Intervention de Jean-François TEALDI
au titre de grand reporter de l'Audiovisuel Public, responsable syndical
et membre du Conseil national de campagne de Marie-George Buffet (PCF)
Chers amis, chers camarades,
Je suis ici ce soir en tant que citoyen, en tant que syndicaliste national de campagne de Marie-George Buffet, et en tant que communiste.
Je suis ici en toute lucidité concernant le pacte présidentiel, qui, à notre sens, ne remet pas en cause le capitalisme et les fondements de l’Europe libérale, tel que l’auraient souhaité les communistes.
Mais si je suis ici ce soir, c’est que contrairement à certains camarades, je sais que les smicards, ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois, les habitants des cités populaires, les chômeurs, ne peuvent pas se permettre d’attendre le « grand soir », qui a ma connaissance, n’est pas programmé pour le 7 mai.
Je suis ici parce que, de la génération de Mai 68, ce grand moment de mobilisation populaire et d’explosion des libertés, que Sarkozy veut « liquider une fois pour toute », comme il l’a dit à Bercy.
Je suis ici parce qu’après avoir battu depuis cette date les états UDF, RPR, je ne veux pas d’un Etat-UMP, qui contrôle déjà l’Assemblée, le Sénat, le Conseil Constitutionnel et le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.
Je ne vous cacherais avoir été déçu par les propos d’hier soir.
Nous aurions aimé des engagements plus forts sur un SMIC à 1500 Euros, sur la construction de 600 milles logements sociaux indispensable ; sur l’inégalité des élus ne respectant pas la loi SRU ; sur le droit des immigrés ; sur le refus des expulsions locatives ; sur l’accroissement des droits syndicaux dans les Comités d’entreprises ; l’engagement d’initiatives pour une paix juste et durable au Proche Orient.
Ceci afin que la gauche pratique une vraie politique de gauche et ne désespère pas une fois de plus … Billancourt !
Ce qu’il ne supporte pas dans Mai 68, c’est 10 millions de grévistes qui occupent les entreprises, l’ORTF en grève, les AG dans les bahuts et dans les facs, Grenelle et l’augmentation de 30 % du Smic en quelques heures, la reconnaissance des sections syndicales d’entreprises.
Et après Mai 68, liquidera t-il aussi le Front Populaire, ses 40 heures et ses congés payés ?
Oui décidément Sarkozy est dangereux.
Je suis ici parce que je ne veux de la France de Sarkozy et du Medef. Cette société d’injustice sociale, de remise en cause de tous les acquis du monde du travail, de division entre bons Français et mauvais immigrés, de cette stigmatisation des banlieues. Cette France à genoux devant Bush sur la scène internationale.
Si Sarkozy est élu, ce sera dès lundi encore plus dur pour ceux qui ne vivent que de leur travail. Sarkozy c’est le candidat de la mise en concurrence de tous contre tous. Sarkozy c’est le candidat de la casse de la protection sociale, des services publics. C’est le candidat de la précarisation et de la finance. Son seul mot d’ordre, c’est « travaillez plus, usez-vous plus et plus longtemps ».
Sarkozy c’est l’homme des lois liberticides ! C’est le Ministre des expulsions. Il restera dans l’histoire comme l’homme qui a banalisé, ce que la droite républicaine avait toujours refusé depuis la Libération, il a banalisé les idées d’extrême-droite. Il a étendu au plan national les passerelles entre la droite et l’extrême-droite établies depuis longtemps dans les Alpes-Maritimes, de Médecin à Peyrat.
Son bilan dans ce domaine ? Après cinq ans des gouvernements Raffarin - Villepin, où il était le numéro deux, seize des trente propositions de Le Pen sont appliquées tout ou en partie dans les textes législatifs ou réglementaires. Leur bilan ? C’est qu’aujourd’hui 26 % des Français sont d’accord avec les idées de Le Pen. Ils ont recyclé et blanchi le plus nauséabond de l’extrême-droite.
Oui Sarkozy c’est la France de la rupture dans ce qu’elle a de meilleur. Cette France de solidarité dont dans la Ville de Nice, nous savons ce que cela signifie depuis Garibaldi, puisque ici nous sommes tous des enfants d’immigrés.
Nul doute, comme il l’a dit récemment, qu’il se sentira diffamé, insulté, victime de mensonges, de procès staliniens et nous traitera peut-être de fascistes, comme il l’a fait à Clermont Ferrand.
Pourtant son bilan l’accuse. Depuis 5 ans, Sarkozy et l’UMP, c’est la casse du Code du Travail, le CNE, la retraite portée à 42 ans de cotisations, les radiations administratives de l'ANPE, le travail de nuit à 14 ans, les opérations coup de poings où les caméras sont convoquées le fossé creusé entre la police et les citoyens, la mise à feu des banlieues.
Un bilan accablant qui se double d’attaques contre la presse et la liberté d’expression.
A Bercy il a fustigé la grande héritière de Mai 68 qui est dans les médias et qui n’aime pas la République.
- Menaces de virer la Direction d’une chaîne publique de l’audiovisuel pourtant peu critique à son égard ;
- Eviction d’un patron de l’information d’un grand magazine, Paris Match appartenant à l’un de ses proches ;
- Lettre à la direction du Monde, dirigé par son ami Minc, pour se plaindre du dessin de Plantu, faisant un parallèle avec le Pen ; Menacé par son successeur ; une première depuis les années 80 de Pasqua ;
- Obtention du retrait du site WEB d’une chaîne publique à propos d’un tabassage de jeunes des banlieues;
- Mise à l’écart d’un journaliste du Figaro-Magazine passé aujourd’hui à Marianne parce qu’il n’était pas assez complaisant
- Coups de téléphone au PDG de chaines de l’audiovisuel public pour s’assurer qu’un de ses soutiens fraîchement ralliés conserve sa chronique à la rentrée
- Refus de débats contradictoires avant le 1er tour, refus de débattre avec Ségolène Royal et Bayrou en vue du second tour, osant même qualifier de « devoir de démocratie, de petite combine, de « bavasseries » peu conformes à l’esprit des institutions », le débat organisé avec courage par RMC et BFM, alors que le Service Public et Canal+ avaient renoncé.
Alors peu importe qu’il ait ou non fait pression sur la Presse Quotidienne Régionale. Ses amis Bouygues, Lagardère, Dassault et Arnaud sont là pour veiller au grain dans les médias qu’ils possèdent !
Glucksmann à Bercy, parle de Sarkozy comme de celui qui aurait rétabli les droits de l’homme !
Sarkozy n’a que le mot de liberté en bouche : libérer le travail, démocratie sociale, choix de travailler plus, choix du départ en retraite, liberté pour les universités ……
Mais comment 20% du monde ouvrier peut-il s’être laissé prendre à ces discours et voter Sarkozy ?
Lui qui déclarait, après que 200 000 salariés aient manifesté le 1er mai, avec pourtant le badge « Stop Sarko », le calendrier politique ne doit pas être bafoué par le calendrier syndical
S’il est élu dimanche, comme l’a rappelé Fillon dans les Échos : « Nous allons Faire évoluer les règles. Les syndicats ne doivent pas s’imaginer que le lendemain du scrutin, tout repartira comme avant, avec les méthodes d’avant. Ils devront épouser les évolutions de la société telles que cette élection les aura dessinées ».
Sarkozy a encore été plus clair : « Il faudra en finir avec la dictature des minorités, les erreurs et l’immobilisme des syndicalistes et arrêter de prendre les Français en otage ».
Fillon l’a annoncé, le Conseil des Ministres légifèrera avant les législatives, dès le mois de juin :
Contrat de travail unique, avec période d’essai de deux ans et licenciement sans motif et sans plan social. Sarkozy a affirmé : « Je ne transigerai pas sur le fait qu’on puisse licencier sans explication » ;
Suppression des dispenses de recherche d’emploi et radiation des droits après deux refus ;
Défiscalisation des heures supplémentaires, fin des 35 heures et creusement du trou de la sécurité sociale ;
T.V.A. sociale de 3 à 5 points ;
Franchise maladie évolutive, d’un montant identique pour tous, menaçant les plus modestes et le tiers-payant ;
Limitation du droit de grève, avec référendum au bout de 8 jours, service minimum, que même la très droitière patronne de la SNCF juge inutile ;
Possibilités de candidatures aux élections professionnelles de listes non-syndicales, ce que réclame depuis des lustres le Medef ;
Non remplacement d’un fonctionnaire sur deux ;
Ouverture du Financement des Universités aux entreprises !
Nouvelle Constitution Européenne sans demander l’avis des Français.
Comme le disait Bernard Thibault : « Ce que propose Sarkozy, c’est la négociation le revolver sur la tempe ».
Oui Sarkozy c’est le candidat des patrons : 9 620 ont voté pour lui ; Sarkozy c’est le candidat de ceux qui gagnent plus de 4 500 € par mois à 55 % ; ceux qui habitent Cimiez à 61 % ; St-Jean Cap Ferrat ou Beaulieu à 60 % !
Ce n’est pas le candidat de ceux qui souffrent !
Syndicaliste, je sais que pour nous, la négociation ne se déroule pas de la même manière si la gauche ou la droite gouverne.
Chers Camarades,
20 % des électeurs peuvent encore changer d’avis ;
29 % des chômeurs, 30 % des 18/24 ans, 20 % des 25/34 ans se sont décidés le jour même du vote au 1er tour.
Alora, Viva Nissa Rebela !
Il nous reste 48 heures pour battre Sarkozy, 48 heures pour non seulement élire une présidente, mais faire aussi le choix d’une société solidaire.
C’est pourquoi comme le disait Marie Georges Buffet dès 20 heures 15 le 22 avril : « J’appelle sans hésitation tous les communistes, toutes les Femmes et Hommes de gauche, tous les antilibéraux, tous les démocrates, à voter Ségolène Royal
Jean-François Tealdi