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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 07:38


ENERGIE - Six raisons de dire non

à la privatisation de GDF 


LE POINT DE VUE DE MARC-PHILIPPE DAUBRESSE ET DOMINIQUE PAILLÉ



La présentation récente de plans alternatifs au projet gouvernemental de privatisation de GDF en vue de sa fusion avec Suez n'est que la prolongation des états d'âme d'une grande partie de la majorité pour ne pas parler de l'expression de son profond désaccord avec ledit projet. Pour ce qui nous concerne, le refus de ce texte qui sera présenté en septembre à l'Assemblée nationale se fonde sur six raisons essentielles.


Le respect des engagements solennels pris à travers la loi du 9 août 2004 de ne pas descendre sous la barre des 70 % la part du capital de l'Etat dans GDF est la première de ces raisons. A l'heure à laquelle la crédibilité des politiques est souvent raillée, il nous semblerait particulièrement malvenu de renier une parole donnée au peuple au moins pour l'actuelle législature et alors même que rien ne le justifierait. La menace éventuelle d'une OPA sur Suez, entreprise franco-belge à l'actionnariat volatil, n'est pas une raison suffisante, à chaud, pour modifier un vote récent et unanime à droite et au centre. L'histoire de Mittal-Arcelor incline par ailleurs en ce domaine, à une très grande lucidité.


Nous sommes, en deuxième lieu, soucieux d'assurer l'indépendance énergétique de notre pays. La privatisation de GDF et sa fusion avec Suez ne la garantiraient en rien. Loin de créer un géant du gaz, la fusion n'entraînerait qu'un grossissement de 25 % de GDF dans la distribution et guère plus dans le stockage et le transport. Croire que le nouveau groupe pourrait ainsi peser sur les prix d'achat auprès des producteurs est une douce illusion ou un argument fallacieux. Seules des prises de participation dans des gisements ou la mise en oeuvre d'une sorte de coopérative d'achat à l'échelle européenne pourraient peut-être faire bouger réellement les lignes en ce domaine de la sécurité des approvisionnements. Pis, le nouveau groupe fusionné ne serait pas à l'abri d'une OPA hostile. Gérard Mestrallet n'a pas pu d'ailleurs démentir cette hypothèse lors de son audition devant la commission économique de l'Assemblée. C'en serait alors terminé de cette notion d'indépendance qui nous est chère.


Nous sommes, par ailleurs, soucieux des tarifs appliqués à nos concitoyens. La part du poste énergie dans le budget des ménages n'a cessé de croître ces dernières années, et ce malgré une maîtrise raisonnée des tarifs de GDF qui, en tant qu'entreprise publique, peut s'abstraire pour partie de la recherche de la profitabilité maximale. Cette situation bénéfique pour nos concitoyens clients disparaîtrait totalement dès la constitution du nouveau groupe privé.


Quatrième raison : la situation des personnels de GDF en grande partie communs à EDF poserait, de réels problèmes en cas de fusion. Au-delà du choc « culturel » ainsi créé, la recherche de la meilleure rentabilité se traduira à court terme, et quelles que soient les dénégations actuelles, par une compression rapide des effectifs.


Même sans OPA hostile sur le nouveau groupe, la fusion ne mettrait pas Suez à l'abri du démantèlement d'une partie de ses activités, soit à la demande de la Commission européenne - et on peut, à cet égard, être pour le moins surpris que le gouvernement veuille faire voter une loi sans attendre l'avis définitif de Bruxelles -, soit tout simplement parce que le nouveau groupe se concentrera inévitablement sur son nouveau coeur de métier, l'énergie, en se départissant de ses activités environnementales.


Enfin, cette fusion aurait des conséquences indirectes sur EDF en lui créant un nouveau concurrent dans l'électricité. Or, dans un contexte dans lequel l'entreprise publique a besoin de liquidités pour assurer le démantèlement de certaines centrales et le renouvellement de son parc, cette situation entraînerait inévitablement une pression forte se traduisant à l'évidence par une hausse des tarifs au détriment des consommateurs nationaux.


C'est pourquoi, face à un projet qui ne répond qu'à une préoccupation évidente, voler au secours d'une entreprise privée, Suez, en privatisant un groupe public pour la renforcer, alors même que ce dernier est un bien collectif de tous nos concitoyens, nous préférerions un rapprochement entre GDF et EDF. Ce rapprochement pour créer un vrai pôle énergétique public et pour développer une offre durable est à même de renforcer notre indépendance et de permettre de conserver une vraie maîtrise tarifaire. Les synergies entre les deux entreprises sont nombreuses et leur histoire commune plaide pour la constitution de cette grande entité de l'énergie, tout à fait compatible avec le règlement européen sur les concentrations, dès lors notamment que les deux tiers de son activité seront réalisés sur le territoire national.


Eluder cette hypothèse et ne focaliser que sur l'avenir d'une société privée franco-belge, Suez, serait manquer, en tant qu'élu national, à un simple devoir de clairvoyance. Si EDF ne fusionne pas avec GDF, il sera de toute manière obligé de céder des capacités de production pour diminuer sa position dominante actuelle. Nous aurons alors perdu sur tous les tableaux.


MARC-PHILIPPE DAUBRESSE est ancien ministre, député (UMP) du Nord,

DOMINIQUE PAILLÉ est député (UMP) des Deux-Sèvres.

La rédaction web des Echos - 4 août 2006

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commentaires

W
Nous vous remercions de l'information.On pourrait ajouter l'hypocrisie d'un certain Sarkozy ( tiens ça rime) qui fait mine de s'opposer et qui vote la privatisation sans état d'âme.Nous n'avions pas d'illusions, même si avant le débat, tout ce qui pouvait contrer le projet de privatisation et développait des contradictions au sein de l'UMP, allait dans le bon sens.
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E
<br /> Bonjour, <br /> Je vous invite à prendre connaissance de mon dernier article publé sur mon blog http://www.ericmielke.net et intitulé <br />  <br /> « Adoption de la privatisation de GDF par les seuls députés UMP : certains élus du Nord avaient bombé le torse, ils ont oublié de passer à l’action ce jour… » et notamment un certain député de la quatrième circonscription du Nord et ancien Ministre du Logement Marc-philippe DAUBRESSE qui malgré ses déclarations publiques contre la privatisation de GDF n'a pas participé au vote.<br />  <br /> et à réagir sur celui-ci <br />  <br /> Amicalement<br /> Eric MIELKE<br /> Email : emielke@nordnet.fr<br /> Tél : 06 80 96 45 09<br />
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