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Mobilisation

6 juin 2006 2 06 /06 /juin /2006 18:27

Candidatures unitaires :

il y a en effet urgence…


Il y a un an la victoire du non au référendum contre le Traité constitutionnel européen traduisait sur le plan politique l’opposition à l’ultra-libéralisme exprimée depuis le milieu des années 90 par les mouvements sociaux ; la campagne pour le non de gauche a limité les partisans du oui à des arguments défensifs et fait passer le « non » nationaliste et réactionnaire au second plan.

Il y a quelques mois, le gouvernement cédant devant la puissance du mouvement réunissant jeunes et salariés devait retirer le CPE dans une ambiance de vaudeville, le Président de la République poussant sa majorité à ne pas appliquer la loi qu’il venait de promulguer. Depuis, l’affaire Clearstram apporte à cette profonde crise de régime l’atmosphère nauséabonde des fins de règne.

Aujourd’hui, par la grâce des institutions de la 5e république aggravées par la décision prise à l’initiative du PS de faire commencer le cycle électoral par l’élection présidentielle, la vie politique est entrée dans la préparation de l’élection la plus antidémocratique de ce système, celle du Président de la république.

Les militantes et militants opposés à l’ultra-libéralisme de la droite et au social-libéralisme de la défunte gauche plurielle ont vécu à travers la campagne du non, puis la lutte contre le CPE, mais aussi celle pour la défense des services publics avec les Collectifs contre l’AGCS, des expériences de lutte unitaires, citoyens et citoyennes, syndicats, associations et organisations politiques mêlées ; la plupart on appris à « tenir leur place » selon la nature de la lutte ; nous commençons à dépasser les vieilles habitudes de la culture hégémonique, et les querelles de pouvoir ou de territoires. Pour aborder l’élection présidentielle et les élections législatives dans la continuité de ces luttes, il faut apprendre à transformer ces expériences en démarche commune. C’est ce qu’ont pensé les signataires de l’appel « Pour des candidatures unitaires ». qui avait recueilli dès septembre 2005 des signatures dans la France entière. Dans cette même logique, les assises des comités du 29 mai viennent d’adopter une charte antilibérale. Enfin un nouvel appel « Il y a urgence » vient de reprendre à son compte cette volonté unitaire.

Les choses avancent donc. Et désormais elles sont plus claires.

Il ne s’agit pas de constituer un « pôle de radicalité » à gauche du PS qui serait une fin en soi, le contrepoids à une influence social-libérale inentamée, mais d’un rassemblement visant à entraîner toute la gauche, des pans entiers du PS compris, sur les positions d’une gauche digne de ce nom ; il ne s’agit pas de témoigner mais de gagner, avec un projet solide et cohérent.

Il est clair que malgré les critiques de fond apportées à la politique de la gauche plurielle, il ne s’agit pas de mettre ses composantes sur le même plan que la droite ; il faudra donc assurer au second tour la défaite de la droite en apportant ses suffrages au candidat de gauche qui restera en course.

Il est clair que le non de gauche constitue le socle de ce rassemblement, non comme un noyau fermé sur lui-même, mais comme une boule de neige qui s’agrège de nouvelles forces en avançant ; ainsi des partisans du oui « de gauche » ont bien participé à la lutte contre le CPE, mais cette lutte s’est faite dans la continuité des orientations portées par le non de gauche et lui seul. Le fait que le « non » de gauche ait été majoritaire dans tous les électorats de gauche est capital : c’est à partir de là que la gauche dans son ensemble peut se ressaisir.

Certes la candidature unitaire à la Présidentielle n’est pas une baguette magique; la crise de la politique vient de loin, elle est profonde, et le mouvement contre le CPE a montré une nouvelle fois que le mouvement social, jaloux avec raison de son indépendance et peu soucieux d’être payé de grands discours, demande autre chose que des bonnes paroles de la part de la gauche. Il y aura un long et difficile travail à faire pour retrouver la confiance des milieux populaires. Mais pour ce faire il faut arracher la gauche à la domination social-libérale et l’on n’y parviendra qu’en créant un rapport de force, interne à la gauche, qui exprime publiquement l’influence aujourd’hui grandissante des forces, organisées ou non, qui se retrouvent dans les combats contre la précarité, contre l’AGCS, contre le racisme, pour le féminisme… La candidature unitaire à la Présidentielle n’est pas le tout du combat, elle en est le passage obligé. Elle exige de mettre le projet au premier plan et de faire de la politique autrement, dans les actes et pas seulement dans les discours. Alors que cette élection s’inscrit dans un cadre anti-démocratique, il est décisif de privilégier le travail en équipe pour incarner une alternative, et d’imaginer une candidature limitée à la simple fonction de porte-parole de ce travail d’équipe. Une équipe pluraliste, paritaire et représentative des multiples engagements associatifs, syndicaux et politiques qui ont fait la force et la richesse du « Non » de gauche. Et cela vaut bien sûr pour les législatives et en tenant compte des situations locales, qui pour certaines, comme à Nice, débordent déjà le cadre et les orientations de la gauche plurielle, pour les municipales.

Cette priorité politique n’interdit pas des initiatives unitaires de toute la gauche, comme c’est le cas en ce moment dans les débats publics qu’elle organise dans toute la France, malgré la défection regrettable de la LCR ; ainsi dans notre département le PCF, les Alternatifs, le PS, le MRC et le PRG appellent à débattre de thèmes tels que le « vivre ensemble » ou la démocratie. Elle exige simplement que les choses soient claires et que les différentes initiatives soient bien identifiées.

L’essentiel reste qu’un an après leur victoire commune, les forces du non de gauche qui se retrouvent déjà et de longue date dans les combats quotidiens mettent leurs forces à la disposition du rassemblement pour des candidatures unitaires Ensemble, nous mènerons cette démarche jusqu’au bout de la façon la plus démocratique possible et 2007 pourrait alors marquer une date dans une nouvelle page de l’histoire de la gauche.


Marcelle Monzéglio. Romain Testoris, le 6 juin 2006

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