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11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 17:11
Face aux médias
revanchards du Oui

Par Jean-Luc Mélenchon

Je vous propose d'écouter, en allant sur cette page du site de RTL (une fois sur cette page il suffit de cliquer sur le débat concerné pour l'écouter) , le débat radio auquel j'ai participé hier soir avec le journaliste de Libération Renaud Dély, auteur de son livre intitulé " Les Tabous de la gauche". Dans cet ouvrage aux allures de pamphlet contre le Non de gauche et d'hagiographie de la sociale-démocratie, M. Dély prétend expliquer à la gauche et au PS ce qu'il faudrait faire pour gagner les élections. Le tout drapé dans sa pseudo neutralité de journaliste. Ecoutez ce débat qui en dit long sur l'esprit de revanche sur le Non qui anime les médias dans leur soutien à la candidature de Ségolène Royal. Je vous livre en plus ci-après une petite analyse de cet incroyable ouvrage.

Ce livre affirme dès le début son intention d’ « aider la gauche » à garder plus durablement le pouvoir. Bien qu’écrit par un journaliste, il opte donc délibérément pour un point de vue politique, et s’inscrit d’emblée dans une famille de pensée de la gauche : « la social-démocratie, le réformisme » tel que nous le connaissons en Angleterre ou en Allemagne. Dès l’introduction, l’auteur affirme en effet que « c’est à la social-démocratie, au réformisme, de rendre la vie en société supportable ». L’auteur affirme ensuite à plusieurs reprises que la gauche française doit « accéder à l’âge adulte du réformisme » (page 93) et « rompre avec le mythe de la rupture » (page 108), ou encore « relativiser le Graal des classes populaires ». D’emblée, l’auteur disqualifie à l’inverse « l’autre gauche », qu’il appelle « la gauche messianique et radicale », en la qualifiant d’ « imaginaire et d’inutile ».

Dès cette introduction, ce livre a donc un parti pris idéologique très prononcé. Sous couvert d’être une analyse d’un journaliste observateur, il se révèle en fait comme un plaidoyer pour la social-démocratie blairiste. Le livre est d’ailleurs une succession de références directes ou indirectes à des auteurs et responsables politiques bien connus, notamment Alain Bergounioux, cité abondamment et à toutes les sauces, ou encore Laurent Baumel ou Joël Roman de la revue Esprit. On retrouve ainsi à longueur de pages (et surtout de copier/coller) tout un logiciel idéologique parfaitement connu des débats socialistes (société fragmentée où les classes ont disparu, fin des cycles de 1917 et d’Epinay, …). Par ces références omniprésentes, mais aussi par l’étrange aversion personnelle qu’il distille à longueur de pages contre certains responsables socialistes (moi-même, Emmanuelli et Fabius, cf. pages 77 à 81), ce livre ressemble plus à un pamphlet du débat interne du PS qu’à l’analyse raisonnée et argumentée d’un observateur de la vie politique.

Le livre regorge d’ailleurs de sentences idéologiques à l’emporte pièces : page 52, on apprend que « l’Etat jacobin et l’Etat providence sont dépassés ». Sans parler des jugements politiques les plus partiaux et catégoriques, notamment sur le 29 mai 2005. Ainsi le 29 mai 2005 est d’abord mis sur le même plan que le 21 avril 2002 et participerait du même « cycle populiste ». La victoire du Non est carrément décrite comme un « carambolage », « l’évènement le plus terrifiant de l’histoire de la gauche », un « épisode glaçant ». Les motivations du vote sont analysées comme étant complètement étrangères à la question posée : chômage, fracture sociale, rejet de Chirac … La campagne référendaire est décrite comme « d’un niveau préhistorique ». La gauche du Non est carrément accusée de s’être « vautrée dans un nationalisme suranné, teinté de xénophobie ». Les « promesses nonistes » sont qualifiées d’ « attrape gogos pour électeurs craintifs ».

L’obsession du livre : s’aligner sur le « réel »

Toute la problématique du livre tourne autour de l’idée que la gauche française aurait un problème avec la réalité et la vérité.
La gauche française échoue parce qu’elle est « incapable de se mettre à l’heure du monde réel qui l’entoure ». Derrière la charge contre la gauche française, c’est en fait le peuple lui-même qui est souvent visé pour son manque de lucidité. Ainsi : « Le résultat du référendum sur la constitution européenne démontre qu’une bonne partie de l’électorat n’a pas encore une claire conscience de l’état du monde dans lequel il vit. »

Principal problème de ce livre : il raisonne en vase clos sur la gauche française. Il fait comme si existait à l’extérieur un modèle de gauche qui réussit naturellement (la social-démocratie) et que la gauche française était incapable de s’y convertir. « La social-démocratie a en France quelques siècles de retard sur ses homologues étrangères » page 115.
Pour le livre, Tony Blair est forcément un modèle parce qu’il a gagné trois fois les législatives. Quant aux critiques à son encontre, elles sont immédiatement suspectes sont suspectes d’ « anglophobie rampante ».

Alors qu’il prétend ramener la gauche dans le réel, le livre mythifie complètement la sociale démocratie internationale, celle de « l’Allemagne, la Grande-Bretagne et de la tradition nordique où le terme de social démocrate fait partie de l’essence même de la gauche » page 117.
Cet incroyable ouvrage passe ainsi entièrement sous silence l’impasse stratégique de la social-démocratie en particulier dans les pays qui l’ont vu naître et prospérer :
- blairisme qui a consolidé un véritable apartheid social en Angleterre (12 millions de pauvres, retraite à 67 ans …)
- SPD allemand qui finit par gouverner avec la droite pour détruire les fondements même de l’Etat social qu’il avait contribué à ériger
- Social-démocratie suédoise qui connaît sa plus lourde défaite depuis 1928, face à un parti conservateur qui prétendait être « le nouveau parti des travailleurs » dans la campagne électorale.
Sans parler de l’Amérique latine où la stratégie sociale-démocrate d’accompagnement du libéralisme conduit tous ceux qui s’en réclament à la débâcle électorale et sociale.

Le livre insiste lourdement sur la fin du cycle communiste et révolutionnaire qui aurait été ouvert en 1917. Mais il ne voit pas que la stratégie social-démocrate est autant dépassée. Conçue dans le cadre national dans une logique de prises d’avantages face au capitalisme productif, elle ne fonctionne absolument plus à l’heure du capitalisme mondialisé. En accompagnant le système, elle ne tire plus aucun profit pour le plus grand nombre et accélère au contraire la paupérisation et le recul de la citoyenneté. Et son impuissance à penser autre chose que des vieilles formules d’accompagnement du capitalisme facilite le travail de l’extrême droite quand elle prétend être l’alternative aux conséquences du libéralisme.

http://www.jean-luc-melenchon.fr/article/blogview/135/1/1/

 


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9 octobre 2006 1 09 /10 /octobre /2006 00:33
Le PCF remet en cause
le dogme du tout-nucléaire


l s'agit de trois petites phrases au milieu de 119 propositions pour 2007. Le document "Ce que nous voulons", programme commun de la gauche radicale, recèle une surprise pour les militants du PCF. Pour la première fois, ses dirigeants acceptent la remise en cause d'un dogme : le tout nucléaire.

Dans le catalogue des mesures que devrait prendre un gouvernement "vraiment de gauche", imaginé par le Collectif national pour un rassemblement antilibéral, le chapitre consacré au nucléaire explique que, pour trancher le différend entre sortie du nucléaire et maintien d'un nucléaire sécurisé, "un référendum populaire" sera organisé à l'issue d'un "débat national sur la politique énergétique". Pendant la durée de ce débat public - pas moins de deux à trois ans, reconnaissent les intéressés -, "un moratoire sur la construction de tout nouveau réacteur" sera décrété. En clair, le sort du réacteur EPR est suspendu à cette consultation. Mieux encore, la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne de l'Hexagone, "sera fermée" car "elle ne garantit pas la sécurité des conditions de travail et de vie des populations", précise le texte.

Le compromis, poussé par Francine Bavay, vice-présidente de la région Ile-de-France, a été bouclé en tête-à-tête avec Patrice Cohen-Seat, proche conseiller de Marie-George Buffet. Les écolos voulaient pouvoir démontrer leur influence en faveur de solutions "durables" sur un des points de désaccord entre les partisans de la candidature unitaire. Les communistes étaient prêts à faire un bout de chemin pour faire la preuve de leur virage "écolo", entamé à leur congrès du Bourget en mars. Yves Salesse, président de la Fondation Copernic et artisan de la première version, a laissé faire.

"Nous sommes convaincus que le nucléaire n'est plus la solution unique. C'est une question qu'on ne se posait pas il y a dix ans", reconnaît Alain Hayot, membre de l'exécutif responsable du développement durable. "C'est un pas énorme, se réjouit Mme Bavay. Accepter de fermer une centrale, c'est déjà un début de sortie du nucléaire."

Le débat risque cependant de rebondir à l'intérieur du PCF. Le changement de ligne a été en effet décidé par la direction seule. Les tenants de la tradition, dont beaucoup sont proches de la fédération énergie de la CGT ou des cadres CGT, pourraient vite réagir. En particulier, les opposants à la direction comme Denis Cohen, proche de Robert Hue, ou les "orthodoxes" comme Nicolas Marchand qui ne devraient pas manquer de stigmatiser une fois de plus les "dérives programmatiques" de la direction du parti et le danger de dérouter les militants. Au siège du PCF, place du Colonel-Fabien, on fait mine de ne pas s'inquiéter."Les communistes ont compris qu'on ne pouvait plus imposer à la société ce qu'elle ne veut pas", assure de son côté le rénovateur Pierre Zarka. Le texte doit être avalisé par les représentants des collectifs lors d'une réunion à Paris les 14 et 15 octobre.


Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du Monde du 08.10.06
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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 23:30

MOTION PRESENTEE AU CONSEIL D'ADMINISTRATION DU 9 OCTOBRE 2006 PAR LES ELUS DE LA FSU ET DE LA FCPE AU
LYCEE JEAN AICARD HYERES (83)

Le projet de loi dit de prévention de la délinquance va être discuté prochainement à l'Assemblée Nationale. Il a déjà été adopté par le Sénat le 21 septembre dernier.

L'article 9 du texte de loi concerne plus particulièrement l'Education Nationale. Il comporte des dispositions inquiétantes pour le respect des libertés et de la vie privée des élèves et de leur famille.
Un fichier sera créé en mairie sur des données personnelles des enfants scolarisés, alimenté par les informations de l'inspection académique, transmises par les établissements, et de la CAF.
Le maire sera également informé par les chefs d'établissements scolaires des exclusions temporaires ou définitives, des abandons en cours d'année.
Par ailleurs, lorsqu'un chef d'établissement saisira l'inspecteur d'académie pour que ce dernier adresse un avertissement aux parents, le maire en sera informé.

Nous sommes très inquiets des conséquences qui résulteraient de l'application de ce texte pour les libertés fondamentales des familles et de la plupart des élèves.

Nous soulignons également le risque d'incompatibilité entre les démarches éducatives et citoyennes de l'Ecole, fondées sur le dialogue, l'apprentissage progressif de la vie en société, le respect de chacun, l'ouverture aux autres, la confiance, et des mesures de nature policière fondées sur la méfiance envers les jeunes et la renonciation à les aider face aux difficultés qu'ils peuvent rencontrer.

Nous nous adressons à l'ensemble de la communauté scolaire afin qu'elle mesure les aspects négatifs et dangereux de ce texte de loi.

Nous demandons que M. le Proviseur informe l'ensemble des personnels, des élèves, et des familles, des modalités d'application de cette loi, au lycée Jean Aicard, si elle devait être adoptée en l'état, afin que chacun soit en mesure de prendre ses responsabilités face à une telle atteinte aux libertés.

Nous invitons l'ensemble des membres du Conseil d'Administration à soutenir cette motion.
 
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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 23:27


En une dizaine de jours nous sommes plus de 6000 citoyens de ce pays à réclamer une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur le déroulement de la régularisation du 13 juin 2006.
Nous réclamons cette commission parce qu'il y a eu une évidente iniquité et inégalité de traitement des familles.

Nous réclamons cette commission parce que nous considérons qu'il y a eu tromperie de la part du Ministre de l'Intérieur...

Depuis une dizaine de jours, quelque 200 députés et sénateurs ont été interpellés par lettre pour qu'ils s'expriment sur cette commission d'enquête. Peu ont répondu...
Seul le groupe communiste a déposé une saisine...

Redoublons nos courriers!! Ces élus nous doivent réponse!!!.

Intensifions les signatures de la demande d'enquête... Faites la circuler un max sur vos carnets d'adresses...

Soyons au moins autant que les déboutés (25000) à exiger la commission d'enquête!!!


Faites signer la pétition : www.placeauxdroits.net
Transmettez cet appel autour de vous sans modération !!!
Ecrivez à vos députés et sénateurs ....
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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 23:21
La Cisjordanie,
nouveau « Far Est » du capitalisme israélien

Gadi Algazi, cofondateur de l’association judéo-arabe Taayoush
 
 
Modi’in Illit est une colonie juive importante en Cisjordanie, qui occupe les terres de cinq villages palestiniens : Ni’lin, Kharbata, Saffa, Bil’in et Dir Qadis. C’est l’implantation qui se développe le plus vite ; elle devrait même se voir bientôt accorder le statut de ville : le ministère israélien du logement prévoit qu’elle passera de 30 000 habitants à 150 000 en 2020. Elle fait partie de ces « blocs de colonies » que les gouvernements israéliens successifs ont étendu et entendent annexer. Elle illustre aussi le lien entre le mur de séparation et l’extension des colonies : le développement de Modi’in Illit a entraîné la ruine des agriculteurs palestiniens de Bil’in, un petit village de 1 700 habitants, que la construction du mur a dépouillé de la moitié des terres qui leur restaient : environ 2 000 dounams (1).

Depuis février 2005, les habitants de Bil’in sont engagés dans une lutte non violente contre le mur. Aux côtés de militants israéliens pour la paix et de volontaires internationaux, ils manifestent tous les vendredis, main dans la main, face aux bulldozers et aux soldats. Leur mobilisation converge avec celle d’autres villages palestiniens qui mènent, depuis quatre ans, une difficile campagne de résistance. Ces actions, dont on ne sait quasiment rien hors de Palestine, souvent coordonnées par des comités populaires contre le mur, ont obtenu des résultats modestes, mais appréciables : elle ont permis de stopper ou de ralentir la construction des clôtures qui privent les habitants de leurs terres et les condamnent à vivre dans des enclaves. A Budrus et à Deir Ballut, les comités sont même parvenus à en faire dévier le tracé, et à récupérer ainsi une partie des vignes, des champs et des sources d’approvisionnement en eau confisqués.

Ces modestes acquis prennent tout leur sens quand on songe à la supériorité militaire incontestée d’Israël. Grâce à sa force militaire comme au soutien des Etats-Unis, et récoltant les fruits du plan de désengagement de M. Ariel Sharon, l’Etat hébreu gagne du terrain face à des Palestiniens chaque jour plus isolés et diabolisés. A l’étranger, on accepte de plus en plus, même si c’est parfois à contrecœur, la politique unilatérale d’Israël.

L’importance de cette « Intifada du mur » tient surtout à son influence à long terme. Les expériences de protestation de masse non violentes, fragiles et à petite échelle, qui avaient joué un rôle marginal au début de la seconde Intifada, semblent s’enraciner et commencer à porter des fruits. A mesure que les chances d’une paix juste en Palestine s’amenuisent et que les Palestiniens de Cisjordanie s’habituent à vivre dans des enclaves (2) entre barrières et murs, les manifestations pacifiques fraient de nouvelles voies pour l’avenir. Et elles sèment, de part et d’autre, les graines de futurs combats communs.
 
Misère sociale et profits rapides
 
Au total, 200 personnes ont été blessées à Bil’in lors de la dispersion violente de manifestations, et de nombreuses autres ont été arrêtées sous divers prétextes. L’armée israélienne, les gardes-frontières, la police ainsi que des sociétés privées de sécurité ont été mobilisés contre des manifestants aux mains nues. Matraques, bombes lacrymogènes, balles en caoutchouc et tirs à balles réelles firent de nombreuses victimes (3). Du côté israélien, on admet que des agents provocateurs, issus de forces spéciales (appartenant à l’unité Massada), se sont infiltrés, se faisant passer pour des Arabes, dans ces manifestations pacifiques afin d’inciter leurs participants à recourir à la force (4). Seule la détermination des membres du comité populaire a empêché que ces provocations ne conduisent à une escalade incontrôlable. En réalité, le mur a besoin d’une protection renforcée – contre l’opposition pacifique des villageois palestiniens et de leurs alliés. Car il est là pour permettre un grand projet colonial : Modi’in Illit.
On évoque souvent l’occupation israélienne dans des termes empruntés aux conflits interétatiques (et la création de l’Autorité palestinienne n’a fait que renforcer cette tendance). Pourtant, il s’agit, au fond, d’un conflit colonial. Les gestes symboliques, les initiatives diplomatiques et les déclarations publiques s’évanouissent sur le terrain devant les faits bruts : puits et oliveraies, bâtiments et routes, émigration et implantation. C’est le paysage même qui se trouve radicalement bouleversé, et non les seules frontières politiques. Le contrôle militaire exercé par Israël depuis 1967 a créé un cadre favorable au renforcement de ce mécanisme colonial. Implantations, clôtures et routes en sont les signes les plus flagrants – les colonies constituant l’obstacle le plus sérieux à la création d’un Etat palestinien viable, véritablement indépendant. De 1967 à 2006, on estime que l’Etat hébreu a fait construire environ 40 000 logements en Cisjordanie pour un coût de 4,3 milliards de dollars. Et, en janvier, le nombre de colons implantés dans les territoires occupés – hors Jérusalem –, dont le Golan, dépassait les 250 000 (5).
Généralement condamnées, les colonies israéliennes dans les territoires occupés sont rarement étudiées. Pour savoir à qui profite le projet colonial et pourquoi les gens ordinaires s’y rallient, il faudrait pourtant regarder de plus près leur composition et leur économie. Modi’in Illit est un cas révélateur à plusieurs égards. C’est d’abord une entreprise menée, non par des colons messianiques et leurs représentants politiques, mais par une alliance hétérogène entre promoteurs immobiliers intéressés par les terrains, investisseurs capitalistes à l’affût de profits et politiciens favorables à la colonisation. C’est l’une des rares implantations qui a continué de s’étendre pendant la seconde Intifada. Elle n’abrite pas des nationalistes purs et durs, mais essentiellement des familles nombreuses ultraorthodoxes, qui, peu concernées par le sionisme politique et même par Israël, recherchent avant tout de meilleures conditions de vie. Y convergent misère sociale, profits rapides et dépossession impitoyable.
Modi’in Illit, qui s’appelait à l’origine Kiryat Sefer, ne doit pas sa création (1996), comme la plupart des colonies, à une alliance entre autorités gouvernementales, organisations sionistes et mouvements de colons extrémistes : l’initiative vint d’entrepreneurs privés, après les accords d’Oslo de 1993 et à un moment où la privatisation de l’économie s’intensifiait en Israël. C’est l’exemple type d’un nouveau style d’implantation coloniale, dirigée par des capitaux privés et soutenue par l’Etat. Le conseil local a accordé – indiquent les rapports de la Cour des comptes – un traitement de faveur aux promoteurs immobiliers : avantages spéciaux, dispenses en matière de réglementations de la construction, réductions d’impôts, etc. Des milliers de logements ont été bâtis en violation manifeste de la loi, avec l’approbation post facto du conseil local, qui a blanchi ces constructions illégales en réajustant rétroactivement le plan d’urbanisme (6). Dans le « Far Est » israélien, l’urgence politique de la colonisation va de pair avec des profits rapides pour les investisseurs.
Selon une enquête menée en 1998, l’ensemble du domaine de Brachfeld, par exemple, sur les terres de Bil’in, a été érigé sans permis de construire – et pourtant aucune maison n’a été démolie ensuite. Une grande partie des eaux usées se déverse dans la rivière Modi’in, polluant les ressources aquifères locales. Cela ne résulte pas de la corruption ou d’une mauvaise gestion, mais d’une dimension structurelle de la frontière coloniale : l’implantation non réglementée offre la possibilité de vastes profits aux dépens de l’environnement.
Les habitants palestiniens de Bil’in font face à une puissante alliance entre intérêts politiques et économiques. Deux quartiers doivent être construits sur les terres qui leur ont été confisquées. L’un d’eux, Green Park, a été confié à Dania Cebus, une filiale de l’Africa Israel Group, propriété d’un des hommes d’affaires les plus influents d’Israël, M. Lev Leviev (7) : ce projet colossal de 230 millions de dollars prévoit la construction de 5 800 appartements. Or les bénéfices d’exploitation réalisés par l’Africa Israel ont enregistré une hausse de 129 % au cours des trois premiers trimestres de 2005 (8). D’autres grandes entreprises du bâtiment ont rejoint M. Leviev. Autant d’investissements qui dépendent du tracé du mur, censé couper les villageois de Bil’in de leurs terres et assurer la « sécurité » des nouveaux quartiers. Comme dans de nombreuses autres colonies installées entre la « ligne verte » (la frontière israélienne d’avant 1967) et la « clôture de sécurité », cette implantation complète le processus d’annexion et valorise les investissements immobiliers.
Le Custodian of Absentee Property (Conservateur des biens des absents) et le Land Redemption Fund (Fonds de rachat des terres) se prétendent les propriétaires légaux des terres sur lesquelles se construit l’un de ces quartiers. Organisme gouvernemental chargé de gérer les « terres des absents », le Custodian sert en réalité à accaparer les terres palestiniennes appartenant à des réfugiés en Israël et, plus récemment, dans les territoires occupés. Des organisations israéliennes de défense des droits humains ont découvert qu’il sert de prête-nom au fonds des colons lors de « transactions tournantes ». Quant au Land Redemption Fund, créé il y a une vingtaine d’années, il se spécialise dans le rachat de terres dans des zones d’extension de colonies. Au nombre de ses fondateurs figure M. Era Rapaport, l’un des organisateurs du réseau terroriste opérant dans les territoires occupés au début des années 1980 – il a passé plusieurs années en prison pour la tentative d’assassinat dans laquelle le maire de Naplouse, M. Bassam Chakaa, perdit ses deux jambes (9).
Deux journalistes israéliens ont enquêté minutieusement sur les méthodes d’acquisition de ce fonds, dont « le réseau de renseignement se compose d’anciens collaborateurs [palestiniens] qui sont retournés dans leur village après avoir été grillés, d’agents israéliens des services de sécurité générale à la retraite, qui fournissent des renseignements moyennant rétribution (...) et d’anciens gouverneurs militaires [qui utilisent leurs connexions dans les villages ». Des hommes de paille arabes servent d’intermédiaires : ils se font passer pour des acheteurs, alors que les terres sont acquises grâce à « des fonds provenant de millionnaires juifs de droite comme Lev Leviev et le magnat suisse Nissan Khakshouri (10) ».
 
Attirer des colons « non idéologiques »
 
Des méthodes semblables ont été employées pour confisquer les terres de Bil’in (11). Ainsi, le plan colonial mêle inextricablement économie et politique. Parmi les donateurs du Fonds, on retrouve les capitalistes qui se chargent de la construction et de la promotion immobilière dans d’autres colonies. Ceux-ci versent des sommes considérables aux colons extrémistes, par conviction politique mais aussi dans l’attente de gros profits.
Les secteurs où le Fonds choisit de se concentrer ont également leur importance : son projet principal est de « brouiller la “ligne verte” en reliant les implantations [en Cisjordanie] aux communautés à l’intérieur de la ligne et en étendant ces communautés en direction des territoires [occupés] » afin d’« établir des faits sur le terrain (12) ». Cela s’inscrit dans une opération plus vaste encore, conçue originellement par M. Sharon, qui est en cours depuis les années 1980 pour dissoudre la « ligne verte » en créant des implantations destinées à des colons « non idéologiques » à proximité des centres économiques d’Israël. Bloqué par la seconde Intifada, ce projet a repris progressivement en 2003, avec l’achèvement de certaines parties du mur, qui a conduit à l’annexion de facto de zones se trouvant entre la clôture et Israël. En faisant disparaître des communautés derrière le mur, on peut promettre aux investisseurs comme aux colons un niveau de vie plus élevé dans un espace sécurisé. Le nettoyage ethnique n’est pas nécessairement spectaculaire...
Les colonies israéliennes adjacentes au mur de séparation revêtent une importance stratégique. Elles complètent le système de clôtures et de barrières prévu par Israël pour annexer certaines parties de la Cisjordanie. Mais elles constituent également le lieu stratégique où prend forme une puissante alliance politique et économique entre capitaux, groupes de colons hétérogènes et hommes politiques au pouvoir.
La « coalition du mur » qui dirige actuellement Israël ne date pas des dernières élections. Rassemblée autour de l’héritage de M. Sharon, elle regroupe les adeptes de l’annexion progressive (« Israël doit garder les blocs de colonies ») et ceux d’une expansion coloniale « raisonnable » (qui n’ont pas de mal à faire bonne figure à côté des « méchants » colons idéologiques désinhibés). Placée sous le double drapeau de la séparation ethnique et de la privatisation de l’économie, cette alliance ne promet pas la paix aux Israéliens, mais une pacification unilatérale liée à une annexion partielle qui démembrera la Cisjordanie et en divisera le reste en trois enclaves clôturées.
Si cette alliance s’est formée récemment dans l’arène politique (ses partisans n’appartiennent pas seulement à Kadima, le parti de MM. Sharon et d’Ehoud Olmert), elle a construit ses fondements économiques et sociaux bien avant sur les collines de Cisjordanie. Elle regroupe les colons, les organismes d’Etat qui financent les clôtures, des sociétés immobilières et des entreprises high-tech – la vieille économie et la nouvelle. Les implantations actuellement bâties ou étendues à l’ombre du mur en sont l’expression.
C’est précisément parce qu’elles ne reposent pas seulement sur la ferveur messianique de colons fanatiques, mais répondent aussi à des besoins sociaux – qualité de vie pour la bourgeoisie, emplois et logements subventionnés pour les défavorisés – que ces implantations élargissent la base sociale du mouvement de colonisation et y rallient d’autres intérêts : véritables profiteurs du mur, entrepreneurs, capitalistes et colons des classes supérieures à la recherche d’une meilleure qualité de vie dans de nouveaux ghettos dorés, loin des pauvres, et protégés des Palestiniens (13).
Les colonies juives n’ont cessé de grossir durant les années qui ont suivi les accords d’Oslo : le nombre de leurs habitants a plus que doublé entre 1993 et 2000. Mais, à y regarder de plus près, cette croissance a eu pour principal théâtre quelques implantations importantes où vivent des colons « non idéologiques » : immigrés de Russie et d’Ethiopie installés là par les autorités, habitants de banlieues pauvres aspirant à vivre mieux et familles nombreuses ultraorthodoxes à la recherche de logements subventionnés. Ces gens n’ont rallié le projet colonial qu’à la fin des années 1990, à contrecœur, poussés par les privatisations et le démantèlement rapide de l’Etat-providence en Israël. Modi’in Illit et Betar Illit comprennent à elles seules plus du quart des colons de Cisjordanie, essentiellement des juifs ultraorthodoxes. Alors que les autres colonies disposent d’un statut socio-économique supérieur à la moyenne israélienne, ces deux-là sont les plus pauvres communautés juives (14).
Comme un spécialiste l’expliquait à un journaliste en septembre 2003, c’est la crise du logement en Israël qui a incité ces familles à venir s’installer là : « Leur situation était si désespérée qu’elles étaient prêtes à aller n’importe où. » Et le porte-parole du conseil des colons de Modi’in Illit de confier : « Même si elles ne sont pas venues ici pour des raisons idéologiques, elles ne renonceront pas à leur maison si facilement (15). » Voilà comment on transforme des gens en colons malgré eux. Le maire de Betar Illit a avoué au même journaliste qu’on envoyait les ultraorthodoxes dans les territoires occupés contre leur volonté pour en faire de la « chair à canon ». Maintenant que le mur approche, les colons de Modi’in Illit et de Betar Illit pourraient placer leurs espoirs en lui – ils en attendent la sécurité et s’identifient du coup à l’entreprise de dépossession des Palestiniens.
Mais, si l’extension des colonies se nourrit de l’érosion des droits sociaux en Israël, les conflits sociaux dans l’Etat hébreu ont des conséquences directes sur l’avenir de l’occupation car ils mettent en évidence le lien sous-jacent entre la lutte anticoloniale – contre le vol des terres palestiniennes et l’implantation de nouvelles colonies – et la lutte pour la justice sociale au sein même des frontières d’Israël.
 
Le Monde-diplomatique, août 2006
Par Gadi Algazi
Professeur d’histoire à l’université de Tel-Aviv et cofondateur de l’association judéo-arabe Taayoush (Vivre ensemble).
 
Notes
 
(1) Un dounam égale un dixième d’hectare, soit 1 000 mètres carrés.
(2) Amira Hass, « Israeli restrictions create isolated enclaves in West Bank », et « Four types of enclaves in the West Bank », Haaretz, Tel-Aviv, 24 mars 2006.
(3) Meron Rapoport, « Symbol of struggle », Haaretz, 10 septembre 2005.
(4) Meron Rapoport, « Bil’in residents : undercover troops provoked stone-throwing », Haaretz, 14 octobre 2005 ; David Ratner, « Bil’in protesters say bean bags are latest riot-control weapon », Haaretz, 21 octobre 2005.
(5) Haaretz, 8 janvier 2006.
(6) Cf. « Israel’s State comptroller’s report », no 51 A (2000), Israel Government Printing Office, Jérusalem, p. 201-218.
(7) M. Leviev a bâti sa fortune sur l’exploitation des diamants d’Afrique du Sud et en utilisant son appartenance à la secte ultraorthodoxe des Loubavitch. Sa compagnie se vante d’avoir été « pionnière dans l’établissement de ghettos dorés » en Israël. Elle gère par ailleurs des centres commerciaux et s’apprête à réaliser la première prison privée en Israël. Cf. Aryeh Dayan, « Leviev promises to treat his prisoners nicely », Haaretz, 28 novembre 2005.
(8) Données récentes : http://maariv.bizportal.co.il
(9) Shalom Yerushalmi, « Every prime minister who gave away Eretz Israel was hurt » (interview d’Era Rapaport), Maariv, Tel-Aviv, 5 avril 2002.
(10) Shosh Mula et Ofer Petersburg, « The Settler National Fund », Yedioth Aharonoth, Tel-Aviv, 27 janvier 2005 (traduction anglaise : www.peacenow.org/hot.asp?cid=247).
(11) Akiva Eldar, « Documents reveal West Bank settlement Modi’in Illit built illegaly », Haaretz, 3 janvier 2006 ; et « State mulls criminal probe into illegal settlement construction », Haaretz, 8 janvier 2006.
(12) Shosh Mula et Ofer Petersburg, op. cit.
(13) Oren Yiftachel, « Settlements as reflex action », dans Rafi Segal et Eyal Weizman (sous la dir. de), A Civilian Occupation : The Politics of Israeli Architecture, Babel, Tel-Aviv, et Verso, Londres et New York, 2003, p. 32-38.
(14) The Israel Central Bureau of Statistics, « Characterizing local councils and ranking them according to the socio-economic position of their population », février 2004. Les Arabes d’Israël sont les plus pauvres des citoyens. Et, parmi les dix communautés les plus pauvres du pays, figurent huit villages bédouins et deux communautés juives : Modi’in Illit et Betar Illit.
(15) Tamar Rotem, « The price is right », Haaretz, 26 septembre 2003.

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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 11:17


Les mesures fiscales

favorisent les plus riches


Budget 2007 . Pour le secrétaire national du SNUI, l’attaque contre la progressivité de l’impôt sur le revenu amplifie les inégalités et favorise l’accumulation des patrimoines.


Pourquoi parlez-vous d’un « véritable basculement du système fiscal » ?

Vincent Drezet. L’imposition des revenus a beaucoup évolué depuis cinq ans. Premièrement, l’impôt sur le revenu (IR) a vu ses taux abaissés et, en 2007, le gouvernement veut en réduire le nombre de tranches. La progressivité de l’IR est donc attaquée en tendance et en structure. Deuxièmement, l’importance des niches fiscales a augmenté. Certaines ont été créées, comme le PERP (plan d’épargne retraite populaire), et d’autres ont vu leur poids augmenter, comme la réduction d’impôt pour emploi d’un salarié à domicile. La réévaluation de son plafond n’a bénéficié qu’aux classes très aisées.


Le gouvernement présente ses mesures fiscales en termes de redistribution du pouvoir d’achat supplémentaire

Vincent Drezet. Pas du tout. La tendance de l’imposition des revenus est de favoriser environ les 10 % des ménages les plus riches. Ce n’est pas du pouvoir d’achat en plus pour ceux qui consomment, mais une capacité d’épargne supplémentaire pour ceux qui épargnent déjà beaucoup. Ces éléments fiscaux s’adressent à certaines catégories seulement.


Quelles sont les principales évolutions pour un ménage au revenu moyen ?

Vincent Drezet. Un tel ménage, au contraire, connaît un alourdissement des prélèvements. La CSG a augmenté en 2004. La taxe d’habitation ou la taxe d’enlèvement des ordures ménagères augmentent, elles, de façon continue. Le pouvoir d’achat des revenus moyens est réellement attaqué. Pour un revenu médian (1), les augmentations de CSG représentent 200 euros puisque la CSG n’est plus calculée sur 95 % du salaire, mais sur 97 %. Il faudrait ajouter les hausses de la taxe d’habitation, par exemple. Par contre, les baisses d’impôt ne représentent que 100 euros. L’alourdissement de la CSG rapporte 1 milliard de plus qu’auparavant au gouvernement.


Le gouvernement présente ses réformes fiscales comme encourageant l’activité et le dynamisme économique...

Vincent Drezet. Au contraire. D’une part, il y a un basculement, à niveau de prélèvements obligatoires à peu près constant, avec une diminution de la part des plus riches et des entreprises dans l’impôt et une augmentation de la part des classes moyennes notamment. D’autre part, l’imposition des patrimoines a été revue à la baisse. En 2003, la loi d’initiative économique a institué une exonération sur l’ISF, exonération amplifiée l’année dernière. Sur les successions, un abattement général de 50 000 euros a été créé et l’abattement de 46 000 euros a été revalorisé à 50 000 euros. Sarkozy, à l’origine de cette mesure, avait à l’époque dit vouloir faciliter la transmission d’un patrimoine accumulé tout au long d’une vie. Il oubliait de dire qu’il y avait déjà moins de 25 % des successions qui étaient taxables du fait d’abattements préexistants. Les mesures fiscales de Nicolas Sarkozy n’ont donc bénéficié qu’à moins d’un quart des successions, celles des plus riches. Coté impôt sur les donations, Sarkozy, encore, a introduit une donation en franchise d’impôt. Cette mesure s’adressait à ceux qui avaient déjà épuisé leurs droits à abattements antérieurs, c’est-à-dire moins de 10 % des contribuables.


Quels sens donnez-vous alors à la politique fiscale depuis cinq ans ?

Vincent Drezet. Une petite partie de la population, très riche, a pu transmettre du patrimoine en franchise d’impôt. Ce sont des recettes en moins au budget. Surtout, ces allégements d’impôts sur le revenu et le patrimoine aggravent considérablement les inégalités sociales. La politique fiscale a donc favorisé l’accumulation et la rente plutôt que l’activité économique. C’est drôle de se rappeler qu’à une certaine époque, même les libéraux étaient, au contraire, pour la taxation de la rente pour permettre, d’après ce qu’ils disaient à l’époque, le dynamisme économique.

Sébastien Ganet


(1) Le revenu médian sépare

la population exactement

en deux parties égales.


Source http://www.humanite.fr


 

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22 septembre 2006 5 22 /09 /septembre /2006 19:57
Interview et blog de Clémentine
 
de politicshow

L’interview faite le 10/09/2006 par la sympathique équipe de nuesblog :

"(...) Des sollicitations, notamment en région" lors de meetings, lui avaient "donné l’idée" de sa candidature. Dimanche dernier, lors d’une réunion nationale de quelque 460 collectifs locaux pour un rassemblement de la gauche antilibérale à la Bourse du travail de Saint-Denis, Clémentine Autain n’avait pas exclu sa candidature, au côté de noms tels que José Bové ou Yves Salesse (ndlr > et Olivier Besancenot ou encore Marie-Georges Buffet). Ils ont été rejoints vendredi par le député communiste Patrick Braouezec." (AP le 15 septembre 2006)

C’est à notre micro que Clémentine répond ici. La discussion date de "ce fameux dimanche" 10 septembre, alors que près d’un millier de personnes se rassemblaient à Saint Denis pour une candidature unitaire antilibérale.

Les idéologies ont fait long-feu. Gauche-droite ne veulent plus rien dire ? Ceux présents ce jour-là estiment que c’est entre le choix du libéralisme à tout prix et son refus catégorique que se joueront les prochaines échéances électorales, et pas seulement présidentielles.

Comme raconté et illustré ici, Marie-Georges Buffet sera discrète voir fuyante (ce qui sera également et plus explicitement le cas à la fête de l’Huma ce week-end). José Bové restera disponible et très attentifs à ces (ses ?) troupes qui s’encanaillaient. Olivier Besancenot jouera comme José Bové et Clémentine Autain le jeu de ces questions jetées dans l’arène d’un meeting.

Clémentine avait depuis longtemps piqué ma curiosité. Nous la retrouverons prochainement pour un repas-débat en tête à tête.

Vous rêviez de passer quelques instants avec Clémentine Autain ? Vous ne connaissiez pas cette battante-là ? Voici 10 minutes et 12 secondes d’une "Minute" (plan-séquence) que nous avons choisi de ne pas couper.

"Les médias nous ont un peu enterré, comme ils nous avaient enterré lors de la campagne du référendum" (ndlr : le non de gauche fera 35%).

Clémentine Autain, 33 ans, directrice de "Regards", co-fondatrice de Mix-Cité, auteur de "Alter Egaux" et "Les droits des femmes", adjointe au maire de Paris chargée de la jeunesse, conseillère de Paris dans le XVIIe arrondissement, filmée et interviewée la semaine dernière dans le cadre du tournage du PoliTIC’Date à l’Alternative Unitaire (émission en ligne prochainement)...

Co-interview avec mes collaboratrices ( !) de France Info et France Culture. A la fin de l’interview celles-ci sont parties (6mn) et Patrick Braouezec rentre dans le champs (9mn).

http://www.dailymotion.com/visited/...

Le blog de Clémentine, tout chaud :

http://clementineautain.fr

http://www.alternativeunitaire2007.org


De : politicshow
jeudi 21 septembre 2006







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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 22:12
Deux adhérentes de l'association France-Palestine Solidarité 06 vont participer à une mission de cueillette des olives au mois de novembre prochain. Ces missions ont pour but d'aider les paysans à récolter mais surtout de les protéger et de leur faciliter l'accès à leurs champs. Elles sont très importantes dans le contexte actuel. Nous ouvrons donc une souscription pour acheter les billets d'avions de ces deux militantes. Le texte ci-dessous peut être reproduit et utilisé largement auprès de vos ami-e-s.



AFPS 06

13, Rue Amiral de Grasse

06000 NICE

 

Missions

Cueillettes des olives

Palestine Octobre 2006


Ces missions, étroitement liées au projet de développement du secteur oléicole soutenu par l’AFPS nationale, auront lieu cette année dans le district de Salfit.


Cette région de Salfit nous intéresse tout particulièrement puisque nous avons pour objectif d’aider à la modernisation de l’un de ses moulins


Rappelons qu’ outre le mur d’annexion qui s’étire sur toute la région, elle est criblée de colonies israéliennes (une quinzaine autour d’Ariel) et enfermée par une route coloniale les reliant entre elles.


Une nouvelle fois, expulsion, annexion , saccage. interdiction pour les fermiers de se rendre dans ce qu’il reste de leurs champs. En conséquence, depuis 5 ans une production agricole en baisse.


Il est indispensable que des volontaires internationaux soient présents pour favoriser le bon déroulement de la cueillette 2006.


Deux groupes du Sud-Est se succèderont en 2 fois 10 jours du 27 octobre au 17 novembre.

Deux personnes de notre comité se sont portées volontaires pour le 1er groupe mais ne peuvent supporter entièrement les frais de mission (billet d’avion à ce jour 450 € + 15 à 20 € / jour et par personne, pour déplacements, nourriture et contribution à l’hébergement).


POUR RENDRE POSSIBLE LEUR DEPART NOUS SOLLICITONS VOTRE AIDE MILITANTE SOUS FORME DE DONS (10 € , 20 €, 30 € ou plus)


Ces missions sont coordonnées par Jean-Claude Perron de l’AFPS Ardèche et Catherine Shammas, Membre des CCIPPP (Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple Palestinien)qui ont fixé les réunions de préparation le dernier week-end de septembre à Montélimar.


Nous vous remercions de votre participation et vous tiendrons informés de la suite de cette initiative.


AGIR, TEMOIGNER, ROMPRE L’ISOLEMENT DES PALESTINIENS, CREER DES LIENS


Nom :……………………………………


Je fais un DON de : €

Pour l’opération

« MISSIONS .CUEILLETTES  »

Adresse :………………………………………


Code Postal : ………….Ville :………………………………………..




Le / / Signature :



Chèque à rédiger à l’ordre de l’AFPS 06 – (Mention : MISSIONS CUEILLETTES)





Un certificat de souscription vous sera envoyé, vous permettant de bénéficier des réductions fiscales relatives aux dons aux associations


14/09/2006

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17 septembre 2006 7 17 /09 /septembre /2006 23:01
L’état actuel de la théologie de la libération en Amérique latine
par François Houtart
14 septembre 2006

1. Rappel de la nature de la théologie de la libération

Il s’agit bien d’une théologie, c’est-à-dire d’un discours sur Dieu. Cependant, la démarche est spécifique, car elle est explicitement contextuelle. On pourrait dire que toute théologie est contextuelle, puisqu’elle est produite dans une culture et dans des conditions précises. Ce qui différencie la théologie de la libération d’autres courants de pensée, c’est le fait de reconnaître explicitement que sa démarche est liée au contexte socioculturel dans lequel elle s’exprime. D’autres théologies avaient affirmé le même principe, par exemple la théologie de Jean-Baptiste Metz, de l’Université de Munster en Allemagne ou la théologie des réalités terrestres, de Gustave Thills à l’Université catholique de Louvain.

La théologie de la libération prend comme point de départ la situation des opprimés. C’est ce qu’on appelle un "lieu théologique", c’est-à-dire la perspective au départ de laquelle se construit le discours sur Dieu. Un Dieu d’amour ne peut exister avec l’injustice, l’exploitation, la guerre. Donc, comme le disait un théologien récemment, il s’agit d’une théologie qui ne se demande pas si Dieu existe, mais où il se trouve ? C’est la réalité des luttes sociales et l’engagement des chrétiens, en faveur de la justice, qui forment la base de l’élaboration de la pensée et du discours.

Une telle démarche exige tout d’abord une analyse sociale. Nous vivons dans une société complexe, mondialisée, qui ne se comprend pas à première vue. L’utilisation d’un instrument d’analyse est donc indispensable pour comprendre les mécanismes de l’oppression et de l’injustice et donc pour dépasser une réaction purement morale face à la souffrance, sans se demander pourquoi celle-ci existe. L’autre nécessité est celle d’une herméneutique, c’est-à-dire la recherche du sens des documents fondateurs et de l’histoire du groupe chrétien et de ses traditions. Il n’est en effet pas possible de se situer de manière rationnelle, comme l’exige toute démarche théologique, sans replacer dans leur contexte historique, sémantique, culturel, ce qui a construit l’univers des références des croyants. La recherche du sens des écrits fondateurs utilise la sémantique, l’exégèse et les sciences humaines. L’histoire du christianisme et de l’Eglise catholique en particulier, s’appuie sur les instruments classiques de la discipline. Quant au point de référence contemporain, les situations humaines d’injustices, elles relèvent de la double démarche d’une description et d’une explication.

D’où la question de savoir de quelle réalité on parle et quelle est l’analyse que l’on utilisera pour la connaître ? En Amérique latine, où naît la théologie de la libération, la situation est celle de l’oppression sociale. A cette époque, c’est-à-dire à la fin des années 1960, la théorie critique principale d’analyse est celle de la dépendance. Il s’agit d’analyser et d’expliquer les phénomènes sociaux latino-américains, à la lumière de la situation de périphérie du continent, vis-à-vis d’un capitalisme central, principalement situé au Etats-Unis. La théologie de la libération s’appuya sur ce courant analytique, pour construire sa propre démarche. La pauvreté, la misère, l’oppression en Amérique latine ne pouvaient pas être détachés d’un ensemble plus vaste, dont les logiques se situaient dans le rapport centre - périphérie. C’était un choix, non arbitraire, car considéré comme la meilleure manière de lire la réalité sociale et de la comprendre, pour, ensuite, l’exprimer en termes théologiques.

Pour la théologie c’est un renversement de la logique de la démarche habituelle. En effet, traditionnellement, cette dernière est déductive, c’est-à-dire qu’elle part de la révélation divine contenue dans les textes sacrés, pour ensuite en tirer toutes les applications logiques et concrètes au niveau de la réalité. Au contraire, la théologie de la libération part d’une démarche inductive, qui l’amène à construire une pensée spécifique religieuse, en partant du réel et de la pratique sociale. Un tel trajet intellectuel introduit inévitablement un élément de relativité dans le discours théologique. Il ne réduit pas ce dernier au statut épistémologique des sciences humaines, mais il se construit au départ de ces dernières, impliquant par-là que la quête du sens religieux peut changer d’orientation selon les situations et la manière dont on les analyse. Le discours n’est donc plus dogmatique, il part d’une réalité empirique.

Par ailleurs, une telle orientation réduit évidemment le champ d’intervention de l’autorité religieuse dans l’interprétation des écritures et de la tradition. La hiérarchie ecclésiastique n’a plus le monopole de l’herméneutique religieuse, puisque cette dernière prend en compte les réalités sociales, analysées d’un point de vue bien spécifique, celui des opprimés et choisissant le type d’analyse le plus adapté à cette perspective.

Dans le christianisme, un tel choix (préscientifique) n’est pas arbitraire. L’esprit de l’évangile va dans ce sens, Jésus a fait une option bien précise, en faveur des pauvres et contre tous les pouvoirs d’oppression. Serait-il donc possible d’envisager qu’une démarche théologique chrétienne puisse prendre une voie contraire, que ce soit consciemment ou inconsciemment ? C’est le point de départ de la théologie de la libération.

Tout en n’étant pas seulement une éthique sociale comme nous le verrons plus loin, elle accorde à cet aspect une place centrale. En effet, en choisissant un instrument d’analyse qui s’exprime en termes de classes sociales et non de strates sociales, elle change les perspectives traditionnelles de la doctrine sociale de l’Eglise. Cette dernière, reflétée très généralement dans la pensée sociale des autres confessions chrétiennes et des religions en général, tend implicitement à analyser la société en termes de groupes sociaux superposés, mais non liés entre eux de manière structurelle. Il en résulte que le bien commun, prôné par l’ensemble des systèmes religieux, consiste à demander à chacun de contribuer, en son lieu et place, au bien-être de l’ensemble, sans remettre en question de manière explicite la structure de la société, qui attribue des places bien particulières à chacun de ces groupes sociaux.

Voilà pourquoi, la théologie de la libération adopte une analyse structurelle de la société, dont le courant de pensée marxiste a été un des principaux porteurs, et qui met en valeur les contradictions sociales, expliquant ainsi les inégalités et les injustices.

Mais une telle théologie va bien au-delà. Elle est aussi une christologie, c’est-à-dire une lecture de la vie de Jésus comme acteur social dans sa propre société, la Palestine de son temps et une ecclésiologie, c’est-à-dire une théologie de l’Eglise, analysée également dans ses réalités historiques et sociales. Elle joint à son palmarès, une réflexion sur la liturgie et ses aspects socioculturels, une théologie pastorale, analysant les moyens d’encadrement religieux dont disposent les Eglises et une spiritualité impliquant la lecture sociale du réel et l’engagement des chrétiens en fonction de leur foi.

Il n’est guère étonnant que la théologie de la libération ait suscité de fortes oppositions à l’intérieur des Eglises chrétiennes et surtout de l’Eglise catholique. D’une part, la démarche théologique remettait en question l’ensemble d’une lecture dogmatique et donc la position de l’autorité religieuse définie comme unique et exclusif garant de l’orthodoxie. Mais d’autre part, l’utilisation de l’analyse marxiste, comme instrument de découverte et d’explication des sociétés, faisait aussi l’objet d’une contestation radicale basée sur l’amalgame entre le marxisme comme instrument d’analyse et de changement des sociétés et l’athéisme comme condition de son utilisation.

Selon le Cardinal Ratzinger, celui qui utilise l’analyse marxiste finit inévitablement par adopter une attitude athée. Il est vrai que l’établissement de l’athéisme, comme véritable "religion d’Etat" dans les pays communistes, brouillait les cartes. Mais on oubliait deux choses : d’une part que les pays communistes avaient abandonné l’analyse marxiste de leur propre société, précisément dans une démarche dogmatique qui allait contribuer à leur chute et d’autre part que Marx avait reproché aux partisans de "l’athéisme radical", de conserver dans leur démarche de philosophie sociale un langage théologique, mais à l’envers. Il en résulta des condamnations et la marginalisation des théologiens de la libération, allant de l’interdiction d’enseigner et de la censure de leurs écrits jusqu’à la réduction à l’état laïc et même l’excommunication (dans le cas du Sri Lankais Tissa Balasuriya).

Une analyse plus poussée montre que le problème n’était pas uniquement d’ordre ecclésiastique. Il était aussi politique. On assistait en effet, à ce moment, à une série de révoltes au sein même de la classe ouvrière dans les pays de l’Est, principalement en Pologne. Cela déboucha sur une alliance de fait entre d’une part le président Reagan, qui finançait de manière ouverte ou occulte le mouvement Solidarnosc, via des organes catholiques et d’autre part le Saint-Siège qui condamnait la théologie de la libération, position qui ne pouvait que plaire aux Républicains américains, qui avaient fixé comme un des objectifs de leur lutte politique, la théologie de la libération en Amérique latine (Charles Antoine, 1999).

2. Les nouveaux sujets ou "lieux théologiques"

La redéfinition du sujet socio-économique

Comme nous l’avons vu précédemment, les débuts de la théologie de la libération étaient très liés dans leur lecture du social à la théorie de la dépendance. Or, cette dernière fit l’objet de certaines critiques, notamment le fait d’avoir mis l’accent trop exclusivement sur le rapport centre-périphérie et pas assez sur les sources internes des différences sociales. Une nouvelle pensée se fit jour progressivement, dont les théologiens prirent connaissance et qui les obligea à repréciser un certain nombre des points de départ de leur discours spécifique. Cela ne changeait rien à l’orientation fondamentale, mais bien à la hiérarchie des responsabilités sur le plan de l’éthique sociale.

Il y eut ensuite une période de silence, provoquée par divers éléments. Ce fut le début de l’ère néolibérale de l’Amérique latine, avec l’installation de ce que l’on appela les démocraties surveillées. La chute du mur de Berlin provoqua une crise des paradigmes des sciences sociales, crise plus politique et psychologique que réelle, mais qui affecta l’ensemble de la réflexion dans ce domaine. Il y eut en même temps une nouvelle problématique, celle de la mondialisation, à partir du Consensus de Washington, fin des années 1970.

On découvrait progressivement qu’en Amérique latine les nouvelles décennies de 1980 et 1990 signifiaient une relative décroissance, même en utilisant pour la mesurer, les paramètres de la pensée unique et que se produisait un accroissement des inégalités. Comme partout ailleurs, une petite proportion de la population voyait ses revenus et ses possibilités de consommation s’accroître, parfois de manière spectaculaire, alors que la majorité stagnait ou s’enfonçait dans la pauvreté et la misère, le tout renforcé par un accroissement démographique important. Même si, selon les statistiques officielles, la pauvreté diminuait relativement, le nombre de pauvres ne faisait qu’augmenter. C’est ainsi que de nouveaux auteurs se manifestèrent, en plus de ceux qui avaient déjà écrit dans les années précédentes (Gustavo Gutierrez, Hugo Assmann, Juan Luis Segundo, Leonardo Boff, etc.). Il s’agit entre autres de John Sobrino, Ignacio Ellacuria, Enrique Dussel, Franz Hinkelammert, J. Mo Sung, Ivone Gebara.

Les nouvelles thématiques

Une série de nouvelles thématiques virent le jour à partir des décennies de 1980 et de 1990. Sans entrer dans les détails, il est intéressant d’en faire une nomenclature, permettant de se faire une idée de la diversité des sujets traités, en fonction des changements sociaux du continent et de la naissance ou du développement de mouvements sociaux spécifiques.

Critique de la rationalité économique

La réflexion qui a suivi le développement néolibéral de l’économie mondial et ses effets sur l’Amérique latine a provoqué une nouvelle réflexion, basée sur le caractère dogmatique de "la pensée unique". D’une part, le discours économique est un analysé comme un discours religieux, partant de principes absolus et s’appliquant ensuite à la réalité, redécouvrant ainsi une méthode déductive, digne des meilleurs dogmatismes. Que l’on pense au discours de Michel Camdessus, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) ou, plus encore, à celui Michael Novak, le penseur américain, affirmant que la capitalisme est la forme la plus adaptée à la perspective socio-économique du christianisme. D’où une série de publications, telles que celle de Franz Hinkelammert : "Les armes idéologiques de la mort" (1978) ; "L’idolâtrie du marché" (1989), "Sacrifices humains et sociétés occidentales" (1991) ; J. Mo Sung, "L’idolâtrie du capital et la mort des pauvres" (1991) ; Julio de Santa Ana "La pratique économique comme religion", etc.

La deuxième ligne de pensée s’est construite au départ de l’hégémonie du marché. A l’encontre de l’économiste de Chicago, Milton Friedman, prétendant que l’économie est une discipline neutre, plusieurs théologiens affirment au contraire, le caractère éthique de l’économie. En effet, l’économie néolibérale promeut certaines valeurs, présentées comme suprêmes, principalement la compétitivité et l’efficacité. Or ces dernières aboutissent à une destruction des bases de la vie, aussi bien matérielle que culturelle. C’est dans ce sens que s’exprime Gustavo Gutierrez, l’un des fondateurs de la théologie de la libération, dans son ouvrage Le Dieu de la Vie (1982). C’est la vie du pauvre qui forme le point de rencontre entre Dieu et l’économie, car la vie n’est pas seulement l’éternité, mais l’existence concrète de ceux qui sont exclus et opprimés par le système économique.

Dans la même veine se situent les travaux de Franz Hinkelammert, en relation avec ce qu’on pourrait appeler l’émergence du sujet. C’est lui qui parle du cri du sujet (El grito del sujeto). Dans son ouvrage récent, Le sujet et la loi : le retour du sujet réprimé (El sujeto y la ley), publié en 2005 et qui reçut le Prix Libertador 2006 du Venezuela, le même auteur s’en prend vigoureusement à la modernité. Il dénonce cette dernière, en fonction des logiques qu’elle a déployées et qui aboutissent aux catastrophes écologiques et humaines du monde contemporain. Pour lui, la post-modernité n’est qu’une "modernité à l’extrême" car elle ne fait rien d’autre que la prolonger et c’est à tort qu’elle est appelée post-moderne. C’est à partir de l’être humain comme sujet concret, qui a des exigences de relations avec le monde naturel et social, qu’il faut réfléchir. Franz Hinkelammert élabore ainsi une base nouvelle de pensée théologique, dans laquelle le sujet est à la fois personnel et collectif, sans négliger pour autant les analyses structurelles de la société.

Théologies indigènes

Face au caractère blanc des théologies de la libération, des réactions sont nées au sein des communautés indigènes du continent. Les indigènes furent depuis toujours des sujets d’études mais pas des sujets de l’histoire. A l’occasion des célébrations du 500e anniversaire de la conquête des Amériques, et en réaction à la pensée dominante qui la présentait comme une "rencontre des civilisations", une renaissance culturelle s’est produite et elle s’est développée dans l’ensemble du continent. Elle a porté sur des questions telles que l’autonomie, les cultures traditionnelles, les religions. Trois rencontres de théologie indigène ont eu lieu respectivement à Mexico en 1991, à Panama en 1993, en Equateur en 1994 et en Bolivie en 1997.

La perspective consiste à considérer également les cultures indigènes comme des lieux théologiques. Il s’agit d’un ensemble de sagesses populaires, et donc d’une réalité historique collective, elle aussi espace de révélation de l’amour de Dieu. En effet, leur histoire est traversée par des luttes constantes pour sauvegarder leur identité. Les principes de la résistance à la colonisation furent construits sur un double socle ; d’une part la défense de la vie, en vertu d’une vision cosmico-écologique, considérant l’être humain comme vivant en symbiose avec la nature et non comme maître et destructeur de cette dernière et d’autre part, la vie de la communauté, gage essentiel de celle de ses membres, contredisait ainsi l’individualisme de la pensée moderne.

Accompagner théologiquement la construction du sujet indigène comme peuple et comme personne, alors qu’il est menacé par le néolibéralisme qui détruit son environnement, base économique de sa vie et qui impose l’uniformité culturelle de la modernité est une tâche spécifiquement théologique. C’est dans ce sens que s’est développée une série de réflexions et de publications.

L’essor des théologies indigènes n’est pas tout à fait sans ambiguïtés. Certaines d’entre elles tendent parfois à sacraliser la culture, à développer une vision trop exclusive du rite et à enfermer la pensée dans un ghetto. C’est la déviation culturaliste, proche de certains milieux de l’anthropologie culturelle, dont les travaux ont servi de base à certains théologiens. D’où l’importance du lien avec la théologie de la libération, qui montre combien tout cela s’inscrit dans des structures d’oppression, ayant commencé avec la conquête hispanique et se poursuivant aujourd’hui au sein du modèle néolibéral.

Théologies afro-latino-américaines

La résistance des noirs a été accompagnée par une lecture religieuse de la réalité. Ce n’est pas neuf, et cela se rencontre dans toutes les religions afro-américaines en Haïti, au Brésil, à Cuba et dans les Caraïbes. Par contre, c’est beaucoup plus récemment que cette préoccupation a émergé dans le cadre d’une théologie chrétienne. En 1994, sous les auspices de l’Association des Théologiens du Tiers-Monde, ce tint à Nova Iguaçu, au Brésil, une consultation sur "Culture noire et théologie". Les participants y développèrent de nouvelles perspectives sur les concepts de races, classes, genres, religions. Ce fut le début d’une critique radicale du "fétichisme du blanc" au sein même de la production théologique et d’une déconstruction d’une anthropologie ethnocentrique, pour proposer une reconnaissance de l’altérité des groupes afro-américains.

Il s’agissait en effet de rétablir la justice pour une communauté considérée comme "hégémonisée". Dans une perspective théologique, c’est la présence libératrice de Dieu que l’on retrouve dans les luttes des esclaves et dans les manifestations de la négritude. Une telle pensée développe une vision holistique de la réalité et de l’être humain. Elle débouche sur la subversion de la "logique magique" du néolibéralisme, l’affirmation de la valeur de la personne en soi et pas avant tout comme unité de production et de la nature comme espace vital et non comme une simple ressource économique. Elle aborde aussi de manière critique "l’impérialisme raciste" des démarches religieuses et théologiques indigènes.

Plusieurs questions méthodologiques se posent pour le développement d’une pensée théologique afro-latino-américain, notamment, celle de l’herméneutique des expressions religieuses des populations noires, afin de ne pas retomber dans le culturalisme déjà signalé à propos des théologies elles-mêmes.

Théologie féministe

La théologie de la libération était une théologie d’hommes. Or, dans une perspective féministe, il s’agit de retrouver le visage féminin de la pauvreté, démarche qui n’apparaissait guère dans les écrits précédant les années 80. Et cependant, la marginalisation des femmes, à la fois dans l’espace social, politique, culturel et religieux (y compris chrétien) est une réalité. D’où la prise de conscience de l’existence du système patriarcal et de son articulation avec les autres systèmes de domination, en tant que mécanisme de leur reproduction. Cela donne une base éthique au féminisme qui va déboucher sur une pensée théologique propre, basée sur une conception unitaire de l’être humain, considéré aussi dans ses différences.

Trois congrès de théologie féministe de la libération furent organisés : Mexico (1979), Buenos Aires (1985), Rio de Janeiro (1993). La perspective de ce courant théologique est la constatation que les femmes sont doublement opprimées, du fait d’une appartenance de genre et de classe sociale. Elles sont donc un sujet de libération spécifique. Par ailleurs, une attention particulière est accordée aux femmes qui dans la Bible ont contribué à la libération du peuple juif. Il en est de même des femmes qui ont accompagné Jésus lors de sa vie publique et sa prédication.

L’expérience de la femme comme lieu épistémologique propre s’exprime dans ce discours théologique avec de nouveaux éléments, tels que la poétique, l’esthétique, l’affectif. Cela permet de détruire les catégories androcentriques qui ont exclu les femmes du discours et de l’expérience chrétienne, de même que de l’histoire ecclésiastique qui a généralement occulté leur rôle. La démarche théologique nouvelle se caractérise par une relecture des textes fondateurs avec une perspective féminine et une reformulation des grands thèmes du christianisme. Par ailleurs, un accent est mis sur la libération des femmes noires, indigènes, paysannes. En plus, un certain nombre d’écrits ont été produits sur "l’écoféminisme", remettant dans une logique commune la place de la femme face à la nature et à la société. Une revue portant le nom d’écoféminisme a été publiée au Chili, à partir de 1993.

Théologie de l’écologie

Comme le dit Leonardo Boff, inspiré par la spiritualité du fondateur de l’ordre de St-François, l’exploitation économique de la nature dans une perspective de modernité dominée aujourd’hui mondialement par la logique du capitalisme, aboutit à la destruction du "foyer" de tous les êtres humains. D’où le cri de la terre. Pour ce théologien, le paradigme technico-scientifique de la modernité n’est pas universalisable, ni intégral. Leonardo Boff s’oppose à une vision optimiste du progrès sans fin, alors que les ressources sont limitées et développe une vision holistique de l’univers vivant et notamment une relation entre l’homme et la nature qui s’exprime de sujet à sujet. La dimension théologique de cette vision, permet de faire le lien entre l’exploitation des travailleurs et la destruction de la terre, ce que Marx avait indiqué comme la caractéristique du capitalisme.

Théologie du pluralisme religieux

Face à la prise de conscience du pluralisme religieux en Amérique latine, qui n’est plus exclusivement un continent catholique, une nouvelle réflexion se fait jour chez certains théologiens. C’est le cas notamment de José María Vigil (2005). Non seulement les nouveaux mouvements religieux (appelés souvent sectes) se développent avec rapidité dans l’ensemble du continent, mais on prend conscience aujourd’hui de l’existence des religions indigènes et afro-américaines qui sortent de la clandestinité et ont moins besoin des expressions culturelles du christianisme pour assurer leur survie. Aujourd’hui, les religions des indigènes du Guatemala, de l’Equateur, du Pérou, de la Bolivie, s’affirment clairement comme des systèmes religieux autonomes, avec leurs divinités, leurs rituels et leurs rôles spécifiques. Il en est de même des populations afro-américaines, que ce soit le vaudou au Haïti, la santería ou la regla de Osha à Cuba ou du canbomblé et de l’umbanda au Brésil.

A cela il faut ajouter une présence minoritaire sans doute, mais significative de l’islam et du bouddhisme. On en n’est plus au temps où les Japonais qui émigraient vers le Brésil étaient encouragés par leur gouvernement à se convertir au catholicisme, pour pouvoir s’intégrer plus facilement dans le nouveau pays.

La prise en compte du pluralisme religieux est un phénomène nouveau en Amérique latine. Elle a existé évidemment dès le départ en Asie, étant donné le caractère minoritaire du christianisme et en particulier du catholicisme. D’où, dans la théologie latino-américaine, une nouvelle interrogation : que signifie le pluralisme religieux par rapport à la libération ? L’éclatement du champ religieux doit-il être considéré comme une expression de lutte émancipatrice, c’est-à-dire une réaction contre l’oppression, comme un retour de la pluralité des traditions ou comme un des aspects de la domination de l’empire du Nord ? Voilà les formes du défi qui doit encore trouver son expression théologique.

Une relecture du christianisme originel

Le théologien argentin, Rubén Dri a écrit un ouvrage intitulé Le mouvement anti-impérial de Jésus. Selon lui, le projet intégral de Jésus, enraciné dans la tradition prophétique juive radicale, envisage à la fois une économie de solidarité (don et partage) et une politique s’exprimant dans l’établissement de relations fraternelles.

Ce mouvement qui exprimait à la fois la tradition prophétique et la tradition apocalyptique, rassembla des hommes et des femmes des secteurs dominés de la société palestinienne. Jésus partit de Galilée et alla vers Jérusalem, où il s’affronta aux pouvoirs hégémoniques et fut exécuté. Il s’agit bien de l’oeuvre de l’empire romain, dont l’action dans la région se voyait menacée. C’est donc en fonction du caractère anti-impérial du Mouvement de Jésus que la répression s’est exercée. Autrement, il n’aurait été qu’un mouvement parmi d’autres, à l’intérieur d’une société particulière.

Après la dispersion, suite à la conquête de Jérusalem par les Romains, une autre histoire du christianisme débuta. Mais avant cela, malgré le fait que les récits évangéliques tendent à faire retomber la responsabilité de la mort de Jésus uniquement sur le peuple juif, il s’agissait bien d’une répression de l’empire contre un mouvement qui contestait son hégémonie.

Conclusion

La théologie de la libération en Amérique latine, dans une première période influencée dans son analyse par la théorie de la dépendance, connut un remarquable essor. Un changement de perspective s’introduisit progressivement, avec les politiques néolibérales de la mondialisation, qui augmentèrent le nombre des pauvres, firent croître les inégalités et débouchèrent sur les démocraties surveillées. En même temps, se produisait une restauration ecclésiastique et une répression idéologique. Une alliance politique de fait s’établit entre Rome et Washington. Aujourd’hui cependant, on assiste à une reprise de la théologie de la libération et à un élargissement des perspectives.

Cependant, l’enrichissement que cela signifie, porte en soi un danger réel de perte de la centralité de la pensée. La dispersion des thèmes risque de les faire considérer comme des en-soi, c’est-à-dire de promouvoir une détotalarisation du sujet. L’influence du post-modernisme a été réelle chez l’un ou l’autre théologien, qui se sont centrés sur les "petits récits", pratiquant une réduction de la capacité explicative, parallèle à l’éclipse de la pensée marxiste. Aujourd’hui de nouvelles perspectives se font jour, avec la recherche d’un nouveau sujet historique de la libération, qui est à la fois pluraliste, populaire, démocratique et multipolaire et qui s’exprime notamment au sein des Forums sociaux. Il ne fait pas de doute que la richesse de ces nouvelles perspectives permette de nouveaux développements.

Il faut cependant noter un fait sociologique important. C’est l’indépendance institutionnelle de la pensée théologique nouvelle. Comme elle doit s’élaborer en dehors des cadres institutionnels des Eglises principales, surtout de l’Eglise catholique, les nouvelles pensées théologiques sont évidemment moins contrôlées. Elles gardent cependant leur importance, à la fois en fonction de la prégnance religieuse du continent et de l’intérêt politique du fait religieux. Cela n’empêche nullement les dernières productions de la théologie de la libération de rester une théologie, établissant de façon claire les frontières avec la philosophie ou les sciences sociales. Il s’agit donc d’une réalité bien vivante, même si elle n’est plus aussi visible que du temps où elle était produite au sein des institutions et où elle était moins pluraliste dans l’élaboration de ses lieux "théologiques".

Bibliographie


— Alternatives Sud, Théologies de la libération, Louvain-la-Neuve : Centre Tricontinental, Paris : L’Harmattan, 2000.

— ANTOINE Ch., Guerre froide et Eglise catholique, L’Amérique latine, Paris, Ed. Du Cerf, 1999.

— AQUINO M.P. TAMEZ E., Teología feminista latinoamericana, Quito, Abya-Yala, 1998.

— Primer Encuentro continental de teologías y filosofías afro, indígena y cristiana, Layambe-Ecuador, Quito, Ed. Abya-Yala, 1995.

— GEBARA I., Le Mal au féminin, Paris, L’Harmattan, 2001.

— HINKELAMMERT F.J., El sujeto y la ley - El retorno del sujeto reprimido, Heredia (Costa Rica), Editorial Universidad Nacional, 2005.

— HOUTART F., Délégitimer le capitalisme, recréer l’espérance, Bruxelles, Colophon, 2005.

— GUTIERREZ G., Théologie de la libération, Bruxelles, Lumen Vitae, 1969.

— MADURO O., La théologie latino-américaine de la libération : une autocritique, Dial, Dossier 2874, mai 2006. http://www.dial-infos.org/01_com/html01_com/cadre.html

— TAMAYO-ACOSTA J.J., Las teologías de Abya-yala : valorización desde la teología sistemática, (texte inédit).

— VIGIL J.M., Teología del pluralismo religioso : curso sistemático de teología popular, Cordoue, Ed. El Almendro, 2005.


En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

Source : Forum mondial des Alternatives (http://www.forumdesalternatives.org), juin 2006.

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17 septembre 2006 7 17 /09 /septembre /2006 22:50
Pour un rassemblement antilibéral de gauche

et des candidatures communes. http://www.alternativeunitaire2007.org

 

Article d'Henri Mermé à paraitre dans "Rouge & Vert", hebdomadaire national des Alternatifs

LE 10 SEPTEMBRE A SAINT-DENIS : UNE BELLE JOURNEE


La grande salle de la Bourse du Travail de Saint-Denis était pleine à craquer. Six cent personnes dont 450 délégué-e-s représentants 232 collectifs sur les 460 officiellement recensés - on devrait tendre vers les 1000 assez rapidement - étaient présentes à cette réunion des collectifs unitaires et populaires pour des candidatures communes de la gauche antilibérale aux échéances électorales de 2007. Une réunion dont la réussite était une condition de la poursuite dans les meilleures
conditions de cette initiative afin d'éviter la catastrophe poltique que représenterait la multiplication des candidatures sur la gauche du PS, laissant le champ libre au casting déjà annoncé par les grands médias d'un duel entre la gauche molle et la droite dure avec Le Pen en embuscade.

La discussion principale sur laquelle les participant-e-s avaient été mandatés portait sur le texte « ambition-stratégie-candidatures » émanant du Collectif National d'Initiative et portant sur les trois questions essentielles, axes de cette démarche unitaire.

Ce texte fut présenté par Claude Debons :

1) battre la droite et ouvrir une autre voie à gauche

2) la campagne unitaire et populaire

3) procédure pour le choix de nos candidats.

Le ton général des interventions était que ce texte allait dans le bon sens, qu'il précisait mieux que l'appel initial qu'il était hors de question de participer à un quelconque remake de la gauche plurielle dominé par le PS et que la victoire du Non au projet de traité constitutionnel montrait que l'hégémonie électorale à gauche du social-libéralisme n'est pas inéluctable.

Le représentant officiel de la LCR vint une nouvelle fois nous dire que ce texte n'était toujours pas clair. Il faut bien trouver une justification à la volonté de ce mouvement de jouer solo pour le compte de sa seule boutique !

Certains souhaitaient encore gauchir ce texte au risque de rompre l'équilibre politique auquel les rédacteurs avaient abouti, ceci ne pouvait donc pas être accepté par toutes les sensibilités et donc ne fut pas retenu. Des amendements furent en revanche ajoutés au texte initial pour l'enrichir , notamment en insistant sur les questions écologiques et sociétales, mais sans modifier la ligne politique générale. Le texte fut adopté à la quasi-unanimité.

Une première présentation du texte programmatique par Yves Salesse devait insister sur le fait que celui-ci était largement inspiré par la Charte des collectifs du 29 mai, pour laquelle toutes les sensibilités partie prenantes avaient donné un avis favorable, mais que celui-ci devant servir de base à un programme électoral, devait être retravaillé et donc que le travail qui devrait être plus collectif, était loin d'être achevé.

La quasi-totalité des intervenant-e-s ont manifesté leur volonté d'aboutir et leur impatience de commencer une campagne jusqu'à présent limitée aux milieux militants, de la rendre visible et populaire, de la personnaliser enfin. Les conditions politiques n'étant pas réunies pour annoncer le lancement proprement dit de cette campagne de la gauche de gauche, il fallait cependant donner un coup d'accélérateur pour permettre de la rendre plus lisible, aussi une série de décisions a été prise.

Le calendrier de désignation du ou de la candidat-e- a été défini : Dépôt des candidatures au plus tard le 1er octobre, réunion finale de décision à la mi-novembre. Multiplication des initiatives en particulier par l'organisation de réunions publiques en régions. Enfin pour mieux
personnaliser notre démarche un groupe de porte-parole - provisoire pour la période de lancement de la campagne - regroupant les sensibilités politiques dont la nôtre, et des « personnalités » a été mis en place.

Un pas important, celui de la définition d'une stratégie et des moyens de la mettre en ouvre, a donc été franchi ce 10 septembre. Le deuxième pas, sur le programme (une réunion est programmée pour le 14 octobre) ne devrait guère poser de problème. Restera, bien sûr, le plus difficile la désignation - le texte adopté préconisant que cela se fasse au consensus - du ou de la candidat-e à l'élection présidentielle.

 

Rien n'est encore définitivement gagné même si une étape importante vient d'être franchie, mais qui aurait parié, il y a encore quelques mois, que cette perspective de candidatures de la gauche de gauche puisse devenir réalité?


Henri MERME

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