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12 novembre 2006 7 12 /11 /novembre /2006 19:39
Le service citoyen volontaire
de Sarkozy

par Christophe Grébert pour Agoravox

Nicolas Sarkozy utilise les Hauts-de-Seine pour tester sa dernière grande idée : la constitution de groupes de "citoyens volontaires" pour aider les forces de l’ordre à assurer la sécurité publique ! Après le SAC (service d’action civique) de Charles Pasqua, il y aura désormais le SVC (service volontaire citoyen) du ministre de l’intérieur, président de l’UMP et président du Conseil général des Hauts-de-Seine.

La maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, suppléante de Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale, s’est aussitôt empressée de publier dans le magazine municipal ("Puteaux infos" d’octobre 2006, p. 59) un appel au recrutement de ces "citoyens volontaires de la police nationale". Ceux-ci seront des bénévoles recrutés "à l’issue d’un entretien et d’une enquête administrative". Ils pourront participer "à des actions de soutien et de renforcement de l’autorité parentale, d’accueil et de suivi des victimes, de prévention, de médiation et d’explication de la loi dans le cadre de structures scolaires". Les postulants sont invités à retirer un dossier d’inscription au commissariat de Puteaux.

Je vous propose de surveiller très attentivement la mise en place de cette mesure à mon avis dangereuse pour plusieurs raisons.

Pourquoi, premièrement, faire appel à des "bénévoles" pour assurer la sécurité publique ? L’Etat n’a-t-il plus les moyens de le faire ? Il y a déjà la police et la gendarmerie, mais aussi les polices municipales, les adjoints de sécurité, les médiateurs, etc. Pourquoi ce nouveau statut ?

Sur quels critères seront recrutés ces bénévoles ? Qui décidera de leur intégration ou de leur non-intégration ? Qui contrôlera ce recrutement, ainsi que l’exécution des missions de ces "volontaires" ? Qui fera le bilan de cette expérimentation ? Le ministre de l’intérieur lui-même ?

A quelles informations auront accès ces "bénévoles" qui - parce que simples "citoyens volontaires"- ne seront soumis - contrairement aux fonctionnaires - à aucune obligation de réserve ou de confidentialité : la CNIL a déjà repéré le danger en voulant s’assurer que "les personnes agréées pour le service volontaire citoyen de la police nationale n’accéderont pas, dans le cadre de leurs fonctions, aux traitements, automatisés ou non, de données à caractère personnel de la police nationale". Autrement dit, comme s’assurer que ces "volontaires" n’auront pas accès aux données personnelles : adresses, fichier des immatriculations, casier judiciaire...

Quels moyens humains ont été prévus pour la mise en place de cette mesure ? Les "volontaires" seront-ils systématiquement et en permanence encadrés par des policiers ? On nous dit que ces "volontaires" recevront une "information" avant leur première mission, portant "sur le cadre institutionnel, partenarial et juridique de l’action policière". Avant chaque mission, le "volontaire" recevra aussi une "information opérationnelle" sur "les objectifs attendus et les méthodes". Qui dispensera ces "informations" ? Des policiers ? Cela veut-il dire que des gardiens de la paix passeront leur temps à assurer des formations, au lieu d’accomplir leurs missions normales ?

Un véritable temps de "formation", de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, ne serait-il pas plutôt nécessaire pour remplir des missions complexes, qui demanderont des connaissances légales pointues et des capacités psychologiques importantes, puisqu’elles concerneront -nous dit-on- l’"autorité parentale", le "soutien des victimes" ou bien encore "l’explication de la loi" aux jeunes ?

Face à l’échec de ses méthodes au ministère de l’intérieur, Nicolas Sarkozy met en place dans les Hauts-de-Seine, et donc à Puteaux, des mesures qui par leur impréparation, leur démagogie et l’absence de moyens dégagés, risquent de provoquer plus de problèmes que d’en régler. Dans une ville comme Puteaux, je vois bien le danger de la création d’un tel groupe de "citoyens volontaires" qui pourrait rapidement se transformer en "milice privée". Imaginez le profil des gens qui vont se proposer !
Plus que jamais, la surveillance citoyenne est effectivement nécessaire, mais pour s’opposer à cette politique de "rupture" qui est en réalité une politique de "démolition" des principes démocratiques et républicains.

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