au Président de la République
Lettre ouverte au Président de la République Française
Copie au ministre des affaires étrangères,
Copie à la commission de Bruxelles,
Nice, Lundi 10 avril 2006
Monsieur le Président,
Les ministres des affaires étrangères européens viennent de confirmer la décision de la Commission européenne de suspendre toute aide à l’autorité palestinienne qu’elle soit communautaire ou bilatérale.
Cette décision sera lourde de conséquences. Elle vient compléter un dispositif israélo-américain qui pourrait conduire à l’effondrement de l’autorité palestinienne. L’arrêt de l’aide européenne arrive après celui de l’aide américaine et après plusieurs mois de rétention par Israël des taxes douanières dues à l’autorité palestinienne et après plusieurs jours de blocus de la bande de Gaza empêchant l’arrivée de l’aide alimentaire et médicale et faisant craindre une catastrophe humanitaire.
Cette décision ne peut être perçue que comme un chantage et une complicité avec l’occupation israélienne lorsqu’elle exige du peuple sous occupation de renoncer à son droit à la résistance contre l’occupant -droit inaliénable et légitime, reconnu en droit international- alors même que la majorité des mouvements palestiniens observent une trêve unilatérale depuis plus d’un an et alors même que l’occupation israélienne n’a cessé de commettre des crimes de guerre contre la population palestinienne.
S’agissant d’Israël, l’état occupant en Palestine, l’union européenne ne formule aucune exigence, concernant ses violations du droit international et du droit humanitaire, allant des exécutions extrajudiciaires, à la colonisation massive. Pourtant, dans les accords de coopération passés par l’UE il existe des règles de suspension de ces accords lorsque le pays concerné ne respecte pas les droits humains.
- Israël viole systématiquement et ouvertement les droits humains en Palestine, refuse d’appliquer la Quatrième Convention de Genève qui protège les populations sous occupation, et dont il est signataire,
- Israël bafoue la Cour Internationale de Justice de La Haye qui a déclaré, le 9 juillet 2004, l’illégalité du mur d’annexion,
- l’Assemblée Générale de l’ONU a approuvé les recommandations de la CIJ, votées unanimement par les 25 Etats de l’Union européenne,
et alors qu’une pression efficace de l’UE, en application du droit, sur l’Etat israélien aurait pu, depuis longtemps, faire avancer la paix dans cette région, à aucun moment l’UE n’a exigé de l’Etat d’Israël qu’il se conforme aux règles du droit international, ni exercé la moindre sanction.
En fait, elle exige du Hamas ce qu’elle se refuse à exiger d’Israël, pourtant partie occupante, en l’occurrence, la reconnaissance de l’Etat d’Israël, le respect des accords signés et l’arrêt de la violence.
L’Association France- Palestine Solidarité 06
- Dénonce cette politique de punition collective inique qui inverse la responsabilité entre l’occupant et l’occupé.
- Met en garde contre la catastrophe humanitaire qui ne peut qu’en découler, et contre les risques de violence qui peuvent en résulter dans une population épuisée, acculée au désespoir.
- En appelle au sens politique et de justice des responsables politiques européens.
- En appelle au gouvernement français qui s’est longtemps honoré d’être un partenaire pour la paix, un garant du droit et un ami du peuple palestinien.
- Exige que le droit international soit enfin appliqué en Palestine et en Israël.
- Exige que l’UE, respectant ses engagements, poursuive l’aide économique qui permet au peuple palestinien de survivre.
Safwan Qasem
Président de l'Association France-Palestine Solidarité 06