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28 août 2006 1 28 /08 /août /2006 21:33
Paris, le 20 juillet 2006
Syndicat de la magistrature
12-14 rue Charles Fourier
75013 PARIS
tel 01 48 05 47 88
fax 01 47 00 16 05
mail : syndicat.magistrature@wanadoo.fr site : www.syndicat-magistrature.org

Observations

Projet de loi sur la prévention de la délinquance
Sénat
 

Annoncé depuis près de 3 ans par le ministre de l'intérieur, le projet de loi sur la prévention de la délinquance est enfin officiellement présenté au parlement.
Il propose un ensemble de dispositions à la fois cohérentes dans leur approche et disparates dans leur objet, couvrant non seulement l'articulation institutionnelle des dispositifs de prévention de la délinquance (contrats locaux de sécurité, politique d'action publique des parquets), mais encore le développement d'une intervention du maire dans le champ de l'action sociale, une réforme du régime de l' hospitalisation psychiatrique sous contrainte ou une réforme de la procédure pénale applicable aux mineurs délinquants. Alors que de nombreux textes votées à l'initiative de l'actuelle majorité ont déjà aggravé la pénalisation de certains comportements (loi sur la sécurité intérieure, loi sur la sécurité routière, loi sur le traitement de la récidive, loi sur la prévention et la répression des violences au sein du couple...), largement réformé la procédure pénale, y compris concernant les mineurs (lois Perben I et Perben II) et développé les dispositifs de contrôle des familles considérées comme défaillantes (loi de cohésion sociale, loi sur l'égalité des chances) ce texte est essentiellement consacré à une nouvelle aggravation de la répression pénale plutôt qu'à un développement de la prévention.
Surajoutant de nouvelles dispositions à des textes récemment votés, certaines de ses dispositions apparaissent en outre en contradiction avec certaines orientations du projet de loi sur la protection de l'enfance actuellement en discussion.
En fait aucune de ces dispositions ne répond à une nécessité. Ce texte correspond manifestement à une volonté d'affichage politique à la veille des échéances électorales. Il privilégie une approche sécuritaire stigmatisant diverses catégories de personnes en difficultés : personnes en difficulté sociale, enfants, consommateurs de stupéfiants, malades mentaux, proposant de les soumettre à une surveillance accrue, progressivement vidée de toute dimension d'aide et de soutien, c'est à dire de toute approche réellement préventive.
I-Le rôle du maire : la confusion institutionnelle (article 5 à 9 du projet de loi) :
Au delà du rôle qui lui est reconnu dans la coordination des dispositifs de prévention notamment dans le cadre des contrats locaux de sécurité, rôle affirmé par l'article 1er du projet de loi, les articles 5 et suivants du projet de loi proposent de donner au maire un rôle de coordonateur, voire d'intervention directe dans le champ de "l'action sociale et éducative".
La désignation d'un coordonnateur
Le maire pourrait ainsi désigner un coordinateur pour "assurer une meilleure efficacité de l'action sociale" lorsque "la gravité des difficultés sociales, éducatives et matérielles" d'une personne appelle l'action de plusieurs intervenants sociaux.
La rédaction retenue est en retrait au regard des propositions qui ont circulé avant le dépôt du projet de loi.
Le champ d'application est délimité de manière plus stricte, par la référence à la gravité des difficultés rencontrées. De même, le coordonnateur est désigné parmi les travailleurs sociaux qui interviennent déjà auprès de l'usager concerné et ne constitue donc pas un nouvel intervenant.
Néanmoins, actuellement l'action sociale ressort de la compétence des conseils généraux (article L121-1 du CASF) qui définissent et mettent en oeuvre la politique d'action sociale et coordonnent les actions menées sur leurs territoires. C'est à ce titre que les conseils généraux sont à la fois responsables du service départemental de l'action sociale, du service de l'aide sociale à l'enfance et de la protection maternelle et infantile. Ces services sont d'ailleurs organisés sur une base territoriale commune de nature à permettre la coordination de leurs interventions.
Ainsi, le service social polyvalent des conseils généraux a déjà une vocation naturelle à orienter les usagers vers les divers partenaires compétents pour répondre à leur besoins, et à appréhender les situations de manière globale pour aider les personnes en difficulté "à retrouver ou à développer leur autonomie de vie" (article L 123-2 CASF).
Rien ne permet de prendre pour acquises les allégations de l'exposé des motifs selon lesquelles, il existerait de réels obstacles institutionnels à la coordination des interventions. Si des obstacles juridiques pouvaient subsister en matière de partage d'information, les dispositions du projet de loi sur la protection de l'enfance sont de nature à les lever définitivement et à valider les pratiques actuelles de "secret partagé".
En fait, cette intervention du maire répond manifestement à la volonté de lui permettre, en application de l'alinéa 4 du nouvel article L. 121-62 du CASF, d'accéder à des informations aujourd'hui confidentielles. Il s'agit de lui permettre de mettre en oeuvre les prérogatives qui pourraient lui être attribuées dans le cadre du conseil des droits et devoir des familles, ainsi que dans le cadre de la procédure de rappel à l'ordre prévue par l'article L. 2212-2 -1 nouveau du code général des collectivités territoriales (article 8 du projet).
La même logique justifie la transmission des avertissements adressés par l'inspection académique aux familles en cas d'absentéisme scolaire.
L'intervention du maire et la désignation systématique par ses soins d'un coordonnateur est en fait inutile et dangereuse. Elle constituera une source de confusion institutionnelle et de difficultés dans le fonctionnement des réseaux de décision et d'information. Le bloc de compétence reconnu au département en matière d'action sociale se trouvera fragilisé.
Dans sa rédaction initiale, la loi égalité des chances confiait au maire le soin le proposer aux familles la souscription d'un contrat de responsabilité parentale. Finalement, sans doute en considération de ses compétences naturelles, ce rôle a été confié au président du conseil général. Il serait incohérent de revenir sur cette orientation, surtout alors même que le projet de loi sur la protection de l'enfance actuellement en discussion renforce encore le champ d'intervention du conseil général en matière d'actions préventives concernant l'enfance.
Le conseil des droits et devoirs des familles
Il apparaît encore particulièrement inopportun de confier au maire des pouvoirs d'intervention éducative dans la vie des familles dans le cadre d'un conseil des droits et devoirs des familles (article 6 du projet de loi). Ce dispositif, orienté vers le traitement des situations révélatrices de risques de danger ou de carences éducatives concernant les enfants, ressort là encore de la compétence actuelle du service de l'aide sociale à l'enfance du conseil général en matière de protection de l'enfance (a L 221-1 CASF). Il y a là encore un brouillage des rôles vis à vis des usagers. Le risque existe aussi que ces derniers puissent se trouver confrontés à des injonctions contradictoires.
Les familles seront en effet confrontées à une multitude d'interlocuteurs abordant les mêmes problèmes et susceptibles de proposer des solutions identiques ou contradictoires. Tel est particulièrement le cas en ce qui concerne le défaut d'assiduité scolaire qui peut faire l'objet d'un réponse propre à l'éducation nationale, voire justifier un signalement à l'aide sociale à l'enfance ou directement à l'autorité judiciaire de la part du service social de l'éducation nationale, tout en étant traité dans le cadre d'un contrat de responsabilité parentale par le président du conseil général ou dans le cadre du conseil des droits et devoirs des familles par le maire. La nécessité de lutter contre la déscolarisation constitue d'ailleurs une très mauvaise justification des dispositifs envisagés. Il n'est pas possible de laisser croire que l'absentéisme scolaire ou la déscolarisation des enfants d'âge scolaire ne serait actuellement pas pris en compte par les services chargés de la protection de l'enfance. D'après le rapport 2005 de l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (ODAS) les problèmes d'éducation, caractérisés notamment par des difficultés scolaire aiguës figurent parmi les principales sources de risques (plus de 40 % des cas) chez les enfants dont la situation a été signalée à l'aide sociale à l'enfance ou à la justice. L'approche qui justifie le projet de loi, qui fait reposer la responsabilité de l'absentéisme sur les parents, apparaît outrageusement simplificatrice.
La confusion institutionnelle se retrouve en ce qui concerne l'aide à la gestion ou le contrôle de gestion des prestations familiales. Cette question pourra de la même manière être abordée par de multiples intervenants : président du conseil général dans le cadre du contrat de responsabilité parentale, ou par la mise en place d'une mesure d'accompagnement en économie sociale et familiale telle que prévue dans le projet loi sur la protection de l'enfance, maire dans le cadre du conseil des droits et devoirs des familles, autorité judiciaire saisie en vue d'une mesure de tutelles... Cette question est une nouvelle fois abordée sous l'angle de la sanction. Comme dans le cadre du contrat de responsabilité parentale la privation des prestations familiales est envisagée comme instrument de contrainte à l'encontre de familles considérées comme défaillantes. Au contraire de la mesure de tutelles aux prestations familiales qui permet, sous le contrôle d'un juge, la mise en place d'une gestion de substitution assurant une utilisation des prestations conforme à leur destination, ces dispositifs aboutissent à priver la famille de ressources indispensables à l'éducation des enfants. L'intérêt supérieur de ceux-ci est ainsi perdu de vue. Il convient par conséquent à la fois de s'opposer à ces nouvelles dispositions et d'abandonner le principe du contrat de responsabilité parentale institué par la loi égalité des chances.
Le souci de conserver à la mesure de tutelles aux prestations familiales ses objectifs propres justifie aussi l'opposition aux dispositions de l'article 7 du projet de loi qui permettent la désignation du coordonateur comme tuteur aux prestations sociales.
Loin de prendre en compte la complexité des situations des familles en difficulté, ces dispositions participent d'une vision simpliste et alimente un discours qui, sous couvert de responsabilisation, aboutit en fait à une disqualification des parents dans leur fonction parentale.
Le rappel à l'ordre par le maire
Le risque de confusion institutionnelle est encore accru par le cumul des pouvoirs qui pourraient être confiés aux maires : rappel à l'ordre prévu par l'article L212-2-1 nouveau du Code général des collectivités territoriales, pouvoirs et informations en matière d'hospitalisation psychiatrique.
Après avoir donné le pouvoir au maire de s'immiscer dans le traitement de certaines infractions pénales (article 44-1 du code de procédure pénale créé par l'article 50 de la loi égalité des chances), il est proposé de lui reconnaître un pouvoir de rappel à l'ordre verbal "lorsque des faits sont susceptibles de porter atteinte au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité, ou à la salubrité publique". Dans une rédaction antérieure le texte prévoyait de permettre ce rappel à l'ordre "lorsque des faits portent atteinte aux règles régissant la vie sociale". L'actuelle rédaction tente de mieux définir le champ de cette mesure en faisant expressément référence aux pouvoirs de police du maire. La nature des faits concernés reste cependant indéfinie. L'exposé des motifs est à cet égard parfaitement silencieux. Il vise d'ailleurs uniquement les faits qui seraient commis par les mineurs. Il apparaît ainsi qu'il s'agit de créer une nouvelle forme de réponse aux "incivilités" qui viendrait encore se surajouter à des réponses déjà multipliées ces dernières années, non seulement par le vote des dispositions de la loi égalité des chances, mais surtout par le développement des mesures alternatives aux poursuites mises en oeuvre par les parquets : mesures de réparation pénale et rappels à la loi. Le caractère flou du champ d'application de cette mesure exposera les usagers à des réponses multiples et parfois incohérentes, la mise en oeuvre d'un rappel à l'ordre municipal n'excluant pas une réponse judiciaire. Cette mesure participe d'une confusion des rôles entre autorité municipale et autorité judiciaire. L'extension des dispositions de la loi égalité des chances permettant au maire de proposer au procureur de la République une transaction, pour certaines infractions constatées par les policiers municipaux, aux communes employant des gardes champêtres (article 46) participe de la même logique
Ces dispositions tendent ainsi à confier au maire des prérogatives qui empiètent largement sur les missions actuelles d'autres institutions, sans qu'aucun gain réel puisse être attendu de cette intervention. L'intervention de chaque institution risque d'y perdre en cohérence et en lisibilité pour les usagers, c'est à dire en efficacité. Enfin, la mise en place de ces dispositifs dans des communes de taille modeste (la constitution du conseil des droit et devoirs des familles serait obligatoire dans les communes de 10.000 habitants) exposerait les usagers à des risques d'atteinte à la vie privée. De leur côté les maires de petites communes vont se trouver investis de lourdes responsabilités nouvelles, dont ils ne sont pas majoritairement demandeurs, et qu'ils auront sans doute du mal à assumer.
II-L'hospitalisation psychiatrique : la prééminence des préoccupations d'ordre public (articles 18 à 24 du projet de loi) :
Les dispositions relatives à la réforme du régime des hospitalisations sous contrainte, loin de répondre au souci de meilleure prise en charge des malades et de "protection des plus vulnérables" hypocritement affiché par l'exposé des motifs, sont au contraire animées par un souci renouvelé de faire prévaloir des préoccupations d'ordre public. Elles constituent de ce point de vue une régression par rapport à une évolution marquée par la volonté de limiter au maximum le recours à l' hospitalisation sous contrainte et d'assurer une protection plus efficiente des libertés individuelles, préoccupations qui animaient la réforme de 1990.
Il est ainsi proposé de faire du maire le responsable en première intention de toutes les hospitalisations d'office, et non plus seulement en cas de danger imminent comme c'est actuellement le cas (articles 21 et 22 modifiant les articles L. 3213-1 et 2 du code de la santé publique). Le représentant de l'Etat n'interviendrait qu'a posteriori pour confirmer la décision initiale, le délai de cette confirmation étant par ailleurs porté de 48 à 72h. Confiée au maire, la décision initiale d'hospitalisation risque d'être beaucoup plus influencée qu'actuellement par les préoccupations de tranquillité du voisinage. La possibilité ouverte de prononcer un arrêté d'hospitalisation sur simple "avis médical", répond à la même logique, de même que la possibilité de "retenir" la personne concernée dans une structure médicale prévue à l'alinéa 2 du nouvel article L 3213-1 CSP. Il convient au minimum de supprimer la possibilité d'internement sur simple avis médical. L'organisation du service public doit permettre l'examen des patients et la délivrance d'un certificat médical circonstancié en temps utile.
Dans le même état d'esprit, l'article 20 de la loi organise une séparation étanche des régimes d'hospitalisation à la demande d'un tiers et d'hospitalisation d'office. Ainsi, les personnes causant par les manifestations de leurs troubles mentaux un trouble grave à l'ordre public ou compromettant la sûreté des personnes ne pourraient plus être hospitalisées sous contrainte à la demande de leur proches, mais uniquement sur décision administrative. Cette mesure participe de la logique de stigmatisation de la maladie mentale qui anime ce texte et du discours de défiance envers les professionnels de santé. Elle s'articule avec la création d'un fichier national des personnes hospitalisées d'office, ainsi qu'avec la possibilité réaffirmée par l'article 23 de la loi de permettre à l'administration de s'opposer à l'avis des soignants en recourant à l'expertise, ou par l'article 24 qui transfère à l'administration le pouvoir de mainlevée des hospitalisation sous contrainte des personnes déclarées pénalement irresponsables.
Le rapprochement de la décision initiale des préoccupations d'ordre public que traduit la responsabilité confiée au maire, doit être contrebalancée par un raccourcissement du délai de réexamen par le représentant de l'Etat. Actuellement de 48h, il pourrait être réduit à 24 h, au lieu d'être porté à 72.
La création d'un fichier national recensant les personnes hospitalisées d'office constitue une des manifestations les plus emblématiques de cette approche sécuritaire de la maladie mentale. L'exposé des motifs justifie cette création par la nécessité pour les autorités de disposer d'informations nécessaires à la prise de décision d'hospitalisation d'office. Cependant, cette décision ne peut en l'état des textes, même modifiés être justifiée par la prise en compte de précédents résultant d'une sorte de nouveau casier judiciaire psychiatrique, mais de la constatation de troubles à un moment donné et des atteintes portées à l'ordre public ou à la sûreté des personnes. Cette justification est donc sans fondement. La création de e fichier correspond en fait à la volonté de désigner les malades ayant fait l'objet d'une hospitalisation d'office comme suspects a priori. C'est ce qui explique que l'accès des autorités judiciaires et policières soit d'emblée prévu.
Or, au delà de faits divers emblématiques, rien ne permet actuellement de considérer que les personnes faisant l'objet d'hospitalisation d'office présentent des traits de dangerosité plus accusés que le reste de la population. Dans ces conditions rien ne justifie de désigner ces personnes comme suspects privilégiés et de créer un nouveau fichier informatique à cette fin.
III-Le traitement de la délinquance des mineurs :
L'augmentation de la délinquance des mineurs, une délinquance qui serait le fait de mineurs de plus en plus jeunes, une délinquance de plus en plus violente et une impunité entretenue par la loi justifierait la réforme.
Ces constats doivent cependant être relativisés. Sur une période de 10 ans (1994 à 2004, dernière statistique disponible), la part des mineurs dans les personnes mises en cause dans la délinquance constatée par les services de police et de gendarmerie est passée de 14 à 18 %. Le nombre des procédures traitées par les parquets mettant en cause des mineurs représente en 2005 143.000 procédures, nombre qui doit être rapporté aux 1.400.000 affaires susceptibles de faire l'objet de poursuites de la part des parquets à la même période. Rien ne vient par ailleurs réellement accréditer l'idée d'un accroissement notable de la violence des mineurs. Les atteintes aux biens restent en effet prépondérantes parmi les infractions dans lesquelles ils sont impliqués.
Au contraire, le taux de réponse pénale aux affaires impliquant des mineurs est passé de 77,7 % en 2000 (première année de publication de ce chiffre) à 85 % en 2005, alors qu'il se situe pour les majeurs à 77 % à la même date. Cette augmentation de la réponse pénale face aux faits constatés impliquant des mineurs s'est essentiellement traduite par l'explosion des alternatives aux poursuites (médation-réparation, rappel à la loi). Inexistantes en 1994, ces mesures dépassent en 2005 le nombre de 63.000. Sur la même période le nombre des décisions de poursuites par les parquets a lui aussi augmenté, passant de 45.000 à 58.000 (sources annuaire statistique de la justice et infostat justice mars 2006).
La diminution du seuil de tolérance des institutions constitue ainsi en réalité le fait le plus notable concernant l'évolution du traitement de la délinquance des mineurs.
L'ordonnance du 2 février 1945 a été réformée une vingtaine de fois dont 3 au cours de la présente législature. Si la primauté de l'approche éducative reste affirmée, la palette des réponses en terme de mesures et de procédures est largement diversifiée. Les réformes successives tendent à accroître la maîtrise du parquet sur le déroulement de la procédure (par exemple par le développement de la convocation par OPJ pour mise en examen ou jugement), à développer des réponses rapides (pratique du déferrement permettant la mise en examen au sortir de la garde à vue et le prononcé de mesures provisoires pouvant aller jusqu'au contrôle judiciaire et à la détention provisoire, création par la loi Perben I de la procédure de jugement à délai rapproché et de la faculté ouverte au parquet d'imposer au juge des enfants de faire comparaître le mineur dans un délai d'un mois à 3 mois (article 8-2 de l'ordonnance) etc...). La loi Perben I a aussi créé de nouvelles mesures, dites "sanctions éducatives" pouvant être prononcées à partir de l'âge de 10 ans. Elle a en outre élargi le domaine de la contrainte en créant les centres éducatifs fermés et en élargissant les possibilités de placement sous contrôle judiciaire et de détention provisoire concernant les mineurs de 13 à 16 ans.
Enfin, il n'est pas inutile de rappeler qu'il n'existe aucune impunité pénale systématique en dessous de l'âge de 13 ans. Tout mineur doué de discernement peut être déclaré coupable d'infraction pénale. Les mineurs de moins de 13 ans peuvent être l'objet d'une mesure éducative prononcée en chambre du conseil par le juge des enfants. Les enfants de 10 à 13 ans peuvent en outre se voir infliger une sanction éducative prévue à l'article 15-1 de l'ordonnance du 2 février 1945. Enfin, l'atténuation de peine liée à la minorité n'est pas absolue. La cour d'assises ou le tribunal pour enfants peuvent l'écarter pour les mineurs de plus de seize ans lorsque la gravité des faits ou la personnalité des mineurs le justifient (article 20-2 de l'ordonnance).
Nombre des mesures adoptées depuis 2002 n'ont pas fait la preuve de leur utilité pratique et n'ont été que très peu utilisées. C'est particulièrement le cas de la procédure de jugement à délai rapproché. Il en est de même des sanctions éducatives (1 sanction concernant des moins de 13 ans en 2005 et 5 en 2006 d'après les chiffres de prise en charge de la PJJ). Pourtant, le projet de loi poursuit dans la voie d'une approche essentiellement répressive plus qu'éducative, privilégiant une réponse aux actes sur une prise en charge éducative dans la durée. La dimension propre à la délinquance des mineurs est progressivement mise en cause.
Ainsi, l'application des dispositions de l'article 399 du code de procédure pénale à l'audiencement du tribunal pour enfants va encore accentuer la pression des parquets sur le fonctionnement des tribunaux pour enfants. Les préoccupations d'ordre public risquent ainsi de prendre un peu plus de le pas sur les considérations éducatives et l'équilibre entre les fonctions civiles et pénales de la juridiction des mineurs risque d'être rompu.
L'article 35 de la loi prévoit d'étendre aux mineurs la mesure de composition pénale. Aucune garantie n'est prévue pour assurer dans ce cadre la prise en compte de l'état de minorité du mis en cause, sauf en ce qui concerne la nécessité de l'accord des représentants légaux. Il n'est notamment pas prévu l'intervention obligatoire et préalable d'une enquête sur la personnalité du mineur, ne serait-ce que sous la forme d'une procédure de renseignement socio-judicaire confiée à la PJJ. Le juge des enfants dont le rôle consiste à accompagner judiciairement l'évolution d'un mineur, avec le concours des services éducatifs qu'il désigne, se trouve cantonné à un rôle d'homologation.
De même, il est proposé de modifier la procédure de jugement à délai rapproché, d'une part pour en étendre le champ d'application par l'abaissement des seuils de peine encourue permettant de la mettre en oeuvre (de 5 ans à 3 ans dans le cas normal, et de 3 ans à un an en cas de flagrance), d'autre part en permettant au mineur de renoncer au délai de comparution minimal de 10 jours, autorisant ainsi sa comparution immédiate devant le tribunal pour enfants. Il est donc proposé l'instauration d'une quasi comparution immédiate des mineurs. A titre de comparaison il n'est pas inutile de rappeler que la comparution immédiate peut être utilisée pour les majeurs lorsque la peine encourue est d'au moins 2 ans et en cas de flagrance lorsqu'elle est d'au moins 6 mois. Enfin cette érosion de l'approche personnalisée de la situation des mineurs est complétée par le rallongement de 12 mois à 18 mois maximum de l'ancienneté des renseignements de personnalités dont doit disposer préalablement la juridiction pour utiliser valablement cette procédure. Alors même que la procédure de comparution immédiate applicable aux majeurs fait l'objet de vives critiques à raison des atteintes qu'elle porte aux droits de la défense, il est particulièrement inopportun d'étendre le même type de procédure aux mineurs. Le texte prévoit que le mineur puisse consentir, en présence de son avocat, à une telle procédure, sans que l'accord de ses représentants légaux soit requis. Une telle mise à l'écart des parents pour un acte aussi important exprime en creux la philosophie principale de cette disposition : la recherche d'une répression accrue.
L'article 37 3° du projet de loi étend une nouvelle fois les possibilités de contrôle judiciaire et, corrélativement, de détention provisoire, concernant les mineurs de moins de 16 ans en rendant cette mesure possible en matière délictuelle lorsque la peine encourue atteint 7 ans, même lorsque le mis en examen n'a pas fait l'objet de mesures éducatives antérieures. Cette mesure constitue une rupture manifeste avec l'esprit de l'ordonnance de 1945.
L'effacement de la spécificité du traitement de la délinquance des mineurs se retrouve aussi au niveau de certaines nouvelles règles de fond qui sont proposées au terme de ce projet de loi : limitation des possibilités de prononcer des admonestations ou des remises à parents, création d'une nouvelle sanction éducative sous forme de placement d'une durée d'un mois.
La limitation des possibilités de prononcer plusieurs admonestations ou remises à parents à l'encontre du même mineur en raison de la commission dans la même année de plusieurs infractions assimilées au regard de la récidive (article 36 3°) est particulièrement inopportune. 6
Cette règle empêchera le juge des enfants de tirer les conséquences de situations qui, s'agissant de mineurs peuvent évoluer positivement rapidement, y compris entre la date des faits et le jugement. L'adaptation de la réponse judiciaire à la gravité objective des faits s'en trouvera entravée. On peut même craindre le prononcé de mesures éducatives disproportionnées ou inutiles (notamment de liberté surveillée) qui viendront surcharger les services éducatifs qui le parviennent déjà pas à prendre en charge les mesures qui leur sont confiées en temps utile.
La mise en oeuvre de la sanction éducative de placement d'une durée d'un mois va imposer la création nouveaux établissements répondant à l'objectif fixé et à ce délai de prise en charge. Ce sont ainsi une nouvelle fois des moyens qui seront distraits au détriment des établissements éducatifs classiques qui en manquent cruellement. Cette mesure apparaît en outre par sa durée et le contenu qui lui est fixé, dépourvue de toute réelle portée éducative. Une mesure d'activité de jour est créée, applicable dès 13 ans, qui peut faire craindre une nouvelle remise en cause de l'interdiction de faire travailler les enfants de moins de 16 ans (après l'adoption du pré-apprentissage à 14 ans).
Enfin, la création d'une mesure "d'avertissement solennel" (article 39), pouvant être prononcée à la fois comme sanction éducative (a 15-1 de l'ordonnance de 1945) et comme mesure éducative par le tribunal pour enfants (article 16 de l'ordonnance) confine au ridicule. Il sera en effet illusoire de distinguer cette mesure de l'actuelle admonestation qui peut être prononcée par le juge des enfants en chambre du conseil (article 8 de l'ordonnance). La possibilité de sanctionner le non respect éventuel de cet avertissement prononcé en tant que sanction éducative par un placement en application de l'article 15-1 dernier alinéa ne justifie pas la création de cette nouvelle mesure. En effet, le non respect d'une mesure d'avertissement résultera le plus souvent de la commission d'une nouvelle infraction qui ouvre toute possibilité de prononcer une mesure de placement à titre préjudiciel (article 10 de l'ordonnance). Ces dispositions apparaissent donc confuses et inutiles.
Au total, cette quatrième réforme du droit pénal des mineurs depuis 2002 aggraverait considérablement la logique à l'oeuvre depuis quelques années, en marginalisant l'action éducative, privée du temps et des moyens nécessaires, au profit d'une répression accrue, toujours plus rapide, en bridant la marge d'appréciation du juge. Le droit des mineurs se rapprocherait encore davantage de celui des majeurs, dans ses aspects les plus insatisfaisants. Ces orientations simplistes et démagogiques sont aussi inefficaces. Elles doivent être combattues.
IV-Le traitement pénal judiciaire des conduites addictives (articles 27 à 34) :
Par circulaire du 8 avril 2005 le ministre de la justice a défini la politique d'action publique en matière de lutte contre la toxicomanie et les dépendances. Au delà de l'affirmation selon laquelle une approche sanitaire doit être privilégiée, l'approche pénale des problèmes d'addiction, y compris en cas de simple usage et même pour les substances les moins nocives (cannabis), l'approche pénale est fortement réaffirmée. Le classement sans suite sans rappel à la loi doit ainsi être évité à tout prix, et, si les poursuites devant le tribunal correctionnel doivent être évitées, le recours à la composition pénale est encouragée. L'intervention judiciaire est ainsi conçue comme une voie de traitement normal de ce problème de santé publique et une voie d'accès vers les soins.
Les dispositions de l'actuel projet de loi sont inspirées par la même logique. Pourtant, l'utilisation de la voie pénale comme modalité de traitement d'un problème de santé publique, si grave soit-il, apparaît éminemment contestable. Elle ne peut qu'entretenir la confusion sur les véritables enjeux de santé publique.
En outre, le projet de loi comporte une aggravation de la répression pénale. L'ouverture de la possibilité de recourir à la procédure d'ordonnance pénale en matière d'usage de stupéfiants illustre particulièrement cette approche. Il en est de même de l'aggravation des peines encourues par certains usagers : agents de l'autorité publique, préposés des entreprises de transports. Il apparaît particulièrement excessif de porter à 3 ans d'emprisonnement la peine encourue dans ces cas, alors qu'au surplus les agents concernés sont exposés à des sanctions disciplinaires lourdes (licenciement, révocation ...).
Il en est évidemment de même de l'aggravation de la peine encourue pour des faits de provocation à l'usage dirigés vers des mineurs ou à l'entrée ou à la sortie d'établissements scolaires. (passage de 5 à 10 ans d'em prison nement, soit le maximum des peines délictuelles ... ).
Enfin, les dispositions prévues au 3° de l'article 28, autorisant des épreuves de dépistage au sein des entreprises de transport apparaissent elles aussi particulièrement critiquables. Les garanties prévues risquent de se révéler purement formelles. La pratique des parquets en matière de réquisitions de contrôles d'identité (article 78-2-1 du CPP) démontre que les procureurs de la République répondent la plupart du temps positivement aux demandes formulées par les policiers. D'autre part le caractère très flou du critère autorisant les épreuves de dépistage autorisera de fait la pratique de contrôles généralisés au sein des entreprises, en dehors mêmes de l'exercice effectif des activités profession nelles concernées. Les contrôles pourront en effet être mis en oeuvre dans les annexes et dépendances, ce qui inclut par exemple les vestiaires et espaces de repos.
IV-Les dispositions pénales et de procédure pénale diverses: La mesure de sanction-réparation (article 43 )
Il est proposé d'étendre aux majeurs la mesure de réparation applicable aux mineurs.
Il est cependant regrettable que cette mesure ne constitue pas une véritable alternative à l'emprisonnement. Contrairement à la règle applicable au travail d'intérêt général, le nouvel article 131-8-1 du code pénal réserve en effet la possibilité de cumuler cette mesure avec une peine d'emprisonnement. Or rien ne justifie de ne pas aligner le régime de ces deux mesures sur ce point, dans le souci de développer les alternatives à l'emprisonnement et plus précisément aux courtes peines.
De même, il est prévu que l'exécution de cette mesure, prononcée par la juridiction de jugement, soit mise à exécution et contrôlée par le parquet. Or, rien ne justifie de distinguer l'application de cette mesure des autres mesures restrictives de liberté. Il convient par conséquent que le juge de l'application des peines soit compétent pour la mise en oeuvre de la sanction-réparation.
Répression des violences au sein du couple (articles 15 et 16):
Alors que la loi relative à la prévention et à la répression des violences au sein du couple vient d'être votée, il est à nouveau proposé d'aggraver cette répression.
Le champ d'application du suivi socio-judiciaire serait étendu. Or, cette mesure présente un caractère exceptionnel en ce qu'elle emporte la possibilité d'une levée du secret médical lorsqu'est imposée une injonction de soins. Il n'apparaît donc pas justifié d'étendre son champ d'application au delà de la problématique particulière des infractions sexuelles pour lesquelles elle était initialement prévue. Cette extension paraît en outre inopportune au regard des difficultés rencontrées pour recruter des médecins acceptant de remplir la fonction de médecin coordonnateur. Les mesures de mise à l'épreuve ou de libération conditionnelle offrent un cadre suffisant à la fois du point de vue de la protection de la victime et d'un accompagnement socioéducatif des condamnés.
L'article 16 du projet loi propose en outre de permettre au médecin traitant constatant des violences au sein d'un couple de signaler les faits aux autorités de poursuite, sans l'accord du patient victime. Le statut de la victime est alors de fait aligné sur le statut de la victime mineure. Cette assimilation est en soi discutable. Elle risque de conduire à une intervention policière et judiciaire brutale dans des situations souvent complexes et qui nécessitent une certaine adhésion de la victime. On ne doit d'ailleurs pas exclure que le développement d'une telle pratique éloigne dans certains cas les victimes d'un contact avec un médecin afin d'éviter un signalement. A cette disposition qui s'inspire là encore d'une approche simpliste doit être préféré le développement de dispositifs d'accueil et d'accompagnement qui permettent aux victimes d'être entendues et aidées dans une démarche autonome de dépôt de plainte ou de dénonciation des faits.
Surveillance des délinquants sexuels :
Alors que depuis 1998 un ensemble de règles dérogatoires au droit commun propre à la délinquance sexuelle s'est développé, et, alors que la loi du 12 décembre 2005 sur le traitement de la récidive a encore accentué cette tendance, de nouvelles dispositions sont envisagées à ce sujet. Le condamné inscrit au FIJAIS pourrait se voir imposer de se présenter tous les mois aux services de police. Cette disposition serait obligatoire pour les récidivistes.
Cette mesure participe d'une surenchère concernant le traitement de ce type de délinquance. L'inscription au FIJAIS constitue déjà une mesure particulièrement stigmatisante par sa durée et les mesures qui lui sont accessoires (obligation de notification de changement d'adresse et de pointage). Il n'apparaît pas justifié d'en aggraver encore le régime, au risque d'handicaper encore davantage les condamnés dans leurs perspectives de réinsertion. Les dispositifs de surveillance et d'accompagnement éducatif (sursis avec mise à l'épreuve, libération conditionnelle, suivi sociojudiciaire ... ) et les obligations dont ils sont assortis offrent déjà une large palette de mesures pour prendre en charge ces délinquants.
Réhabilitation de plein droit :
Le rallongement des délais de réhabilitation de plein droit en cas de récidive et la remise en cause de l'effacement du bulletin numéro 1 du casier judiciaire participe de la même surenchère répressive.
Conclusions :
La présentation de ce projet de loi participe d'une logique de surenchère sécuritaire, sans rapport avec une amélioration de la politique de prévention de la délinquance.
Comme l'on récemment rappelé conjointement plus d'une vingtaine d'organisations (CGT, FSU, Solidaires, Ligue des Droits de l'Homme, SUD Santé-Sociaux, SUD C-T, SNPES-PJJ, SNEPAP, SNUASFP, SNU-Clias, SNES, SNUIPP, Syndicat National des Médecins de PMI, Syndicat de la Magistrature, Syndicat des Avocats de France, Union Syndicale de la Psychiatrie, Syndicat National des Psychologues, CNT, A.C.!, Collectif des Etudiants en Travail Social, Collectif pour les Droits des Citoyens Face à l'Informatisation de l'Action Sociale, Collectif "Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans", Syndicat de la médecine générale, Association nationale des Assistants Sociaux, Coordination Permanente des Organisations, France-CESF, Association Française des Magistrats de la Jeunesse et de la Famille, Interco-CFDT, FCPE), une politique de prévention de la délinquance ne saurait s'inspirer d'un mélange des genres entre relation d’aide, soutien éducatif, actions de prévention ou de soins d’une part et prévention de la délinquance d’autre part.
Il apparaît en revanche indispensable de valoriser réellement dans les pratiques des différents services et professions les approches partenariales et le travail en réseau, dans le respect du secret professionnel et des droits des familles. Or ces pratiques ne reposent actuellement bien souvent que sur la bonne volonté de quelques individualités. Leur développement suppose donc la prise en compte dans l'organisation du travail des temps de concertation, de favoriser la mise en œuvre de formations communes, et la prise en compte du travail partenarial dans l'évaluation des services et des agents.
Il est encore évidemment indispensable de doter les services, médecine scolaire, PMI, psychiatrie et pédopsychiatrie, PJJ, services sociaux, tribunaux pour enfants, de moyens à la hauteur de leurs missions, ce qui, de notoriété publique, n'est pas le cas.
Ce projet de loi justifie une opposition pure et simple.

   
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28 août 2006 1 28 /08 /août /2006 21:03
Interview de José Bové dans le monde
 
  
Pourquoi avoir décliné l'invitation des Verts à leur université d'été, qui a débuté jeudi 24 août, pour débattre avec Dominique Voynet, Nicolas Hulot et Corinne Lepage ?
J'ai décidé de n'aller à aucune université d'été et de privilégier le cadre unitaire de l'alternative antilibérale pour 2007. Tous les collectifs départementaux existant doivent se retrouver à Saint-Denis, le 10 septembre. Par ailleurs, je n'ai pas envie de servir de faire-valoir dans un débat confus en présence de certaines sensibilités écologistes se disant "apolitiques".

Mme Voynet entend incarner "tout le peuple écolo". Vous ne partagez pas cette ambition ?

Dominique Voynet a choisi de faire de la thématique écologiste un sous-produit du social-libéralisme. Avec mes amis de la minorité des Verts, je pense que la question de l'environnement est tellement centrale qu'elle ne peut se contenter d'un aménagement du système libéral et productiviste.

L'idée d'une candidature unitaire de la gauche antilibérale n'est-elle pas en train de patiner ?

Non, la dynamique existe sur le terrain militant avec plus de 300 collectifs de base. Il faut maintenant accélérer le processus. Et demander à certains courants politiques, qui en sont partie prenante, de clarifier leur position.

Le PCF n'a pas tranché entre l'alliance avec le PS, au risque d'y perdre son âme et même son organisation, ou l'unité des forces antilibérales, comme le souhaite majoritairement son électorat. La LCR, de son côté, affirme garder la porte ouverte à l'unité mais maintient la candidature d'Olivier Besancenot. Il est temps d'arrêter de jouer au chat et à la souris.

Veulent-ils, oui ou non, des candidatures unitaires, non seulement pour la présidentielle, mais aussi pour les scrutins qui vont suivre ?

Marie-George Buffet et Olivier Besancenot estiment chacun leur candidature légitime. Vous pensez être en meilleure position ?

Il est évident qu'un candidat unitaire à la présidentielle, voulant rassembler des courants politiques mais aussi syndicaux et associatifs, ne peut être le porte-parole de tel ou tel parti. Ce qui s'est passé le 29 mai 2005 avec la victoire du non au référendum l'a démontré : il y a une nouvelle donne citoyenne qui peut bouleverser les équations électorales classiques.

L'enjeu est d'incarner dans les urnes le mouvement contre la droite antisociale et pour une vraie alternative antilibérale. Reste à choisir le ou la candidate qui peut le mieux rassembler. Je suis prêt à assumer ce rôle dans une dynamique de victoire et pas seulement de témoignage, en menant une campagne collective qui tranche avec la logique de personnalisation.

Mais si c'est quelqu'un d'autre qui est choisi, cela ne me pose pas de problème ; je participerai à ses côtés à la campagne.

On vous reproche souvent d'être trop polarisé sur la lutte contre les OGM ou la malbouffe. Avez-vous un programme ?

C'est vrai que trente ans de syndicalisme paysan, ça forge un socle ! Mais avec la Confédération paysanne nous avons été les premiers à dénoncer les logiques de délocalisations dans le modèle néolibéral. Et il est évident qu'on ne pourra gagner des batailles sur la précarité, l'emploi ou les services publics sans remettre en cause certains accords internationaux.

Cela ne constitue pas un programme présidentiel avec des propositions sur l'emploi, le smic, la fiscalité...

Le collectif national pour une candidature unitaire travaille à une plateforme électorale. Parmi les mesures envisagées, il y a le smic à 1 500 euros, tout de suite, et la remise en cause des monstrueux écarts de revenus par la suppression des stock-options.

Sur l'emploi, il est impératif d'instaurer un nouveau statut du salarié qui assure une continuité contractuelle entre les périodes de travail et de chômage par la garantie de la rémunération et le maintien des droits sociaux. Cela doit s'accompagner d'un renforcement du contrôle des salariés sur la gestion de l'entreprise et un droit de veto pour les syndicats sur les délocalisations ou les OPA.

Enfin, il faut régulariser tous les sans-papiers en leur accordant un titre de séjour de dix ans. A-t-on oublié que l'Italie a régularisé 700 000 étrangers en 2003 et l'Espagne 600 000 en 2005 ? Et l'on accepterait de transiger aujourd'hui sur 30 000 sans-papiers dont les enfants sont scolarisés ? C'est indigne !

Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, vient de critiquer le danger de la multiplication des candidatures à gauche.

Il faut un débat entre la gauche qui souhaite rompre avec la logique économique libérale et celle qui, finalement, n'a comme ambition que de l'aménager ; entre la gauche 100 % à gauche et celle qui lorgne vers le centre. Si nous réussissons l'unité des antilibéraux, nous pouvons créer un autre rapport de forces entre ces deux gauches. Et gagner ! Je comprends que cela puisse inquiéter le PS...
Propos recueillis par Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 27.08.06
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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 19:47





















 José Bové prendra une décision définitive quant à une éventuelle candidature à l'élection présidentielle le mois prochain, rapporte Le Journal du Dimanche.

Le militant altermondialiste l'a confié à l'hebdomadaire cette semaine sur ses terres du Larzac, se disant "toujours disponible pour une candidature mais par rapport à une dynamique sociale".

Cette dynamique que l'ex-syndicaliste agricole prône "ne peut pas être reprise par un parti. En me présentant je ne chercherais à sauver aucune organisation politique".

Perçu par les Français dans les sondages comme le personnalité qui défend le mieux les intérêts des agriculteurs, José Bové dit se donner jusqu'à la fin de l'été car "des décisions définitives devront être prises en septembre, après il sera trop tard".

Interrogé sur une possible candidature de l'écologiste Nicolas Hulot, annoncée dans les colonnes du même journal il y a une semaine, José Bové l'écarte : "C'est tout sauf un politique et on ne peut pas se présenter à une élection sans projet, en annonçant seulement le chaos".

Source: Reuters 05.08.06 | 18h54

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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 19:03
Pour celles et ceux qui auraient voulu assister à la réunion des collectifs du 1er juillet (et qui disposent de temps!): la version "live" !

Nota 1: il vaut mieux disposer d'une connexion haut débit: les fichiers à télécharger sont lourds.
Nota 2: Les enregistrements s'entendent aussi avec un logiciel libre et multi-plateforme de diffusion audio et vidéo, VLC (http://fr.wikipedia.org/wiki/VideoLAN), que je vous recommande: il  est aussi universel qu'Acrobat Reader pour l'impression ...et vous évite de dépendre, en bons altermondialistes, de lecteurs "propriétaires"  produits par les transnationales.


Enregistrement AUDIO de la rencontre des Collectifs pour des candidatures unitaires le 1er juillet 2006

Comme si vous y étiez...
 
 
Prochaine rencontre des collectifs le 10 septembre, à la Bourse du travail à Paris : M° République.
 

Journée de rencontre des Collectifs,
le matin du Samedi 1er Juillet 2006 à Paris.

L'enregistrement ne débute qu'à partir de 10h00, après l'introduction de Claude Debons (Copernic), faute à mon retard (François Soltic, Paris 19°).
France Coumian (Collectif du 19° et non encartée) prend les tours de parole et Jean-François Gau (PCF) préside.
L'enregistrement stéréo est audible grâce à la bonne acoustique de la salle. L'enregistrement s'entend avec Real Audio Player ou bien Windows Media Player.

En première partie (vie des Collectifs locaux d'initiative, unitaires et populaires) : état des lieux.

Enregistrement 1 : WS-20350 (8 Mo) : Brest, Paris 18°, La Manche, Nantes, Deugny (93).

Enregistrement 2 : WS-20351 (7.3 Mo) : Gironde, Bouches du Rhône (Marseille), Calvados (Caen), Rhône.

Enregistrement 3 : WS-20352 (5.9 Mo) : Frank de Paris centre (point sur le WEB unitaire), Houilles, Suresnes.

Enregistrement 4 : WS-20353  (10.3 Mo) : PCF Marseille, Paris 12°, Syndicaliste Bouches du Rhône, Toulouse, Montreuil (93), Noisy le Grand, Paris 14°.

Enregistrement 5 : WS-20354 (9.2 Mo) : Doubs, Clermont-Ferrand, 1ère circonscription de l'Essonne, Rennes, Emmanuel Chenial : point sur les Collectifs, Claude Debons : conclusion.


Enregistrement 6 : WS-20355 (1.6 Mo) 
Deuxième partie (intro) : L'ambition : projet, stratégie, rassemblement. Débat. Introduction par Clémentine Autain (Regards), prises de parole Charlotte PRS Paris 19°, 
Alain Faradji (LCR-mino), préside.

Enregistrement 7 : WS-20356 (7.9 Mo) : Clémentine Autain (intro suite et fin), Lecture de la 1ère déclaration commune du CNIU (Collectif national d'initiative unitaire) sur le CESSEDA, Marseille.

Enregistrement 8 : WS-20357 (7.1Mo) : Aubagne, Paris-Centre, Les Alternatifs, Cactus La Gauche, Paris 18°, Paule ... ?, et encore ... ?

Enregistrement 9 : WS-20358 (5.4 Mo) : Toulouse, MARS (E.Coquerel), Paris 19°, Talence (Gironde).

Enregistrement 10 : WS-20359 (9 Mo) : Les Alternatifs, Romainville (93), Alternative citoyenne, Paris 19°, PCF, LCR, PC perso, Copernic.

Enregistrement 11 : WS-20360 (9.7 Mo) : Réseau Femmes-ruptures, Alter-ekolo, LCR-mino, Claire Villiers (Alternative citoyenne), Marie-José ...?, PRS Paris, Paris 10°, banlieue Lille.

Enregistrement 12 : WS-20361 (5 Mo) : Monique ... ?, Dijon, Manuel (étudiants), Roger ... ?, Haute-Savoie, Violet ... ?

Enregistrement 13 et der : WS-20362 (750 Ko) : Michel ... ?, Clémentine Autain (conclusion, fin).


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4 août 2006 5 04 /08 /août /2006 18:30
La folie des dirigeants israéliens


Il arrive un moment où le comportement d'un gouvernement et d'un commandement militaire (qui commande qui, d'ailleurs ?) échappe à l'analyse rationnelle.

Il y a, de la part d'Israël, un dérapage dans la folie, folie froide certes, toujours capable d'être argumentée au plan tactique, mais qui devient purement réactive et pulsionnelle, sans aucune perspective stratégique.
La journée d'aujourd'hui est particulièrement inquiétante de ce point de vue.
Au lieu de diminuer et de se concentrer sur les positions du Hezbollah, près de la frontière, l'agression israélienne, par l'usage particulièrement facile des bombardements, a gagné en intensité et en extension. Elle a dépassé toutes les attaques précédentes. Beyrouth, à nouveau bombardé (bientôt, on bombardera et rebombardera des ruines, summum de la folie !), des secteurs chrétiens bombardés, la plaine de la Bekaa bombardée... Cela n'a pas de sens de le réduire à une attaque militaire "rationnelle" contre les forces militantes du Hezbollah. Cette folie, pour autant qu'elle soit explicable, ne peut avoir qu'une seule raison d'être : terroriser un pays tout entier. Un terrorisme d'Etat à l'état pur.
Il y a actuellement, officiellement, 1 million de réfugiés. Mais il faut prendre la mesure du Liban, qui est un tout petit pays, au maximum de 4 millions d'habitants. 1 libanais sur 4 est en exode. En France, en proportion, cela donnerait 15 millions de réfugiés, partis à pied, à cheval, en voiture sur les routes (elles-mêmes bombardées régulièrement).
Difficile d'expliquer.
Soit la folie gagne les dirigeants israéliens, parce qu'ils avaient totalement sous-estimé la résistance du Hezbollah, parce qu'ils se croyaient militairement invisibles (et plus largement la résistance du Sud Liban, qui, probablement, mais nous ne sommes que très mal informé ici en France, comporte d'autres forces politiques que le Hezbollah, comme le PC Libanais qui, très justement, a rejoint la lutte armée), soit, avec le soutien inconditionnel des Etats-Unis, ils se croient tout permis. Les dirigeants d'Israël appliquent effectivement le principe : quand on échoue en frappant fort, frapper encore plus fort. Ils ne sont parvenus, avec cette logique, à aucun succès durable : la résistance palestinienne continue, la résistance libanaise montre ses capacités et, de toutes façons, va perdurer. Il y a folie, précisément parce qu'il y a échec.
C'est d'ailleurs ce qu'il peut y avoir d'inquiétant dans cette folie meurtrière : frapper encore plus fort, Israël le peut. Jusqu'à quand va-t-il s'abstenir d'utiliser des micro-bombes nucléaires ou des bombes  par aspiration d'oxygène ??? Il peut paraître fou d'envisager une telle hypothèse, mais, face à la folie, il faut envisager la folie... Il faudrait déjà absolument qu'on sache quels types de bombes Israël utilise actuellement.
L'avenir ?
La solution onusienne, pourtant habile, a pris aujourd'hui du plomb dans l'aile. L'un des mandats principaux sera de désarmer le Hezbollah et de protéger l'agresseur (Israël !).
Déjà il est clair qu'aucun pays arabe ne pourra, aux yeux de sa propre opinion publique, participer à la force de l'ONU déployée (la Jordanie l'a dit).
Pour les Etats Unis, ce sera difficile. Il se sont trop engagés aux côtés d'Israël pour paraître impartiaux. La Russie probablement s'abstiendra, comme d'habitude. Et la Chine reste une inconnue: il est possible qu'elle oppose son veto.
En clair, les principales forces militaires de la force d'intervention "robuste" de l'ONU seront... des européens.
Mais il n'existe pas que des gouvernements en Europe. Il existe aussi des peuples et de citoyens !!! Pourra-t-on accepter cette intervention (parfaitement pro-israélienne) et occupation d'une partie du territoire d'un Etat souverain (Le Liban) par une telle force, autour du mandat tel qu'il se négocie en ce moment ? Et comment fera-t-on pour désarmer le Hezbollah, avec, chaque jour davantage, l'hostilité de la majorité des Libanais ?
C'est peut être d'ailleurs l'une des causes de la folie meurtière des dirigeants israéliens : n'ayant aucune confiance dans cette force onusienne, ils veulent à tout prix écraser eux-même physiquement le Hezbollah. Mais, comme eux-mêmes l'ont reconnu, ils ne peuvent pas l'éliminer politiquement. Pourquoi alors la folie d'aujourd'hui ? Peut être parce que c'est une folie, tout simplement. C'est le Liban tout entier qui devient, pour eux, dangereux....

Philippe ZARIFIAN, le 4 août 2006

--
Forum des Alternatifs
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3 août 2006 4 03 /08 /août /2006 20:10
Modes de vie
Une personne handicapée sur quatre
ne part pas en vacances.
l



Un quart des personnes âgées de 20 à 59 ans déclarant au moins une déficience* ne part jamais ou presque jamais en vacances. Ceux qui partent sont peu à le faire plusieurs fois par an : près de 23% contre 34% pour les personnes valides. Les difficultés de mobilité sont sans doute pour une grande part dans cet état de fait. Même s’ils se multiplient, les efforts des collectivités, des moyens de transports, des hébergements, entre autres, ne sont pas encore assez significatifs pour rendre les déplacements de ces personnes beaucoup plus aisés. Mais les bas revenus de cette catégorie de la population expliquent également ce faible taux de départ en vacances. 17% d’entre elles sont au chômage, le handicap limitant fortement l’accès à l’emploi.

* Déficience : Manque, perte ou altération d’une fonction psychologique, physiologique ou anatomique, entraînant certaines incapacités, sans pour autant atteindre forcément l’ensemble de la personnalité. La déficience correspond à l’aspect lésionnel du handicap. Elle peut être sensorielle, motrice, intellectuelle, mentale ou englober plusieurs déficits.

Les vacances chez les 20-59 ans vivant en milieu ordinaire
Unité : %
  Personnes déclarant au moins une déficience
Personnes ne déclarant pas de déficience
Partez-vous en vacances ?    
Plusieurs fois par an 22,8 34,4
Chaque année ou presque 35,3 39,9
A peu près une année sur deux 8,9 8,0
Plus rarement 8,4 5,9
Presque jamais ou jamais 24,7 11,6
Total 100 100
Source données : Insee - Enquête "Handicaps, incapacités, dépendance " - réalisée d’octobre 1998 à la fin de l’année 2001.



 
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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 19:54
Le Mexique fracturé

par Ignacio Ramonet

Une fraude massive. Et indiscutable. M. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne l’a admis. Les vingt-cinq ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont exprimé leur « grave préoccupation ». « Il est important que nous transmettions de la manière la plus claire possible l’inquiétude de l’Union européenne et celle de tous les Etats membres sur le résultat de l’élection présidentielle », a déclaré le ministre néerlandais des affaires étrangères.

Reporters sans frontières rappelle que « cette élection intervient après quatre années d’une dégradation continue et sans précédent de la presse dans le pays ».

A Washington, des personnalités comme MM. Colin Powell, Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski ont affirmé que les Etats-Unis ne pouvaient pas reconnaître les résultats officiels. Le National Democratic Institute (NDI), présidé par Mme Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’Etat ; la Freedom House, dirigée par M. James Woolsey, ancien patron de la CIA ; l’American Entreprise Institute, impulsé par l’ex-président Gerald Ford ; ou encore l’Open Society Institute, piloté par M. George Soros, ont dénoncé des « manipulations massives » et réclament des « sanctions économiques ». Le sénateur Richard Lugar, président de la commission des affaires étrangères du Sénat et envoyé du président George W. Bush, n’a pas hésité à parler ouvertement, lui aussi, de « fraudes » : « Il est clair qu’il y a eu un programme vaste et concerté de fraudes le jour de l’élection, soit sous la direction des autorités, soit avec leur complicité.  »

Vous vous frottez les yeux ? Vous vous demandez comment de telles déclarations à propos de la récente élection présidentielle au Mexique ont pu vous échapper ? Vous avez raison d’être perplexe. Aucune des personnalités ou institutions citées ci-dessus n’a dénoncé ce qui vient de se passer au Mexique. Tous les commentaires rapportés - authentiques -, concernent l’élection présidentielle du 23 novembre 2004... en Ukraine [1].

La « communauté internationale » et les habituelles « organisations de défense des libertés », que l’on a connues si actives en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et encore récemment en Biélorussie, demeurent pour ainsi dire muettes devant le « coup d’Etat électoral » qui se commet sous nos yeux au Mexique [2]. On imagine le tollé planétaire si, en revanche, cette même élection s’était déroulée, par exemple, au Venezuela et si le vainqueur - par une différence donc d’à peine 0,56 % des votes - avait été... le président Hugo Chávez.

Le scrutin mexicain du 2 juillet opposait deux candidats principaux : M. Felipe Calderón, du Parti d’action nationale (PAN, droite catholique, au pouvoir), déclaré vainqueur (provisoire) du scrutin par l’Institut fédéral électoral (IFE), et M. Andrés Manuel López Obrador, du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche modérée).

Bien avant le début de la campagne, il était clair pour le président Vicente Fox (PAN) et les autorités au pouvoir que M. López Obrador avec son programme de lutte contre la pauvreté était le candidat à abattre. Par tous les moyens. Dès 2004, une manœuvre, à base de bandes vidéo clandestines complaisamment diffusées par les chaînes Televisa et TV Azteca, acquises au pouvoir, tentait de discréditer M. López Obrador. Vainement.

L’année suivante, sous le prétexte farfelu de non-respect des normes légales de construction d’une voie d’accès à un hôpital, il était condamné, écroué, et déchu du droit de se présenter à l’élection. De massives manifestations de soutien finirent par contraindre les autorités à le rétablir dans ses droits.

Depuis, l’entreprise de démolition s’est poursuivie. Et a atteint un degré délirant au cours de la campagne électorale [3]. D’autant plus qu’un vent de panique souffle sur les oligarchies latino-américaines (et sur l’administration des Etats-Unis) depuis que la gauche l’emporte (presque) partout : au Venezuela, au Brésil, en Uruguay, en Argentine, au Chili, en Bolivie... Et que les nouvelles alliances n’excluent plus Cuba [4].

Dans un tel contexte, la victoire de M. López Obrador (le tribunal électoral tranchera le 6 septembre prochain) aurait des conséquences géopolitiques trop importantes. Dont ne veulent ni le patronat ni les grands médias mexicains. Ni Washington. A aucun prix. Quitte à sacrifier la démocratie. Mais M. López Obrador et le peuple mexicain n’ont pas dit leur dernier mot.

NOTES:

[1] L ’idée de comparer les réactions aux élections d’Ukraine et du Mexique est de James K. Galbraith, dans « Doing Maths in Mexico », The Guardian, Londres, 17 juillet 2006.

[2] Sur la réalité et l’ampleur des fraudes, lire, par exemple, le rapport du 17 juillet 2006 du Centro de derechos humanos Fray Bartolomé de Las Casas : http://www.sipaz.org/documentos/obs....

[3] Sur la violence des attaques, lire John Ross, « All Against López Obrador », Counterpunch, 6 avril 2006.

[4] Lire Bernard Cassen, « Une nouvelle Amérique latine à Vienne », Le Monde diplomatique, juin 2006.

En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

RISAL - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine
URL: http://risal.collectifs.net/

Source : TOUS DROITS RÉSERVÉS © Le Monde diplomatique (www.monde-diplomatique.fr), août 2006.

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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 19:49
Le Mexique, les élections et les observateurs internationaux

par Marcos Roitman R.

Depuis les années 80 du XXe siècle, pour éviter des fraudes et des transgressions électorales, les pays du Premier monde fournissent un mécanisme de contrôle sur les démocraties « en transition » d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Il s’agit de confirmer que les processus électoraux sur ces continents sont propres. Que gagnent les candidats qui ont le plus de voix dans les urnes et non ceux qui volent, brûlent ou ourdissent une escroquerie le jour des élections.

Pour cela, rien de mieux que de disposer d’observateurs impartiaux. Ainsi, avec un manuel sous le bras et des années d’expérience de vote en démocratie, une fois terminée la guerre froide, la vieille Europe communautaire, toujours aussi matinale, s’engage avec ses observateurs accrédités et ses institutions. Elle envoie des parlementaires, des représentants de la culture et des sciences, des prix Nobel, des ex-chefs d’Etats, des députés, des sénateurs et tout sujet souhaitant participer. Ce n’est qu’une question de budget.

Des professeurs de science politique, des boursiers, des militants et des conseillers. Le spectre est large et couvre tout le champ idéologique. La tournée des élections. Tous les tant de temps, partis, syndicats et autres organisations récompensent avec un voyage en qualité d’observateur international. Il y en a qui ont parcouru toute l’Amérique latine, du Mexique au Chili. Il n’y a rien à craindre. La situation est sous contrôle et ce n’est qu’une simple formalité. Il s’agit de tourisme électoral. On découvre des gens, des paysages, des plats exotiques, on peut draguer et en plus on exerce un certain pouvoir, ce qui n’est jamais mauvais.

Les premières occasions qu’ils eurent de voyager, ce fut en Amérique centrale. Le Nicaragua plongé dans une guerre de basse intensité et avec une armée contra fut une situation sous contrôle. Les sandinistes perdirent, rien à objecter. Les élections furent propres. Puis suivirent le Salvador, le Guatemala, le Honduras. Bref, depuis la dernière décennie du XXe siècle, avec autant d’élections, les observateurs sont débordés. Ils arrivent avec quelques jours d’avance et se retirent quand ils le souhaitent. Ils en profitent pour donner des conférences, se faire des relations ou connaître le lieu. Ils partagent avec les vainqueurs la joie du moment. Ils produisent un rapport qui loue le bon comportement civique de la population, reconnaissant qu’il n’y a pas eu d’incidents graves, qu’il n’y a pas d’indices de fraude ni de violence pendant le processus électoral.

Ils rédigent un autre communiqué pour remercier les autorités d’avoir mis à leur disposition des moyens pour réaliser leur travail et enfin ils se félicitent du résultat jusqu’à la prochaine opportunité. Non sans avoir d’abord souligné le grand sens de responsabilité des citoyens pendant la fête de la démocratie qu’est le fait d’aller voter. En d’autres termes, que les bulletins de vote étaient à leur place, les votants en train de voter, les présidents de bureaux électoraux, les délégués de partis, les urnes, tous étaient à leur place, et l’attirail fonctionnait. Les règles du jeu étaient suivies à la lettre. Les heures de vote furent respectées. La paix fut maintenue, les forces de l’ordre public agirent pour protéger la citoyenneté et les institutions donnèrent les résultats à temps. Rien de bizarre.

Parfois, des divergences surgissent et quelques observateurs notent des problèmes mineurs qui ne ternissent pas ou ne contredisent pas le comportement démocratique des citoyens. Ainsi s’écoule la journée de travail. Ils se répartissent le pays, selon la hiérarchie. Monsieur James Carter, par exemple, sera dans la capitale et sera déplacé selon les besoins. Tout est parfaitement organisé. Ils couvrent tout l’espace géographique et sont payés par leurs organisations respectives. Il est bien évident que leur honorable présence, diront certains, en cas de conflit peut légitimer un processus électoral. N’oublions pas le Venezuela [1], par exemple. Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Si on veut faire un coup d’Etat ou invalider un processus électoral, cela se fera avec ou sans observateurs.

Or, nous voyons qu’au Mexique la fraude pendant ces élections présidentielles [2 juillet 2006] a été monumentale [2]. Et où étaient les observateurs ? En train de manger des tamales, des tacos ou des enchiladas ? Ou encore ils ont été frappés par la « vengeance de Moctezuma » [3] et cela a joué en faveur du PAN. C’est une honte que la délégation du Parlement européen s’en sorte par une pirouette et en reste à des généralités. Il ne pouvait en être autrement. On avalise le processus électoral, son porte-parole était du groupe du Partido Popular espagnol (Parti populaire [4]). Mais ils n’ont pas vu la fraude ? Ils n’étaient pas au comptage et à la fermeture des urnes ? Où étaient-ils ? Et ne me dites pas qu’ils étaient peu nombreux et qu’on les a envoyés justement là où il n’y a pas eu de fraude.

Je m’interroge : quel est le sens du maintien d’une figure internationale, telle que celle d’observateur international, si quand des problèmes apparaissent il fuit ou baisse la tête et regarde ailleurs. Cela veut dire qu’il ne sert que quand les élections sont cuisinées, il n’y a pas de problème et il part pour passer un moment agréable en compagnie d’amis, d’adversaires et de coreligionnaires.

Ce qui est vraiment dolosif c’est le discrédit d’une option politique qui pourrait être réellement utilisée à l’échelle internationale comme contrôleur, sauf que, comme d’habitude, elle sert à des fins bâtardes de type propagandiste du Premier monde. Jamais on n’enverra d’observateurs aux Etats-Unis, en Espagne ou dans un autre pays européen. Leurs processus se contrôlent eux-mêmes. Question qui est plus que mise en doute si nous regardons l’Italie, par exemple. Ainsi, dans le cas qui nous occupe, le Mexique, ils font mauvaise figure quand tout indique qu’ils sont partis par la petite porte au premier indice de problèmes.

C’est pour cela qu’il vaut mieux en finir avec cette comédie une fois pour toutes. Si on veut faire du tourisme il y a d’autres moyens et pas aux dépens des processus politiques et des luttes démocratiques des peuples d’Amérique latine. Le personnage de l’observateur international électoral ne fonctionne pas, c’est un conte, mais il y en a beaucoup qui en vivent, comme des parasites. Comme d’habitude.

NOTES:

[1] [NDLR] L’auteur fait référence au référendum révocatoire du mandat du président Chavez le 15 août 2004. Ce processus de référendum a été remporté largement par le camp « bolivarien » et avalisé par les observateurs internationaux comme le Centre Carter et l’Organisation des Etats américains (OEA). L’opposition a dénoncé une fraude sans jamais apporter la moindre preuve sérieuse.

[2] [NDLR] Consultez à ce sujet les articles déjà publiés dans le dossier « Election présidentielle 2006 » sur le RISAL.

[3] [NDLR] Expression populaire faisant référence à l’empereur aztèque Moctezuma II tué lors de la Conquista et qui désigne la fameuse diarrhée du voyageur.

[4] [NDLR] Le Parti populaire est le parti conservateur espagnol, actuellement dans l’opposition après huit ans au pouvoir avec le gouvernement de José Maria Aznar.

Source: RISAL - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine

URL: http://risal.collectifs.net/

Source : Le Jornada (www.jornada.unam.mx), Mexique, 22 juillet 2006.

Traduction : Cathie Duval, pour le RISAL (www.risal.collectifs.net).

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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 15:16
BILAN D’ETAPE 
AU 24 JUILLET 2006




Le Réseau éducation sans frontières publie son bilan d’étape le 24 juillet 2006, date à laquelle le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire, ministre de la Chasse à l’enfant et au jeune majeur a annoncé le sien.

Tirant un bilan sommaire de ses deux années d’existence, le RESF se félicite d’avoir contribué à maintenir en France, dans un pays dont personne ne doute qu’il sera un jour le leur, probablement plusieurs centaines de jeunes, d’adultes et de familles. Parmi les cas les plus emblématiques, signalons celui de Barbe Makombo et de ses enfants Rachel, Jonathan, Grace et Naomie qui devraient être régularisés dans les semaines à venir malgré l’évidente mauvaise volonté préfectorale ; celui de la famille Mekhelleche à Pantin, celui de la famille Kernouf, à Romainville, celui de la famille Palaba de Chaumont, régularisée la semaine dernière. Celui de la maman de Patimat, en cours de régularisation après avoir été cachée pendant des semaines à Brest. Une victoire d’autant plus importante qu’il s’agit d’un cas dit « Dublin », explicitement exclu de la circulaire du 13 juin. Signalons enfin, parce que c’est le plus récent, le cas à Cholet de cette jeune mère d’un bébé de cinq mois, placée en rétention alors qu’elle allaitait son enfant. Un sevrage à la hache, façon Sarkozy. Les interventions du réseau, à Cholet d’abord, nationalement ensuite ont permis qu’elle soit libérée puis que son APRF soit cassé.
Rappelons que l’action du Réseau et celle de tous les collectifs qui ont participé aux actions ont permis, non seulement d’aider à la régularisation de centaines de jeunes lycéens devenus majeurs, mais aussi d’empêcher toute expulsion de jeunes scolarisés du 31 octobre à la fin de l’année scolaire. De la même façon elles ont considérablement limité le nombre de parents d’enfants scolarisés expulsés. Depuis la fin de l’année scolaire et bien que la circulaire du 13 juin exclut les jeunes majeurs de son champ d’application, le ministère n’a réussi à expulser que deux jeunes majeurs lycéens : Abdallah il y a 10 jours, Aminata la semaine dernière. Ce sont, à l’évidence deux cas de trop. Mais le ministre de l’Intérieur a dû payer ces expulsions du prix de la mobilisation de dizaines de policiers pendant des jours et d’une médiatisation sans précédent de ses exploits cynégétiques.

Pourtant, au-delà de ces faits, suffisamment nouveaux depuis plusieurs années pour mériter d’être signalés, l’événement le plus important provoqué par l’action des collectifs de sans papiers et le RESF nous semble être l’évolution d’une part de l’opinion sur la question de l’immigration et des sans papiers. La médiatisation des affaires des enfants et des parents sans papiers a été un cinglant démenti aux insinuations des ministres de l’intérieur successifs qui n’avaient de cesse de charger l’immigration de tous les péchés. Brutalement, le sans papier prenait le visage de l’élève de sa classe, du copain de ses enfants, de la maman qu’on côtoie tous les jours à la sortie de l’école. La multiplication des affaires, les centaines d’écoles concernées, les dizaines de visages vus à la télévision ont fait bouger les regards et la conscience d’une fraction de la population. Sur les familles, bien sûr. Mais aussi, plus largement sur l’ensemble des sans papiers. En prenant appui sur la situation des familles, le RESF a fait avancer la cause de tous les sans papiers. Les quelque deux cent mille signatures recueillies par les pétitions UCIJ et RESF, les actions concertées conduites avec des syndicats aériens, l’engagement de personnalités, les prises de positions de personnalités politiques qu’on avait connues plus frileuses sur la question, les sondages et, pour finir, les reculs quand même imposés à Monsieur Sarkozy disent que les choses sont en train de changer. Nous sommes fiers d’y avoir contribué et nous continuerons
Pour le reste, pas grand chose à attendre de la garden party des préfets place Beauvau. Ce devait être, à l’origine, une harmonisation des conditions d’application de la circulaire du 13 juin. Il serait temps, s’agissant d’un texte paru il y a cinq semaines et censé perdre sa validité dans trois semaines !

Il est probable que les dossiers déposés par des familles sans papiers se comptent en dizaines de milliers. Des dizaines de milliers de familles répondent aux conditions posées par la circulaire : un enfant né en France ou entré avant l’âge de 13 ans et scolarisé depuis un an au moins, elles doivent être régularisées sans pinailler. Nous attendons du ministre qu’il demande aux préfets de comprendre un texte simple et de l’appliquer sans chercher midi à 14 heures même si la crainte qu’il éprouve de se faire gronder par M. Le Pen le conduira probablement à la jouer tout petit bras et à annoncer des chiffres minorés.
Concernant les catégories de sans papiers non mentionnées par la circulaire ou explicitement exclues de son champ d’application, le RESF continuera à mettre la réalité de leur situation en lumière et à appeler la population à ses solidariser de toutes les catégories de sans papiers. Nous nous sommes rendus par deux fois à Roissy la semaine dernière pour tenter d’empêcher l’expulsion de jeunes majeurs. Aminata a été expulsée mais les deux lycéens chinois de Paris sont sortis de rétention (même si ce n’est pas gagné !), tout comme Ali le lycéen de Montpellier et d’autres. La maman de Patimat qui devait être réadmise en Allemagne –accords de Dublin (puis au Daghestan) sera espérons-nous régularisée tout comme la famille Sabirov (de Dôle) que le RESF a contribué à faire sortir du centre de rétention de Lyon St-Exupéry.

Ce bilan d’étape est, par définition, lacunaire. La bataille est en cours. A ce jour, la chasse à l’enfant longtemps promise par le ministre de l’Intérieur n’a pas pu s’ouvrir, même si rien n’est acquis pour les familles qui seront refusés et les jeunes majeurs. Mais le ministère de l’Intérieur sait maintenant qu’il aura à surmonter à chaque fois la colère et la détermination des enseignants, des parents, des élus, des citoyens, même au cœur de l’été. Soit dit en passant, les policiers et leurs syndicats, les personnels des préfectures et les préfets eux-mêmes peuvent être reconnaissants aux enseignants, aux parents et aux militants qui leur ont évité de passer leur été à pratiquer la traque des familles.
Quoi qu’il en soit, on continue.
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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 15:12

Communiqué  du RESF du 29.7.06

Aminata expulsée

vendredi en fin d’après-midi !

Aminata a quitté le centre de rétention entre deux gendarmes, les larmes aux yeux, accompagnées jusqu’au dernier moment par des copines de classe.

L’APRF contre Aminata Sambou confirmé hier par le juge administratif de Melun, la voie était libre pour un préfet de Seine et Marne aux ordres.

· Nous exprimons avant tout notre tristesse après ce mauvais coup perpétré au cœur de l’été, notre tristesse, notre sympathie et notre solidarité avec Aminata et sa famille. Notre indignation aussi à voir expulsée une gamine qui n’a pas encore vingt ans, qui se construisait avec sérieux un avenir en France où elle avait des attaches bien réelles. Ce sont les sentiments qu’éprouvait  la cinquantaine de citoyens, enseignants, élus et militants qui se sont rassemblés aujourd’hui à Roissy pour s’adresser aux passagers. Parmi eux une sénatrice de Seine Saint-Denis (E. Assassi), des élus d’Aubervilliers et d’Epinay, où Aminata était scolarisée depuis 4 ans. Sans succès, puisque Aminata est partie et que les passagers, soumis à une fouille au corps et à des pressions importantes, n’ont pu aider à empêcher cette infamie.

· Nous savons bien que face à la machine d’état, nous ne réussirons qu’exceptionnellement à éviter les expulsions. Mais ce dont nous sommes sûrs, c’est de faire payer au ministre de l’Intérieur le prix politique le plus fort en démontrant que chaque tentative pour éloigner les jeunes connus et soutenus par RESF suscitera la même indignation et la même mobilisation. Trois expulsions de jeunes majeurs scolarisés en juillet. Quel exploit ! Le chasseur d’enfant aura du mal à remplir sa gibecière au mois d’août… Et au-delà, n’en parlons pas.

· Mais les jeunes majeurs scolarisés ne sont pas seuls en cause. Sur les milliers de famille pour lesquelles la circulaire du 13 juin a suscité un immense élan d’espoir, parmi celles tout au moins qui auront réussi à faire acte de candidature avant le 13 août en surmontant les obstacles divers inventés par les préfectures, Sarkozy nous annonce 70 % de refus et donc 70 % d’expulsions potentielles. Nous pouvons d’ores et déjà lui prédire qu’il perdra cette bataille-là aussi et que nous lutterons pied à pied avec toutes les associations et collectifs, membres de RESF ou non, pour que, au minimum, ces familles, toutes les familles qui vivent leur vie ici et ont des attaches avec la France soient régularisées. Et au delà pour la régularisation de tous les sans-papiers.
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