méritant de recevoir ceux qui le désignent comme ministre des rafles. C'est une "injure raciste" à l'encontre d'un ministre membre d'un gouvernement largement élu. Cela pourrait même valoir une assignation en justice.
Nous répliquons du tac au tac. Il n'y a aucune injure dans nos propos, nous ne faisons que qualifier une technique policière avérée, le seul moyen pour que nous cessions ce constat est qu'il fasse cesser de telles pratiques, enfin nous sommes venus pour des choses plus sérieuses qu'une polémique sur des mots.
Il réplique qu'il est tout de même maître des sujets qu'il souhaite aborder puis se calme et devient d'un coup attentif. Visiblement cette image de ministre brutal le gêne et il veut donner de lui et de son gouvernement une autre image. Au lieu de la demi-heure prévue, il sera réellement à l'écoute pendant plus d'une heure.
Nous lisons alors une déclaration liminaire après avoir demandé de ne pas être interrompu pour la cohérence de notre analyse et l'empêcher de noyer le poisson (déclaration ci-jointe).
Nous réaffirmons nos exigences, témoignons des conséquences humaines désastreuses de cette politique sur les personnes, les enfants, au-delà les établissements scolaires et toute la société.
Le slogan "ces familles n'ont pas vocation à rester..." n'est ni acceptable, ni applicable sous peine de dommages irréversibles pour nos valeurs démocratiques. Ceci est d'autant plus incompréhensible que notre République a besoin de cette jeunesse.
Nous sommes donc venir dire qu'il faut en sortir, immédiatement et par le haut d'un point de vue du droit, humain et éthique. Cette période post-électorale est idéale pour cela, elle permet de faire preuve d'audace et sans risque, comme l'avait fait Giscard avec la légalisation de l'avortement et Mitterrand avec l'abrogation de la peine de mort. Le risque est au contraire de laisser perdurer cet état. Sinon notre résistance ne fera que s'amplifier et il nous trouvera sans relâche sur sa route.
Quand, énonçant nos 6 revendications, nous réutilisons le mot "rafle" malgré ses intimidations du début, ses épaules sursautent de surprise et d'indignation. Il ne réagit pas davantage pourtant.
Ses réponses sont d'une platitude absolue :
1- Il ne peut y avoir de régularisation massive à cause de... l'appel d'air. Il quitte ses homologues espagnol et italien "pas du même bord pourtant" qui ont pu le constater.
Nous lui répondons qu'aucune étude n'a jamais prouvé cette fameuse théorie, que l'Espagne et l'Italie étant plus au sud, il est naturel que ces pays soient les premiers marche- pieds, enfin que le mot "co-développement" dans l'intitulé même de son ministère est l'aveu qu'il ne croit pas à cette théorie puisqu'il admet ainsi que les vraies causes des migrations sont à rechercher dans les guerres, les dictatures, les misères, les désespérances...
2- Il redit que les clandestins ne peuvent être traités de la même façon que les étrangers qui ont accepté le parcours légal. Et il cite une manifestation symbolique de naturalisation à laquelle il vient de participer à Bobigny.
Nous lui disons que cette frontière qu'il souhaite tracer entre les "bons" et les "mauvais" immigrés est dangereuse à cause des divisions qu'elle souhaite créer et totalement artificielle: on peut être certain que parmi ces français de fraîche date, certains d'entre ont été sans-papiers à leur arrivée en France. En effet on ne choisit pas d'être sans papiers, ce sont des lois injustes et arbitraires qui créent ce déni du droit et vous contraignent à l'être. La circulaire Sarkozy de l'an passé en est le meilleur exemple.
Il n'a rien à répondre à tout cela.
3- Il termine en disant qu'il pas opposé à un réexamen des dossiers au cas par cas et donnera des consignes en ce sens à ses préfets qu'il réunira d'ici deux semaines.
Nous lui disons que la situation de nos amis n'est qu'une addition de cas particuliers et qu'il pourrait ainsi régulariser tout le monde au cas par cas. Il sourit devant tant d'audace reconnaissant que cette présentation est intelligente.
Entre temps, il n'a cessé d'être très attentif et courtois. On sent à nouveau qu'il veut rompre avec cette image d'expulseur qui lui colle déjà à la peau quand il nous relate une rencontre qui l'a fortement ému avec un adolescent dans un centre de rétention italien. Puis il nous demande qu'elle est cette image caricaturale que nous avons de ce gouvernement "comme si nous étions des racistes voulant expulser tous les noirs... Ce n'est pas ça du tout" .
Il demande enfin à son directeur de cabinet s'il a quelque-chose à ajouter.
Ce dernier prend un air attristé pour dire qu'à chaque fois qu'il se rend sur le site RESF (2), il n'y découvre que contre-vérités et insultes. Nous contestons fortement ces affirmations, il nous donne comme preuve le texte d'Emmanuel Terray figurant en page d'accueil de notre site.
L'heure de la sortie a sonné. Il nous raccompagne répétant que nous aurons l'occasion de nous revoir (on se demande bien pourquoi). Nous répondons que de toute façon nous ne jugerons que sur ses actes.
Il me paraît certain qu'il a bien compris notre message principal, soit que nous lui pourrirons sa vie ministérielle tant que cette affaire n'aura pas été réglée. Il sait désormais qu'il peut nous faire confiance pour cela.
C'était là l'essentiel.
Le 20/ 06/ 07, J.M. Bavard 

(1) Nous profitons de ce moment pour lire une plaquette éditée par le Ministère de l'Enseignement professionnel qui occupa un temps ces lieux: nous découvrons que cet hôtel particulier a appartenu à la princesse Louise-Anne de Charolais, on se dit que ce titre fait "beefsteak" et surtout que le Ministère de l'Intérieur s'y installa sans titre de
propriété en 1793, ce jusqu'en 1817 où il l'acheta pour en faire sa demeure jusqu'en 1860, date de l'installation Place Beauvau. Ainsi le Ministère de l'Intérieur fut lui-même pendant deux décennies sans papiers!
(2) Les sites internet sont pourtant comme les émissions télé, on n'est pas obligé de les regarder quand on ne les aime pas.

DECLARATION LIMINAIRE LUE AU MINISTRE HORTEFEUX

 

LORS DE NOTRE RENCONTRE DU 18 JUIN

 

 

 

A- Le résultat des élections qui viennent d’avoir lieu ne signifie pas une adhésion à toutes les propositions de la majorité ; il existe d’autres lieux de démocratie dans la société civile, d’autres majorités  ponctuelles.

 

Pour preuves, RESF, c’est 186 organisations et de multiples collectifs locaux sur tout le territoire ; nous avons animé des dizaines de réunions sur la situation des jeunes scolarisés Sans-Papiers dans les établissements scolaires  et avons toujours recueilli majorité, unanimité même sur nos positions ! Cela dans les milieux les plus divers (voir Vineuil St Firmin dans le 60, petit village bourgeois très largement sarkoziste) ; on ne compte plus les vœux de Conseils municipaux unanimes, de tous bords, demandant leur régularisation.

 

Aussi avons-nous la faiblesse de penser que cette idée est majoritaire dans la population. Elle est de plus totalement légitime.

 

Il nous faut également dénoncer l’intitulé même de votre ministère de “ l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement ”

 

Immigration ET identité nationale c’est forcément voir l’immigration comme un danger, une menace… C’est la stigmatiser avec les risques de dérapages et de divisions que cela entraîne fatalement.

 

C’est encore une rupture avec la volonté issue des présidentielles de 2002 de changer le regard de nos concitoyens pour faire comprendre, au-delà des préjugés et stéréotypes, que l’immigration a enrichi, enrichit et enrichira, dans tous les domaines, notre pays.

 

Nous pensons là, par exemple,  à la décision de créer la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration dont nous nous étions félicités .

 

Nous pensons aussi que ce ministère nuit à l’image de la France (voir les déclarations de Doudou Diène, rapporteur spécial de l’ONU contre le racisme et la xénophobie).

 

 

D’ailleurs et pour ces raisons, certains de nos collectifs étaient plus que réticents à l’idée de cette rencontre. Aussi nous retrouvons-nous totalement dans la déclaration commune à de nombreuses associations dont nous vous remettons une copie.

 

La politique du chiffre avec des quotas réaffirmés par vous-même, le refus de prendre en compte la réalité des jeunes scolarisés, trop souvent les expulsions… ont des conséquences humaines désastreuses…et les solutions réaffirmées, que nous résumerons par le slogan "…ces jeunes et leur famille n’ont pas vocation à rester en France…", ne sont ni acceptables, ni applicables.

 

Nous voulons aussi témoigner de la déstabilisation de ces jeunes mais au-delà déstabilisation de leur famille, de tous les membres des établissements scolaires, de notre société même :

 

Toutes les valeurs républicaines auxquelles nous tenons et qu’il y a urgence à réaffirmer sont ainsi mises  à mal, peu à peu minées… tout comme il devient de plus en plus difficile de les enseigner et les transmettre.

 

Cela est d’autant plus incompréhensible que ces jeunes et leur famille sont parfaitement intégrés. Mieux, notre République, et vous le savez, a besoin de cette jeunesse.

 

Nous sommes donc venus réaffirmer nos revendications qui nous déclinons sous forme de slogans désormais très populaires : “ Pas de chaise vide à la rentrée ! ” “ Laissons-les grandir ici ! ”

 

Cela passe par

 

1) la régularisation de tous les jeunes majeurs scolarisés

 

2) la  régularisation des parents d'enfants scolarisés

 

3) le retour des familles, des pères et des mères ou des jeunes majeurs expulsés

 

4)  le droit de vivre en famille faisant partie de la convention internationale des droits de l'Homme comme de celle des droits de l’enfant,  la levée des obstacles au regroupement familial et, bien sûr, opposition à l'instauration d'obstacles supplémentaires.

 

5) l’abandon des poursuites contre les militants dont le seul délit est la solidarité avec les jeunes et les familles sans papiers. Le débat démocratique ne peut se déplacer sur le terrain judiciaire, il ne peut être envisageable que l’action citoyenne soit de plus en plus pénalisée.

 

6) arrêt des rafles et des interpellations au faciès.

 

 Ce dossier n’a que trop traîné, nous attendons des décisions et des actes pour en sortir par le haut d'un point de vue humain et éthique. Cette période post- électorale est idéale pour des mesures audacieuses qui seraient tout à l'honneur de notre République.

 

 En l’attente nous ne transigerons pas au sujet de ces exigences, nous demeurerons en opposition résolue et ininterrompue à cette politique  et constatons  même une amplification de la résistance à ces mesures.

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TamTam liste de diffusion
des Alternatifs des Alpes-Maritimes
B.P. 2016 - 06101 NICE cedex 2
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