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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 21:24
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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 21:08




Nous n'avons pas le droit d'échouer après l'espoir levé le 29 mai face à la souffrance qui s'exprime au quotidien, ici et ailleurs, et à la montée de tous les populismes. N'oublions pas l'essentiel au moment où nous abordons le processus de désignation des candidatures communes à la présidentielle et aux législatives, c'est à dire :

 1. Nous nous devons de poursuivre, de façon durable, le  processus de transformation de la société, sur les bases de notre victoire du 29 mai 2005.


 2. Les échéances électorales de 2007 ne sont qu'une séquence dans ce processus, nous savons qu'il nécessitera tout autant l'implication citoyenne par la mobilisation à travers les luttes que par la participation dans les urnes.


 3. La désignation des candidatures communes à la présidentielle et aux législatives après l'adoption du texte sur la stratégie du 10 septembre et de nos propositions des 14 et 15 octobre doit concrétiser l'expression de notre mouvement et nécessite la participation de toutes les sensibilités, y compris celle qui aujourd'hui reste encore sur le bord du chemin.

Cette diversité est notre richesse, notre force, ne la réduisons pas par des jeux tacticiens !

Dans ce rassemblement, chaque sensibilité garde son identité et dans le même temps il ne peut pas  être représenté par une seule sensibilité. Ce serait alors un ralliement en totale contradiction avec les principes fondant le mouvement que nous sommes en train de construire pour créer un rapport de forces durable à gauche afin que les choses changent vraiment.

Si nous échouons dans cette troisième phase nous mettrons à bas et pour longtemps l'espoir né du 29 mai et notre crédibilité vis-à-vis de celles et ceux qui espèrent tant un débouché politique.

Nous devons faire de la politique autrement mais force est de constater que la présidentialisation  envahit nos têtes et que la compétition imbécile que nous récusons par ailleurs resurgit entre nous.

Or, en 2007 tant à la présidentielle qu'aux législatives, notre force et la vraie nouveauté, c'est que nos propositions soient portées collectivement par nos candidats et les citoyens. C'est cela que les gens attendent tant l'aspiration unitaire est forte à la base et dans les partis. Allons nous échouer sur le choix d'un nom à mettre sur le bulletin de vote à la présidentielle alors que nous avons fait l'essentiel ?

Ce serait irresponsable devant les urgences qui s'accumulent.

Ne nous trompons pas !

Mettre en avant le critère de la médiatisation pour le choix du candidat c'est une fois de plus mettre en avant la femme ou l'homme et non l'essentiel  de ce que nous portons ENSEMBLE.

Invoquer une candidature partidaire échouera à traduire notre diversité, et dire cela ce n'est évidemment pas remettre en cause  la personne de Marie George Buffet, ni le rôle de son parti.

Cela se poserait de la même façon si la LCR avait proposé  la candidature d'Olivier Besancenot pour représenter le mouvement antilibéral.

D'autre part la candidature de Marie George Buffet entraînera ipso facto celle d'Olivier Besancenot et donc l'éclatement de notre rassemblement, la dispersion, l'abstention, le « pseudo vote utile » conduisant au renoncement, voire pire...

A contrario Olivier Besancenot et la LCR ne pourront pas tenir sur leur position actuelle identitaire, alors que nous avons besoin d'eux.

Dire cela ce n'est pas être anti-parti mais simplement rappeler que notre rassemblement ne se limite pas à ces deux organisations. Rappelons nous: la victoire contre le TCE n'appartient à personne en particulier mais à toutes et à tous.

Dire cela c'est dans le même temps reconnaître le rôle important du PCF dans l'organisation de la campagne référendaire contre le TCE, l'engagement de leurs militant(e)s pendant et après et saluer comme il se doit le partage du temps de parole de MGB lors de la campagne médiatique, c'est reconnaître le rôle des organisations dans la vie politique.

Dire cela c'est répéter que nous n'avons pas le droit de décevoir ! Cette construction commune nouvelle est le seul moyen de répondre à la nécessaire transformation de la société.

Ayons l'audace de la poursuivre tous ensemble !

L'envie de Politique et l'aspiration unitaire, lorsque l'on va sur les marchés ou sur nos lieux de travail, sont réelles mais le refus et le rejet de la politique politicienne le sont tout autant.

Nous devons urgemment nous mettre d'accord par consensus sur le nom de celle ou de celui que nous déposerons dans les urnes et mener une campagne collective au plus près des citoyens de façon à ce qu'ils s'emparent de nos propositions comme ils l'ont fait le 29 mai.

N'en doutons pas nous aurons besoin de Clémentine, José, Marie George, Olivier, Patrick, Yves. et de l'ensemble des citoyennes et des citoyens partie prenante, il en va de l'avenir du processus de transformation sociale.

Le 01 novembre 2006

Armelle Chevassu (collectif de Marseille centre)
Cécile Torgue, Francine Vigneul, Claude Ramin (collectif d'Aix en Provence)
Citoyen(ne)s du 29 mai


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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 20:58



Chef du parti d’extrême droite « Israël Beiténou », Avidgor Lieberman est devenu vice-Premier ministre et ministre pour les « Affaires stratégiques » du gouvernement israélien. Le Parlement israélien a approuvé cette nomination lundi 30 octobre.


A l’issue d’un mois de guerre dévastatrice au Liban, le gouvernement israélien choisit la fuite en avant vers l’ultranationalisme et a décidé de se maintenir au pouvoir en ralliant la droite raciste la plus extrême.

Qui est en effet Avigdor Lieberman ? Il ne s’en cache pas : il a fait de la séparation et de la « purification » ethniques son credo. Il prône le transfert des Palestiniens citoyens d’Israël, en même temps que l’annexion de la majeure partie des territoires palestiniens occupés et en particulier des colonies. Ministre pour les « Affaires stratégiques », Avigdor Lieberman a aussi fait du « dossier iranien » une priorité. Alors qu’Israël est jusqu’à ce jour la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, la nomination d’Avigdor Lieberman ne peut que faire craindre une course vers la guerre.

L’entrée dans le gouvernement Olmert d’Avigdor Lieberman, avec sa xénophobie d’extrême droite révèle la vraie nature d’un gouvernement qui se présente comme "modéré" mais qui refuse toute initiative de paix, qui étouffe le peuple palestinien par le blocus et l’assassinat quotidien et qui menace de déstabiliser encore davantage tout le Moyen-Orient.

Cette arrivée de Lieberman dans le gouvernement israélien rappelle fâcheusement l’entrée de l’extrémiste autrichien national-populaire Joerg Haider dans une coalition gouvernementale en Autriche. A ce moment-là, Israël, soutenu par l’Europe, avait suspendu ses relations avec ce gouvernement.

Aujourd’hui l’Europe, si prompte à sanctionner le peuple palestinien occupé pour le résultat de ses élections démocratiques et à le condamner à l’étouffement économique, au chômage, à la malnutrition en ajoutant les sanctions à l’occupation israélienne, laissera-t-elle sans réagir entrer un dirigeant explicitement raciste dans un gouvernement qui viole déjà systématiquement l’ensemble des engagements internationaux concernant les droits des Palestiniens ?

La communauté internationale, à commencer par l’Union européenne et par la France, a le devoir d’exiger du gouvernement israélien l’arrêt de la violence d’Etat contre le peuple palestinien, le respect des accords signés, l’arrêt de la colonisation et de la construction en Cisjordanie du réseau de murs de l’annexion -déclarés illégaux par la Cour internationale de justice-, le respect du droit international et la reconnaissance du droit du peuple palestinien à son Etat indépendant dans les frontières de 1967.

C’est la puissance occupante qu’il s’agit de sanctionner jusqu’à ce qu’elle accepte de reconnaître le droit international, et non le peuple occupé.

Comme cette nouvelle nomination gouvernementale le confirme, il y a urgence, pour que la paix -juste- soit possible.


AFPS
Paris, le 1er novembre 2006.





Chef du parti d’extrême droite « Israël Beiténou », Avidgor Lieberman est devenu vice-Premier ministre et ministre pour les « Affaires stratégiques » du gouvernement israélien.
Le Parlement israélien a approuvé cette nomination lundi 30 octobre.


A l’issue d’un mois de guerre dévastatrice au Liban, le gouvernement israélien choisit la fuite en avant vers l’ultranationalisme et a décidé de se maintenir au pouvoir en ralliant la droite raciste la plus extrême.

Qui est en effet Avigdor Lieberman ? Il ne s’en cache pas : il a fait de la séparation et de la « purification » ethniques son credo. Il prône le transfert des Palestiniens citoyens d’Israël, en même temps que l’annexion de la majeure partie des territoires palestiniens occupés et en particulier des colonies. Ministre pour les « Affaires stratégiques », Avigdor Lieberman a aussi fait du « dossier iranien » une priorité. Alors qu’Israël est jusqu’à ce jour la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, la nomination d’Avigdor Lieberman ne peut que faire craindre une course vers la guerre.

L’entrée dans le gouvernement Olmert d’Avigdor Lieberman, avec sa xénophobie d’extrême droite révèle la vraie nature d’un gouvernement qui se présente comme "modéré" mais qui refuse toute initiative de paix, qui étouffe le peuple palestinien par le blocus et l’assassinat quotidien et qui menace de déstabiliser encore davantage tout le Moyen-Orient.

Cette arrivée de Lieberman dans le gouvernement israélien rappelle fâcheusement l’entrée de l’extrémiste autrichien national-populaire Joerg Haider dans une coalition gouvernementale en Autriche. A ce moment-là, Israël, soutenu par l’Europe, avait suspendu ses relations avec ce gouvernement.

Aujourd’hui l’Europe, si prompte à sanctionner le peuple palestinien occupé pour le résultat de ses élections démocratiques et à le condamner à l’étouffement économique, au chômage, à la malnutrition en ajoutant les sanctions à l’occupation israélienne, laissera-t-elle sans réagir entrer un dirigeant explicitement raciste dans un gouvernement qui viole déjà systématiquement l’ensemble des engagements internationaux concernant les droits des Palestiniens ?

La communauté internationale, à commencer par l’Union européenne et par la France, a le devoir d’exiger du gouvernement israélien l’arrêt de la violence d’Etat contre le peuple palestinien, le respect des accords signés, l’arrêt de la colonisation et de la construction en Cisjordanie du réseau de murs de l’annexion -déclarés illégaux par la Cour internationale de justice-, le respect du droit international et la reconnaissance du droit du peuple palestinien à son Etat indépendant dans les frontières de 1967.

C’est la puissance occupante qu’il s’agit de sanctionner jusqu’à ce qu’elle accepte de reconnaître le droit international, et non le peuple occupé.

Comme cette nouvelle nomination gouvernementale le confirme, il y a urgence, pour que la paix -juste- soit possible.


AFPS
Paris, le 1er novembre 2006.

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 20:49

Clémentine Autain, apparentée PCF et candidate à la candidature des antilibéraux pour la présidentielle:

«Nous devons viser un score à deux chiffres»

Clémentine Autain lors d'une manifestation à Calais, en avril 2001. REUTERS

Par Matthieu ECOIFFIER


Clémentine Autain, 33 ans, adjointe (apparentée PCF) à la ville de Paris, est candidate à l'investiture des collectifs antilibéraux pour la présidentielle de 2007. Elle explique les motifs de sa démarche.


Etre une «femme, jeune et blonde» serait, selon vous, un handicap. Est-ce de l'humour ou de la lucidité ? 

C'était une façon de rappeler avec humour que l'univers politique est relativement homogène. Il n'y a pas beaucoup de jeunes et de femmes. Mon atout majeur réside dans mon parcours politique, qui m'a ouverte aux différentes sensibilités de notre rassemblement.

Comment vous êtes-vous imposée ? 

Les militants des collectifs me connaissent bien. Comme je suis jeune, c'est plus facile de s'imprégner. Mon âge fait aussi que je ne suis pas marquée par les luttes fratricides qui ont marqué cette partie de la gauche. J'ai été super présente. Je me sens synchrone avec l'état d'esprit et le fond de notre projet. Il n'est pas absurde qu'une offre politique nouvelle soit incarnée par une personnalité nouvelle. Mais je ferai la campagne de celui ou celle qui sera choisi(e).

Certains vous reprochent de tarder à faire le bilan de votre participation à l'équipe Delanoë... 

Sur les insuffisances en matière de logement et de services publics, mon groupe a donné de la voix, mais n'a pas été suffisamment audible. Localement, les points d'accord avec le PS sont plus importants qu'à l'échelon national. Il y a des milliers d'élus communistes, écolos, socialistes antilibéraux qui sont dans des exécutifs locaux. Cette question n'est pas personnelle, mais collective.

Vous avez les dents longues... 

Objectivement, j'ai des petites dents. Mais j'ai une grande ambition pour notre espace commun. Et je bosse.

José Bové, lui aussi candidat à l'investiture, papillonne-t-il ? 

Il apporte sa contribution, fort de toutes ses batailles altermondialistes. On a besoin de lui.

Est-il le seul à pouvoir convaincre Olivier Besancenot de se retirer ? 

La LCR affirme que ce n'est pas une question de casting, mais de garanties politiques. Je la crois. Notre texte commun précise que nous ne participerons pas à un gouvernement sous domination sociale-libérale. Et que l'orientation actuelle de la direction du PS ne permet pas d'envisager d'accord. Quoi de plus clair ? Au sein du collectif national, de nombreuses voix se sont élevées pour rediscuter franchement avec la LCR.

Le PCF a décidé de «proposer» la candidature de Marie-George Buffet. Seriez-vous une solution de compromis ? 

Les communistes sont très investis dans les collectifs. Une écrasante majorité se retrouve sur la ligne de la direction visant à privilégier le rassemblement. Que le PC propose Marie-George est légitime. En faire un préalable risquerait de faire éclater les collectifs, ce serait irresponsable. Le fait que je sois apparentée communiste peut permettre de nous sortir de l'impasse.

Les collectifs ne sont-ils pas des coquilles vides ? 

Les milliers de militants qui se démènent dans les quelque 700 collectifs apprécieront. Chacun peut constater l'ambiance et la dynamique des initiatives unitaires. Aucun meeting d'une seule des forces politiques du rassemblement ne peut rivaliser. Ensemble, nous pouvons attirer largement au-delà des franges militantes traditionnelles. Il faut mettre de côté les intérêts strictement boutiquiers, les ego. Qu'on arrête de se regarder le nombril. Divisés, on est morts. Rassemblés, on peut casser la baraque.

Quel score pour les antilibéraux en 2007 ? 

Il faut viser un score à deux chiffres. Il n'est pas hors de portée. Nous voulons être majoritaires à gauche. Et le plus tôt sera le mieux.

Appellerez-vous à voter pour le PS au second tour ? 

C'est dans notre texte. Toutes nos sensibilités ont toujours appelé à battre la droite et l'extrême droite.


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2 novembre 2006 4 02 /11 /novembre /2006 21:26


Les très hauts revenus




100 ans, 500 ans, jusqu’à 15 millénaires de Smic en une année ! Les sommes perçues tout en haut de la hiérarchie sociale sont considérables, même lorsqu’on en a retiré les impôts. Le talent exceptionnel de certains mérite sans aucun doute une récompense importante. C’est pour cela que ces niveaux de rémunération ne sont quasiment jamais remis en cause. Les plus jeunes, en particulier, rêvent devant des sommes dont ils ne peuvent saisir l’ampleur. Sont-ils aussi exceptionnels que cela, ces talents ? Si les inégalités de revenus sont largement acceptées, on voit mal comment la compétence, le talent, la responsabilité, l’effort ou la créativité pourraient justifier de tels revenus.

En tous cas, ils ne récompensent pas l’effort ou la peine : les métiers les plus pénibles sont aussi les moins bien payés. L’effort physique, sauf quelques éclats lors d’une compétition sportive, est totalement dévalorisé. En outre, contrairement à une idée reçue qui sert à justifier des rémunérations astronomiques, les catégories les plus aisées ne sont pas toujours submergées de travail, ou plutôt leur travail ressemble parfois à s’y méprendre à ce que d’autres, plus modestes, appellent du loisir (repas, lectures, etc.). Elles disposent en outre des moyens de se décharger des tâches les plus pénibles à domicile.

De nombreux acteurs disposent certainement du talent de ceux présentés dans ce classement, il en est de même dans le sport ou bien dans d’autres domaines : mais l’économie du loisir a besoin de marques très fortes pour vendre du spectacle. Les stars assurent en retour des recettes importantes (parfois de façon éphémère), aux clubs comme aux producteurs. Dans l’entreprise, ces revenus traduisent aussi un affaiblissement des représentants des salariés les moins qualifiés, les syndicats, au détriment des dirigeants et des détenteurs du capital, notamment du fait du chômage.

A quoi bon être si riche ? De tels niveaux de revenus sont très supérieurs à ce qu’un individu ou même une famille peut dépenser au cours d’une vie, même s’ils permettent de mener un train de vie inaccessible au commun des mortels. Sauf énorme faux-pas, ils garantissent surtout un haut niveau de vie à plusieurs générations successives et permettent de se lancer dans des stratégies d’investissement personnelles (entreprises, collections artistiques, etc.).

Bien au-delà des quelques individus les plus aisés de France, une partie entière de la population n’a plus idée des niveaux de revenus que perçoivent les catégories populaires ou moyennes. Jusqu’où ira-t-on ? L’une des astuces de ces catégories est d’avoir diffusé l’idée qu’elles seraient pénalisées par le système fiscal français, ce qui compromettrait l’existence de talents sur notre sol, car ceux-ci iraient trouver meilleure fortune à l’étranger. Pourtant, les revenus du capital sont mondialisés depuis des années et la France reste l’un des pays les plus attracteurs de capitaux. Concernant les personnes, aucune étude n’a fait apparaître de mouvement d’ampleur, mais la thèse est admise dans de nombreux milieux, permettant de justifier à la fois la progression des plus hauts revenus et les réductions d’impôt.

 

Les revenus des détenteus du capital
Dividende perçu au titre de l'année 2005

 

Total annuel en millions d'euros

En années de Smic

Liliane Bettencourt (L'Oreal)

186

15 720

Famille Pinault (PPR)

140

11 832

Bernard Arnault (LVMH)

134

11 325

Romain Zaleski (Arcelor et Eramet)

99,4

8 401

Famille Peugeot (Peugeot)

95

8 029

Famille Halley (Carrefour)

92

7 776

Serge Dassault (Dassault Aviation)

80

6 761

Jean-Claude Decaux (Decaux)

64

5 409

Martin et Olivier Bouygues (Bouygues)

56

4 733

Famille de Wendel (Wendel Investissement)

39

3 296

 

Source données : Magazine Capital, n°181, octobre 2006 - 2005

 

Les revenus des PDG français

 

Société

Revenus annuels
en millions d’euros

En années de Smic

Daniel Bouton

Société générale

7,7

651

Lindsay Owen-Jonesf

L

7,4

625

Bernard Charlès

Dassault Systèmes

6,9

583

Guy Nafilyan

Kaufman & Broad

6,7

566

Martin Bouygues

Bouygues

6,1

516

Thiery Desmarest

Total

5,9

499

Alain Dupont

Colas

5,6

473

Carlos Ghosn

Renault

5,2

439

Franck Riboud

Danone

4,7

406

Jean-François Dehecq

Sanofi-Aventis

4,6

389

Salaires bruts, avantages en natures et plus-values réalisées des stocks options.

Source données : Magazine Capital, n°181, octobre 2006 - 2005








































 

Les revenus des sportifs

 

Sport

Revenus annuels en millions d'euros

En années de Smic

Thierry Henry

Football

14

1 183

Tony Parker

Basket

11

930

Patrick Viera

Football

7

592

William Gallas

Football

6,4

541

Claude Makele

Football

4,9

414

Lilian Thuram

Football

4,7

397

David Trezeguet

Football

4,5

380

Nicolas Anelka

Football

4,1

347

Djibril Cissé

Football

3,9

330

Louis Saha

Football

3,8

321

Ces données comprennent les éléments officiels (salaires et primes notamment) et une évaluation des revenus annexes (sponsors). Ils n'intègrent pas les revenus privés des joueurs, notamment leurs revenus du patrimoine (placement, immobilier, etc.). Ils minimisent donc certainement la réalité.

Source données : Magazine Capital, n°181, octobre 2006. Données 2006-2007

 
 
 

Les revenus des stars du cinéma

 

Revenus annuels
en millions d'euros

En années de Smic

Gérard Depardieu

4,3

363

Thierry Lhermitte

3

254

Jean Reno

3

254

Jean Dujardin

2,7

228

Michel Blanc

2,3

194

Christian Clavier

2

169

Daniel Auteuil

1,8

152

Valérie Lemercier

1,6

135

Franck Dubosc

1

85

Mathilde Seigner

0,7

59

Moyenne estimée sur 2005-2006, estimée à partir des contrats déposés au Centre national de la cinématographie (cachets, participation aux recettes, bonus).

Source données : Magazine Capital, n°181, octobre 2006 - 2006

 
 
 

Les revenus des cadres très supérieurs

 

Revenus annuels
en millions d'euros

En années de Smic

Patron d'une salle de marché (achètent et vendent sur les marchés financiers)

5

423

Banquier d'affaires

5

423

Styliste d'une griffe de luxe

5

423

Avocat associé d'un grand cabinet d'affaires

4

338

Gérant de fond spéculatif

2

169

Consultants en organisation

0,8

68

Directeur financier d'un groupe côté

0,8

68

Directeur des ressources humaines d'un grand groupe

0,45

38

Directeur de la communication d'un grand groupe

0,4

34

Directeur de création d'agence publicitaire

0,4

34

Attention, il s'agit d'évaluation de salaires maximum pour ces professions. Ne comprend pas d'autres avantages éventuels (stock options, frais, etc.).

Source données : Magazine Capital, n°181, octobre 2006, d'après les cabinets de recrutement - 2005

 


 
 

le 1er novembre 2006

Source: Observatoire des inégalités

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 16:13
Postulats alternatifs


Regards, novembre 2006.


Dans le débat programmatique qui se déroule actuellement, on a besoin de repères permettant de bien distinguer les différents projets. Il faut en effet se démarquer clairement, d’une part du libéralisme pur sucre et, d’autre part du social-libéralisme. De claires lignes de partage sont d’autant plus nécessaires que les libéraux cherchent à récupérer les thèmes de la transformation sociale, tandis que les sociaux-libéraux prétendent offrir une alternative au néo-libéralisme sans s’en donner les moyens.

La question de la répartition des revenus permet de faire le tri. Pour les libéraux, c’est clair : ils entendent conserver le partage des richesses actuel, voire l’infléchir encore au détriment des salariés. Leur postulat est que la minimisation du coût du travail devrait conduire à une sorte d’optimum social. Ils expliquent que l’on ne doit pas descendre en dessous d’un « chômage d’équilibre » défini comme celui qui n’accélère pas l’inflation, mais qui est en fait celui qui ne modifie pas la répartition des revenus. En matière de protection sociale, par exemple, le principe absolu est le refus de toute augmentation des taux de cotisation.

La position sociale-libérale repose sur un autre postulat en forme de pari. Il serait possible de concilier le maintien de la répartition des revenus avec la poursuite d’objectifs sociaux. Mais il s’agit d’un pari impossible qui rend bien compte des errements et des déboires passés. Pour ne prendre qu’un exemple, les 35 heures ont conduit à une intensification du travail, dès lors que toute exigence de création d’emplois avait été abandonnée afin de ne pas grever les coûts salariaux. Ce programme n’est même pas un moindre mal, car il conforte les préceptes libéraux et introduit des effets pervers. L’exemple-type est ici celui de la prime pour l’emploi qui entérine le discours patronal et institue une zone de bas salaires compensés par l’Etat : il n’est donc pas étonnant que la droite ait conservé ce dispositif.

Le postulat de la transformation sociale pourrait être formulé ainsi : on ne peut obtenir de résultats durables sur le front de l’emploi sans remettre en cause radicalement la répartition des revenus. Radicalement n’est pas ici une clause de style : la montée du chômage est en effet la contrepartie exacte d’une baisse drastique de la part salariale. Changer la répartition - que ce soit sous forme d’augmentation de salaires, de RTT avec embauches proportionnelles, ou de financement d’emplois publics - est donc une condition nécessaire, mais la question qui se pose est de savoir si elle est suffisante. Ne faut-il pas, de toute manière, impulser une croissance plus rapide comme seul moyen de créer des emplois ? La réponse doit ici être négative : un retour de la répartition des revenus à ce qu’elle était avant le tournant libéral du début des années 80 dégagerait des ressources adéquates aux objectifs de la transformation sociale, sans besoin de compter sur une hyper-croissance productiviste. Un tel scénario permettrait en outre de poser en termes concrets la question du contenu de la croissance.

Mais même les projets alternatifs ne sont pas totalement imperméables à l’idéologie libérale, comme en témoigne le débat sur le financement de la protection sociale. Comment interpréter autrement les propositions visant à modifier l’assiette des cotisations plutôt que d’en augmenter le taux ? Il n’y a en effet aucun argument économique à une telle mesure. En changeant d’assiette, on ne mordra pas plus sur les profits qu’en augmentant le taux de cotisation, et cela ne favorisera pas plus l’emploi dans les branches de main-d’oeuvre que ne l’ont fait les baisses généralisées de cotisations sociales. Les ressources dégagées pour la Sécurité sociale n’augmenteront que si le taux de cotisation augmente, quelle que soit son assiette. Ce type de proposition n’a de sens que si l’on prévoit que la part salariale continuera à baisser, mais c’est parfaitement contradictoire avec un scénario qui prévoit de l’augmenter. Et cette augmentation procurerait, à taux de cotisation constant, les ressources nécessaires pour couvrir la progression des dépenses de Sécurité sociale sur cinq ans. Si on n’y croit pas, autant le dire. Ou bien on pense qu’un changement d’assiette pourra passer plus facilement qu’une augmentation de taux. Mais cette volonté de contourner l’intransigeance patronale repose sur une autre illusion : aucune astuce technique ne peut dispenser des affrontements entre intérêts sociaux opposés.

Michel Husson


- Source : Hussonet http://hussonet.free.fr

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 16:09
Postulats alternatifs


Regards, novembre 2006.


Dans le débat programmatique qui se déroule actuellement, on a besoin de repères permettant de bien distinguer les différents projets. Il faut en effet se démarquer clairement, d’une part du libéralisme pur sucre et, d’autre part du social-libéralisme. De claires lignes de partage sont d’autant plus nécessaires que les libéraux cherchent à récupérer les thèmes de la transformation sociale, tandis que les sociaux-libéraux prétendent offrir une alternative au néo-libéralisme sans s’en donner les moyens.

La question de la répartition des revenus permet de faire le tri. Pour les libéraux, c’est clair : ils entendent conserver le partage des richesses actuel, voire l’infléchir encore au détriment des salariés. Leur postulat est que la minimisation du coût du travail devrait conduire à une sorte d’optimum social. Ils expliquent que l’on ne doit pas descendre en dessous d’un « chômage d’équilibre » défini comme celui qui n’accélère pas l’inflation, mais qui est en fait celui qui ne modifie pas la répartition des revenus. En matière de protection sociale, par exemple, le principe absolu est le refus de toute augmentation des taux de cotisation.

La position sociale-libérale repose sur un autre postulat en forme de pari. Il serait possible de concilier le maintien de la répartition des revenus avec la poursuite d’objectifs sociaux. Mais il s’agit d’un pari impossible qui rend bien compte des errements et des déboires passés. Pour ne prendre qu’un exemple, les 35 heures ont conduit à une intensification du travail, dès lors que toute exigence de création d’emplois avait été abandonnée afin de ne pas grever les coûts salariaux. Ce programme n’est même pas un moindre mal, car il conforte les préceptes libéraux et introduit des effets pervers. L’exemple-type est ici celui de la prime pour l’emploi qui entérine le discours patronal et institue une zone de bas salaires compensés par l’Etat : il n’est donc pas étonnant que la droite ait conservé ce dispositif.

Le postulat de la transformation sociale pourrait être formulé ainsi : on ne peut obtenir de résultats durables sur le front de l’emploi sans remettre en cause radicalement la répartition des revenus. Radicalement n’est pas ici une clause de style : la montée du chômage est en effet la contrepartie exacte d’une baisse drastique de la part salariale. Changer la répartition - que ce soit sous forme d’augmentation de salaires, de RTT avec embauches proportionnelles, ou de financement d’emplois publics - est donc une condition nécessaire, mais la question qui se pose est de savoir si elle est suffisante. Ne faut-il pas, de toute manière, impulser une croissance plus rapide comme seul moyen de créer des emplois ? La réponse doit ici être négative : un retour de la répartition des revenus à ce qu’elle était avant le tournant libéral du début des années 80 dégagerait des ressources adéquates aux objectifs de la transformation sociale, sans besoin de compter sur une hyper-croissance productiviste. Un tel scénario permettrait en outre de poser en termes concrets la question du contenu de la croissance.

Mais même les projets alternatifs ne sont pas totalement imperméables à l’idéologie libérale, comme en témoigne le débat sur le financement de la protection sociale. Comment interpréter autrement les propositions visant à modifier l’assiette des cotisations plutôt que d’en augmenter le taux ? Il n’y a en effet aucun argument économique à une telle mesure. En changeant d’assiette, on ne mordra pas plus sur les profits qu’en augmentant le taux de cotisation, et cela ne favorisera pas plus l’emploi dans les branches de main-d’oeuvre que ne l’ont fait les baisses généralisées de cotisations sociales. Les ressources dégagées pour la Sécurité sociale n’augmenteront que si le taux de cotisation augmente, quelle que soit son assiette. Ce type de proposition n’a de sens que si l’on prévoit que la part salariale continuera à baisser, mais c’est parfaitement contradictoire avec un scénario qui prévoit de l’augmenter. Et cette augmentation procurerait, à taux de cotisation constant, les ressources nécessaires pour couvrir la progression des dépenses de Sécurité sociale sur cinq ans. Si on n’y croit pas, autant le dire. Ou bien on pense qu’un changement d’assiette pourra passer plus facilement qu’une augmentation de taux. Mais cette volonté de contourner l’intransigeance patronale repose sur une autre illusion : aucune astuce technique ne peut dispenser des affrontements entre intérêts sociaux opposés.

Michel Husson


- Source : Hussonet http://hussonet.free.fr

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 12:42
L’égalité d’abord !
"Exister c’est exister politiquement" Abdelmalek Sayad


Aux lendemains du second tour des présidentielles de 2002, le sursaut d’indignation populaire contre la percée électorale du candidat de la haine a fait renaître pour des millions de manifestants l’espoir d’une société pétrie d’égalité, de solidarité, de fraternité, d’humanité. Cet évènement politique devait tenir lieu d’un acte de refondation politique de la citoyenneté, de la démocratie et de l’universalité des droits.

Or, depuis, il n’en fut rien. L’état des débats politiques ne fait au contraire qu’empirer. Et comme si le « choc du 21 avril » n’avait jamais eu lieu, les thèses racistes, révisionnistes, discriminatoires et culturalistes font tache d’huile sur l’échiquier politique et – en débordant la seule surface politique de l’extrême droite – se découvrent une deuxième vie dans les mesures gouvernementales et la législation.

A la fracture sociale, les forces du conservatisme veulent surajouter une fracture ethnique en vue de blinder les séparations et soumettre les quartiers populaires à des traitements particularistes de ségrégation. Cependant que d’autres acteurs de la vie politique, dans les rangs progressistes, considèrent comme un simple mauvais fonctionnement passager de la République ce qui ressemble davantage à une mise à mort politique, sociale et culturelle d’une composante de la population.

La démocratie n’est pas un supplice à infliger aux minorités

Depuis maintenant plus d’un quart de siècle, les campagnes électorales deviennent un autel sur lequel sont sacrifiés à chaque fois des boucs émissaires pour purger une République qui ne saurait, nous dit-on, s’accommoder de la richesse des singularités et du respect des diversités.

D’élections en élections, des protagonistes de l’exclusion invoquent le triptyque de la peur : Insécurité, Immigration, Islam (les « trois I »). Ils arrivent à l’imposer comme le cadre de référence unique du débat électoral au-delà duquel il n’y aurait point de « salut républicain » possible.

Les prochaines échéances électorales vont marquer un tournant historique décisif. D’un côté, nous voyons s’installer à l’horizon les surenchérisseurs de l’extrême droite qui agitent comme jamais les ressorts de la haine de l’altérité. D’un autre côté, nous relevons l’entrée en « compétition » de partis politiques rivalisant de promesses à l’attention des minorités sur leur représentation. Certes, il s’agit en soi d’une bonne intention qui s’offre à une société en mal d’égalité. Mais, faisons attention, cette chance risquerait de tourner si d’aventure ces partis politiques se mettaient à considérer que le système politique a besoin seulement de quelques représentants « colorés » triés avec soin pour faire croire qu’il n’existe aucun problème de discrimination, que tout va pour le mieux dans le pays. Il est temps de donner aux minorités la possibilité d’exprimer au pays leurs véritables aspirations et de réaliser leurs ambitions légitimes à l’égalité et au respect de leur dignité en évitant la gadgétisation. La France n’en sortira que gagnante de cette diversité prometteuse et ouverte vers l’avenir.

Au lieu d’être l’arène où des politiques stigmatisent périodiquement les minorités au nom de la majorité, les élections doivent redevenir un grand moment de débat politique où la société s’interroge sur son pluralisme qui tarde à venir, son respect de la dignité des personnes, des collectivités d’appartenances et des différences, se préoccupe de l’efficacité de ses systèmes de solidarité, prépare l’avenir de ses enfants, de tous les enfants.

Prendre en main son destin, celui de toute la société

Même si le débat sur les discriminations a progressivement supplanté celui sur l’intégration, en France, nous sommes encore loin du compte. Dans le meilleur des cas, les promesses d’ouverture du « système » aux français de toutes origines sociales et culturelles se sont généralement réduites à des gestes symboliques et épisodiques donnant bonne conscience « républicaine » à leurs initiateurs. Aujourd’hui, l’antiracisme médiatique et folklorique, coupé des réalités, montre son inutilité sociale. Il ne s’agit donc nullement pour nous de quémander des quotas ethniques ou communautaires. L’égalité est une et indivisible.

Il y a une exigence pour les institutions de la République de mener, avec obligation de résultat, la lutte contre le racisme et les discriminations et pour la promotion de l’égalité réelle au bénéfice de la société française.

Si, aujourd’hui, nous interpellons toute la société, c’est parce que nous comptons favoriser une démarche alternative et rassembleuse permettant de créer les conditions du dépassement des blocages institutionnels et politiques au regard de l’exigence d’égalité réelle comme fondement premier de la liberté.

Notre exigence d’égalité et de respect de la dignité humaine et notre attachement à une conception universaliste de la citoyenneté et de la démocratie nous conduisent à appeler tous les citoyens français et les résidents sur le territoire à lancer un mouvement civique qui s’approprie la question de l’égalité politique, de la diversité de la société et de la place faite aux minorités et développe une dynamique d’intervention citoyenne directe de portée nationale dans les débats politiques lors des campagnes électorales des présidentielles, législatives, municipales, cantonales, régionales et européennes.

Désormais, il est urgent de répondre au vrai problème de déficit de représentativité au sein de nos institutions et d’assurer concrètement la prise en compte de la diversité de la société à toutes les élections sur la base de l’engagement, de la compétence et de l’expérience. Il faut faire en sorte que tous les lieux de pouvoirs et de décisions soient aux couleurs des habitants de la France et représentatifs sans distinction de sexe, de genre et d’orientation sexuelle.

Nous voulons être porteurs d’exigences pour contribuer à libérer la société

N’est-il pas temps de renverser la logique de régression citoyenne et démocratique et de rompre avec le cloisonnement des luttes, des revendications et des populations !

Pour marquer la rupture avec le passé et inaugurer une politique alternative de raffermissement des droits, il est nécessaire d’abroger rapidement toutes les dispositions législatives qui criminalisent l’immigration et favorisent l’exclusion, la stigmatisation et le recul des droits fondamentaux.

Il convient de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour que les lois communes de la République, notamment en matière de statut personnel, s’appliquent à toutes et tous et aux bi-nationaux et que les conventions bilatérales en matière de droit de la famille soient protectrices pour les droits des femmes. Il ne saurait y avoir d’égalité entre hommes et femmes sans un traitement égal pour toutes les femmes.

Il est urgent d’abolir l’ensemble des lois pénales d’inspiration sécuritaire et répressive qui ont établi au sein de la police et de la justice des processus discriminatoires systémiques à l’encontre des jeunes, des habitants des quartiers, des populations issues de l’immigration. Il est également urgent d’abroger les lois qui ont instauré les contrôles au faciès et légitimé les bavures policières et les emprisonnements arbitraires, d’en finir avec la discrimination des médecins titulaires de diplômes étrangers français ou non français, de supprimer les obstacles législatifs et administratifs à l’acquisition de la nationalité, d’instaurer la citoyenneté de résidence et le droit de vote et d’éligibilité aux étrangers extra-communautaires, de régulariser les sans-papiers et de mettre en œuvre une politique ambitieuse en matière de co-développement et de coopération assurant l’égalité nord-sud.

Nous savons tous que l’école ne remplit plus son rôle de promotion sociale, de transmission des savoirs, des savoir-faire, des cultures, des mémoires. Nous revendiquons l’égalité pour tous les enfants à l’Ecole de la République qui ne saurait devenir un espace discriminant pour les individus, méprisant pour les autres cultures et ignorant la contribution d’une multitude de peuples à l’histoire de France. La mémoire nationale doit intégrer toutes les mémoires.

Dégripper l’ascenseur social c’est également donner leur chance à ceux qui – en raison de leur origine sociale, ethnique ou religieuse – n’accèdent pas à des positions qui feraient progresser la société française. La France gagnerait à ce qu’ils y jouent leur rôle et contribuent au progrès de notre pays. Rendons son honneur à une partie des jeunes et moins jeunes qui jour après jour travaillent, envoient leurs enfants étudier et contribuent à ce que la France soit une démocratie avancée !

Exigeons enfin que la République fasse encore preuve de courage, dénonce l’oppression des peuples, soutienne leurs luttes démocratiques, réaffirme leur droit à la résistance contre l’oppression, l’occupation et la décimation (Palestine, Tchétchénie, Irak, Liban … ). Que nos gouvernants cessent enfin de soutenir les régimes dictatoriaux en Afrique et dans le monde !

Exerçons un droit de vigilance citoyenne avant, pendant et après toutes les campagnes électorales des présidentielles aux municipales ! Lançons un mouvement civique qui s’approprie la question de l’égalité politique, de la diversité de la société et de la place faite aux minorités !

Premier-e-s signataires :

Hamida BENSADIA (Féministe militante pour les droits de l’Homme), Mouloud AOUNIT (Militant Anti-raciste-Conseiller régional ÎDF-Alternative Citoyenne), Jamila EL IDRISSI (Attachée de presse), Abdelmajid GUELMAMI (Sociologue-Economiste), Patrick CHAMOISEAU (Ecrivain), Jacques RALITE (Sénateur et Ancien Ministre), Jacqueline FRAYSSE (Députée des Hauts-de-Seine, Conseillère municipale de Nanterre), Chafia MENTALECHETA (Représentante du Parlement Européen à l’Observatoire des phénomènes racistes et xénophobes-Déléguée Nationale du PS à la lutte contre les discriminations), Mgr Jacques GAILLOT (Evêque), Tarek BEN HIBA (Conseiller régional ÎDF-Alternative Citoyenne), Alima BOUMEDIENE (Sénatrice Verte), José BOVE ( Militant Altermondialiste et Syndicaliste), Madjid SI HOCINE ( Président du Syndicat SM+ Syndicat des praticiens à diplômes extra-communautaires), Kahina BRAHOUNI (citoyenne), Vincent GEISSER (Sociologue), Mehdi LALLAOUI (Président Association « Au nom de la Mémoire »), Francine BAVAY ( Vice-Présidente du Conseil régional ÎDF-Les Verts), Bariza KHIARI (Sénatrice PS), Claire VILLIERS ( Vice-Présidente du Conseil régional ÎDF- Alternative Citoyenne), Bernard DEFAIX (Syndicaliste), Jean BRAFMAN (Conseiller régional IDF PCF-Alternative Citoyenne 93), Sabiha AHMINE (Conseillère régionale Rhône-Alpes-PCF, élue à la ville de Lyon et récemment démise de sa charge d’adjointe à la vie citoyenne par le Maire), Colette LABAYE ( CGT Chômeurs-chômeuse), Evelyne PERRIN ( AC ! Stop Précarité, ZEP), Boualem SNAOUI ( Président du REseau SOlidaire et CItoyen- RESOCI), Jalila BOUHALFAYA (Syndicaliste CGT), Bally BAGAYOKO (Maire adjoint Saint-Denis), Louis WEBER (Syndicaliste), Etienne ADAM (Conseiller municipal de Caen Alternative Citoyenne), Sékou DIABATE (Président IACD), Adjera LAKEHAL-BRAFMAN (Militante Associative), Mekkia AMAR (Etudiante), Françoise DUTHU (Ancienne Députée au Parlement Européen-Les Verts-Economiste), A. DABOUSSI (Radio Soleil), Saïd BOUZIRI (Président Génériques), Claude JACQUIER (Directeur de de recherche CNRS), Richard DETHYRE (sociologue), Pierre COURS-SALIES (Professeur de Sociologie), René MOURIAUX ( Politilogue), Faouzi LAMDAOUI (Secrétaire National Adjoint à l’Egalité et au Partenariat Equitable du PS), Slimane DIB (Conseiller Municipal Aubervilliers UMP), Abderrahim HAFIDI (Maire Adjoint MRG Aubervilliers–Enseignant), Stéphane COLONEAUX (Président du Comité Métis-Dirigeant national PCF), Mireille FANON-MENDES-FRANCE (CEDETIM-IPAM), Paul BALTA (Ecrivain, ancien journaliste), Gérard BADEYAN (Haut comité de la santé publique), Gilles LEMAIRE (Ancien Secrétaire National des Verts), Mustapha MERIZAK (Sociologue, militant associatif et politique), Michèle LOUP (Conseillère Régionale Île-De-France-PS), Patrick BRAOUZEC (Député, Président de la communauté d’agglomération de Plaine Commune), Akli MELLOULI (Membre du Conseil National du PS), Jelloul BEN HAMIDA ( Porte-parole de Marseille Solidaire et Rédacteur en chef de NAROS), Clémentine AUTAIN (Elue à Paris-Co-Directrice de la rédaction de la revue Regards), Samia MESSAOUDI (Journaliste), Mohamed Saad Eddine El YAMANI (Traducteur), Michel DUFFOUR (Ancien Secrétaire D’Etat), Salah AL HAMDANI (Poète-écrivain), Michèle GUENOUN (Enseignante ENSAD), Anne JOLLET (historienne), Khedidja BOURCART (Maire-Adjointe Verte ville de Paris et Conseillère générale), André CASTELLI (Vice-Président du CG du Vaucluse), Aboubakar KABA (Coordination 93 des sans papiers), Mathias WANSI TCHUINGOUA (Médecin), Michèle SIBONY (enseignante en LP ), Catherine SAMARY (Economiste), Zine LAMDAOUI (Médecin), Ali AISSAOUI (Médecin-Président UNIR), Daniel KABLA (Médecin-Cardiologue), Pierre ZARKA ( Observatoire des Mouvements de la Société), Catherine LEVY (Sociologue), Pascal LEDERER (Directeur de Recherche au CNRS-Animateur d’Une Autre Voix Juive), Elisabeth SOW-DIONE (Médecin), Isabelle LORAND (Chirurgienne), Meriem DERKAOUI (Maire-Adjointe Aubervilliers-Miltante Féministe), Roger MARTELLI (Co-Directeur de la rédaction de la revue Regards), Françoise DIEHLMANN (Militante Associative), Marc PRUNIER (Militant LCR), Saïd BENAMROUCHE (Directeur Fondateur de Netcom SA société de service en télécommunication), Gilles BESNARD (Restaurateur), Joëlle BORDET (Psycho-sociologue), Saïd BRANINE (Journaliste-Oumma.com), José TOVAR (Syndicalite, Enseignant), Roland MERIEUX (Militant politique et syndicaliste), Emmanuel CHANIAL (Militant LCR), Catherine LEBRUN (syndicaliste), Khaled HAMIDA (Médecin Radiologue), Patrice LECLERC (Conseiller Général des Hauts-de-Seine), Christian DELARUE (Secrétaire National du MRAP et Membre du CA d’ATTAC), Slimane TIR (Elu Vert de Roubaix et vice-Président de la communauté urbaine de Lille), Moncef SLITI (Président de l’Association INSERD-Institut Euromed de Recherche et de Développement-Chef d’Entreprise), Lucky THIPHAINE (Journaliste Alternative Citoyenne), Palmyre BURGALETA (Militante Antiraciste), Enrique BURGALETA (Militant Antiraciste), Salika AMARA (Enseignante-Association "Filles et Fils de la République"), Patrick SILBERSTEIN (Co-auteur de " Vive la discrimination positive ! "), Najet AZMY (Déléguée à l’Education à la ville de Roubaix), Sophie CELTON (Membre du CEN du PCF- réseau Migrations), Anne FLAMBARD (Alternative citoyenne Basse Normandie), Annie-Laure Delacroix (Assistante sociale, Conseillère municipale d’Antony), M’hamed KAKI (Militant Associatif "lesoranges.com"), Rose-Marie LEVY PECHALLAT (Conseillère de l’emploi à l’ANPE), Mohamed BEN SAÏD (Médecin) Alain RUSCIO (Historien), Thomas COUTROT (Economiste), Lila LAMRANI (Etudiante), Ahmadou SOW ( Coordinateur du Mouvement Arc en Ciel), Catherine GEGOUT (Conseillère de Paris-PCF), Patrice BUSQUE (Eco-économiste), Baya HALLAL (Educatrice), Claude RAMIN (Citoyen), Makan RAFATDJOU (Architecte-Urbaniste), Chantal MAOUDJ (Atos-Université Paris1), Muriel BOUDJELEL (Service Jeunesse Antenne Arles), Jean-christophe CHAUMERON (militant alternative citoyenne CCAG 93), Fabienne HALOUI ( Membre du CEN du PCF- Réseau contre le racisme et les discriminations), Luttes contre les discriminations), Jean BELLANGER (Syndicaliste-Président du réseau AEFTI), Alain RENAUDEAU (Militant Associatif-lesoranges.com), Boualem BENKHELOUF (Syndicaliste–Association « la Médina »), Vincent ESPAGNE (Militant Associatif), Anne-Marie CHARASZ (Assistant Ingénieur), Jean-Marc CHARASZ (Ingénieur), Laura NAVARRO (chercheuse en Communication et sociologie), Moustapha GUEYE (Cercle Franz Fanon), Hetman DOUIDI (Assistant Parlementaire), Bénédicte BAURET (Conseillère régionale ÎDF- Alternative Citoyenne-Maire-Adjointe Mantes la Ville), Medjid MOUHOUB (militant associatif–lesoranges.com), El Yamine SETTOUL (Journaliste), Yazid AOUN (Formateur), Serge GUICHARD (Militant Anti-discrimations), Abdellatif BRAHMIA (Cadre dans une Banque), Frédéric SARKIS (Militant Vert et Associatif), Katherine COFFINET (Artiste Peintre-Militante Syndicaliste et associative), Claude GOISLOT (Militant Associatif sans papier), Gilles KUNTZ (Maire-Adjoint Grenoble), Guillaume LE MAB (Médecin de Santé Publique), Ibra YALI (Regroupement des travailleurs Sénégalais en France-Consultant Informatique), Jean DUBOSCLARD (Retraité), Alain BERTHO (Anthropologue), Hakim AIT OUARAB (Médecin), Fadel SAADANE (Informaticien), Serge GROSSVAK (Conseiller Municipal), Saïd BENNIA (Infirmier Hospitalier), Paul MUZARD ( Ecrivain-Acteur de mémoire), Younès AJARRAÏ (Président de Trait-d’union et Vice-Président de l’ATMF), Jacques FATH (Membre du CEN du PCF), Eliane BENARROSH (Militante anti-raciste), Kokou AKALLA (Médecin), Noëlle NAUDET (Employée), Amel RAOUI (Cadre dans une Banque), Orphélie VIREMOUNEIX (Citoyenne-Technicienne administrative) Abdallah ZEKRI (Président Association « Provence Citoyenneté Plurielle »-Membre du CFCM), Alexandrine VOCATURO (Enseignante et Militante anti-racisle), Yves MARCHI (Enseignant et Militant anti-racisle), Miguel GONZALES (Syndicaliste-Enseignant-Militant RESF), Abderrahmane DAHMANE ( Secrétaire national de l’UMP-Président du Conseil des Démocrates Musulmans), Gérard Vidal (photographe, réalisateur), Meryem MANHOULI (Agent administratif), Lysiane ALEZARD(Conseillère régionale ÎDF), Seddik FERCHICHI (Vice-Président UGET-FRANCE), Richard Lagache (Editeur), Nadia DAHMANI (Secrétaire de Rédaction), Pierre FLAMENT (militant pacifiste), Fabienne AGOSTINO (en recherche d’emploi-Lyon), John MULLEN (Rédacteur en chef de"Socialisme International"), Gérard HALIE (Militant de la Culture et de la Paix), Catherine COFFINET (Artiste-Peintre-Militante syndicale et Associative), Pierre SALY (Historien), Mohammed CHOUIEB (Chargé de mission), Baya HALLAL (Membre du Conseil National PCF), Patrick VASSALLO (Conseiller Municipal-Saint-Denis), Fernanda MARRUCCHELLI (Conseillère d’Arrondissement Paris), Fatma BOUAMIED (Sécrétaire Générale du CRLDHT), Sassi BENMOUSSA (Militant Associatif), Nadine STOLL (Militante pour une alternative anti-libérale), Hédi AKKARI (Employé), François BRUN (Ingénieur de recherche), Jean-Claude PRIM (Cadre Territorial), Rahim RAZIGAT (Responsable Associatif), Marie-Christine LACAZETTE (Enseignante), Brahim JLALJI (Militant Anti-raciste), Véronique DEVRIENDT (Actrice associative), Nathalie L’HOPITAULT (Miltante associative), Monique PRIM (Conseillère Municipale-93), Khaled HADOUN (Associatif), François COLOMBANI (Citoyen), Marie-Christine VERGIAT (Militante des Droits de l’Homme), Pierre GIRAULT (Conseiller Municipal PCF Montfermeil), Réseau Solidaire et Citoyen (Association), Jean-Blaise LAZARE (Educateur Spécialisé A.S.E. 93), Serge GROSSVAK (Conseiller Municipal), Kaïssa MSSASSI (Membre du Collectif "Article Premier"), Marguerite ROLLINDE (Chercheure), Claire MOUCHARAFIEH (Rédactrice-Graphiste), Khaled BEN M’BAREK (Militant Associatif), Ricardo CORONADO (Enseignant), Mohieddine CHERBIB (Militant des Droits Humains), Moa ABAÏD (Comédien), Alain BASCOULERGUE (Chargé de communication), Fouad FOURJI (Chercheur en sciences de l’éducation), Elise LOWY (Militante Ecologiste), Raphaël YEM (Coordinateur du magazine Fumigène), Samia KRIENS ( Présidente de l’Association FAIDES), Robert KISSOUS (Militant Associatif), Agnès GUEGUEN-CLUZEL (Coordination 93 de lutte pour les sans papiers-Infirmière), Thierry CANNENPASSE (UNADE), Fouad AHMINE (Secrétaire du groupe communiste à la région rhône-Alpes), Alain VERMEERSCH (Documentaliste), Zora CHORFA (Elue municipale Grenoble), Jérome GLEIZES ( Conseiller d’arrondissement Vert Paris), Nourredine CHATTI ( Economiste), Brahim JLALGI (Militant Anti-raciste), Catherine GRUPPERT (Militante Anti-raciste), Ali REBOH (Enseignant-Président du collectif 30.11), Hanafi AOURAGH (Cadre BTP-Militant Associatif), Kamel MEZITI (Associatif), Rachid DEHOUCHE ( Chargé de mission en insertion), Jean-Jacques BAUDRIER ( Conseiller Municipal Paris 20è), Mathieu BRABANT ( Enseignant-Syndicaliste CGT), Nadia YOUNESSI (Fonctionnaire Territorial), Malika MAALEM (Responsable Associatif), Hélène MASURE (Documentaliste-responsable PCF), Fatima OUADFEL (Militante Associative), Jean-Claude OLIVA ( Journaliste-Co-Président CAC93), Carole RADURO ( Militante Associative), Mohamed EL BACHIR (Professeur), Alain MATHIEU ( LCR), Jean-Marie JANOD (Militant Anti-raciste), Marie MARIN (Militante Associative), François SIEBECKE ( Conseiller en insertion), Adda BAKKOUCHE (Militante Associative), Farouk BELKEDDAR ( Associatif), Toufik BAALACHE (Ancien Maire-Adjoint), Christiane DEDRYVER

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22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 18:57
Brésil
Les élections brésiliennes
mises en perspective (I)

Le 1er octobre 2006, premier tour de l’élection présidentielle. Luiz Inacio Lula da Silva, président de la République fédérale du Brésil et membre du Parti des travailleurs (PT), obtient 48,6% des voix, 46 661 741 citoyens et citoyennes ont voté pour lui (le vote est obligatoire, avec quelques exceptions). Son rival, Geraldo Alckmin, du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), réunit 41,6% des voix, soit 39 961 167 votants. Heloisa Helena, candidate du Front de gauche (alliance entre le Parti du socialisme et de la Liberté - PSOL, le Parti socialiste des travailleurs unifié - PSTU et le Parti communiste brésilien), rassemble 6,85% des voix, ce qui représente un électorat de 6 575 393 personnes. Lula n’obtient pas la majorité des voix nécessaire pour être élu au premier tour. Le second tour se déroulera le 29 octobre.

par Charles-André Udry
17 octobre 2006

Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle - ainsi que celles à la Chambre des députés, au Sénat (renouvellement d’un tiers des membres), au poste de gouverneur des Etats de la République fédérale du Brésil et du législatif de chaque Etat - a donc débouché sur une situation encore imprévue 10 jours avant le scrutin. Luiz Inacio Lula da Silva devra donc affronter Geraldo Alckmin, lors d’un second tour fixé au 29 octobre 2006.

Mis en perspective, ce résultat électoral, en tant que tel, n’est peut-être pas l’élément qui mérite le plus d’attention. En effet, ceux et celles qui, en 2002, voyaient dans l’élection de Lula et d’un « gouvernement du Parti des travailleurs » une victoire électorale qui conduirait à une « transformation » du plus grand pays d’Amérique latine doivent (ou devraient) se poser quelques sérieuses questions. D’autant plus s’ils ont participé à la diffusion de la plus en plus mythique « démocratie participative » ou du prétendu « nouveau modèle de parti anticapitaliste » qu’aurait encore été le PT des années 1990.

Tout pour la « gouvernabilité »

Au cours des dernières années nous avons publié - sur le site de la revue A l’encontre - un matériel abondant qui permettait de saisir la continuité substantielle entre la politique mise en pratique par le gouvernement bourgeois de coalition placé sous la houlette de Lula et celle de son prédécesseur : Fernando Henrique Cardoso (FHC). Ce dernier présida aux destinées du Brésil de 1995 à 2002. Il déroula un programme de contre-réformes néoconservatrices aboutissant à un profond changement du maillage social et économique brésilien.

La continuité entre FHC et Lula pouvait se repérer, avant même la date des élections de 2002, dans les alliances passées avec des représentants significatifs du grand capital. Le choix du vice-président José Alencar, un des leaders de l’industrie du textile, donnait le ton.

Plus importante a été la nomination à la tête de la Banque centrale du Brésil d’Henrique de Campos Meirelles. La carrière de ce banquier ne se limitait pas à la direction de la Bank Boston au Brésil entre 1984-1986 et à son rôle de directeur de la Febraban (Fédération des banques brésiliennes) ou de l’Association brésilienne des banques internationales. De 1999 à 2002 il fut le président de la Global Bank of Fleet Boston Financial (Massachusetts). Il fut aussi très actif dans divers organismes de prêts (leasing) et dans la Bourse (secteur des opérations sur instruments financiers) de São Paulo. Meilleres illustrait à lui seul l’option économique stratégique que le gouvernement Lula allait choisir.

Rien d’étonnant dès lors - si ce n’est pour ceux qui réduisent la politique au « jeu des partis » - de constater que les banques brésiliennes ont doublé leurs gains déjà en 2004 par rapport à 2001. Or, 36% de leurs bénéfices proviennent des opérations sur les obligations de l’Etat brésilien ; c’est-à-dire du service de la dette interne assuré grâce au budget étatique. Ce dernier est financé par une fiscalité on ne peut plus favorable aux riches. Simultanément, l’austérité budgétaire sévit dans le domaine social, dans celui de la réforme agraire, etc. Enfin, la politique des taux d’intérêt réels élevés, dont Meirelles a été le chef d’orchestre, va gonfler les poches des rentiers parasites, détenteurs de la dette interne (obligations) : des gains réels annuels de 15%, garantis ! Le real s’est apprécié fortement (quelque 35%) face au dollar, ce qui arrange ceux endettés en dollars.

De fait, le gouvernement Lula a placé de suite sa politique sous le slogan : « Il n’y a pas d’alternative ». Cette devise thatchérienne est « conceptuellement » rénovée en Amérique latine. Le terme de gouvernabilité a pris sa place. Cela implique que la « gauche » fasse montre de son aptitude à passer des alliances sociales avec des fractions effectives de la bourgeoisie et des accords politiques avec des partis bourgeois. Le tout dans un double but : 1° assurer la stabilité politique et sociale tout en menant des contre-réformes ; 2° coopter les représentants des partis et organisations sociales ; les désarmer et dépolitiser au maximum les couches populaires qui pourraient s’engager dans une action directe.

De la sorte sont satisfaites les exigences essentielles du Capital national et international. Cette orientation fut d’ailleurs mise en œuvre, dès 2001, dans la mégalopole phare du Brésil, São Paulo, par la maire Marta Suplicy, égérie du new-PT. Elle n’hésita pas à passer des accords avec des représentants de la droite la plus traditionnelle et réactionnaire. Aujourd’hui, elle dirige dans cette ville la campagne de Lula pour le second tour.

L’affirmation d’une néo-bureaucratie

Seule la candeur - ou l’ignorance - pouvait laisser croire que l’accession de Lula à la présidence, en 2003, allait marquer un « tournant ». D’autant plus que sa victoire électorale a eu lieu dans un contexte où les mobilisations sociales étaient fragmentées et en recul. A l’exception de celles conduites, entre autres, par le Mouvement des Sans Terre (MST) ; toutefois, il faut replacer ces luttes, importantes, dans le cadre d’un pays largement urbanisé : plus de 83% de la population vit ou survit dans des conurbations.

Depuis 1994, la mutation du PT s’est accélérée en réponse, partiellement, à l’échec de la campagne électorale de Lula contre FHC et comme résultat, aussi, de son insertion croissante dans les institutions locales ; cela au moment même d’une décrue des mobilisations socio-politiques et d’une transformation du tissu social. Le poids des salarié•e•s de l’industrie - qui avaient porté le PT sur les fonts baptismaux à la toute fin des années 1970 - décroît. Le recul de l’emploi industriel des années 1960-1980, dans des régions politiquement de référence, s’accompagne de l’élargissement d’un salariat de plus en plus précarisé, avec des dégradés allant jusqu’aux extrêmes du « secteur informel ». Conjointement, le courant de la théologie de la libération - présent aussi bien dans le PT, dans le MST que dans diverses organisations sociales - subissait les coups portés par Jean-Paul II et son appareil bureaucratique. Sa vitalité a été affaiblie. Or, ses adhérents intervenaient de manière vive dans ce « paupériatat » en extension. Le climat socio-politique s’en est ressenti.

Dans un tel contexte, Lula avec l’appui d’un secteur du PT a construit une machine politique qui prit ses distances avec le corps du PT (par exemple l’Institut de la Citoyenneté), tout en contrôlant l’appareil central du parti. Les rapports avec la base du PT changent. Cette dernière est consciemment désorganisée. Une néo-bureaucratie se crée. Son enracinement social s’effiloche complètement, quelle que soit son histoire militante. Ce qui explique notamment la rapidité de sa conversion programmatique et politique.

Les principaux acteurs de ce remodelage du PT - autour de Lula qui en est le centre - tomberont sous les coups des scandales à répétition dès 2005 : de José Dirceu (le bras droit de Lula, ayant initialement la charge d’un vice-président) à José Genoino (président du PT) en passant par le ministre de l’Economie Antonio Palocci, pour ne pas allonger la liste. [1]

L’activité militante est sur la pente du déclin. Lors des élections, le PT paie des distributeurs de tracts et des porteurs de drapeaux et pancartes. Tout un symbole du ralliement à la pratique des partis bourgeois traditionnels brésiliens, avec leur clientélisme bien ancré. Les campagnes électorales de 2002 et 2006 furent exemplaires à ce propos. Cela va de pair avec une politique de recrutement très « ouverte » qui est en syntonie avec la fonction possible du PT comme ascenseur social pour une clientèle fidèle.

Dès le milieu des années 1990, Lula agence des rapports « directs » - ce qui nécessite la priorité donnée aux médias - avec une partie importante d’une population éloignée de toute organisation politique et sociale. Ce faisant, il va accroître la tendance à se voir déléguer un rôle de thaumaturge, construit sur l’arrière-fond médiatisé de sa trajectoire d’enfant du Nordeste et d’ouvrier de la métallurgie. Toute la campagne électorale de 2002 fut conduite par un spécialiste de la communication, Duda Mendonça, qui avait servi les candidats de la droite. Mendonça devra reconnaître que le financement de la campagne relevait de fonds ayant transité par les paradis fiscaux des Bahamas. Les liens avec la Rede Globo, décisive dans le monde médiatique brésilien, exigeaient des promesses de soutien et des contreparties.

En 2002, un candidat paradisiaque est donc mis en scène : « Lula, paix et amour ». Ce candidat écrit directement au peuple brésilien, tout en donnant, dans la même lettre, toutes les assurances exigées par les puissants. Il signe, bien avant les élections, un engagement à suivre les « recommandations » du Fonds monétaire international (FMI), sur injonction de FHC.

Tout était donc en place pour que la présidence de Lula soit celle d’une continuité préservant (et renforçant) les intérêts des dominants - dans un des pays les plus inégalitaires au monde - et affaiblissant ou neutralisant les organisations aptes à stimuler la défense des besoins et exigences des classes populaires. Les élections de 2006 confirment cette tendance, si ce n’est qu’elles sont assombries par les cascades de scandales de corruption qui touchent le parti prétendant avoir le monopole de « l’éthique ».

La difficile rupture et son contraire

Ces transformations du PT furent saisies par une partie des tendances dites de gauche du PT. Toutefois, ces courants et leurs membres seront soumis à divers conditionnements et craintes, ou encore cultivèrent des illusions rassurantes, au point d’y succomber au prix... de récompenses sonnantes et trébuchantes.

Les critiques faites à l’orientation non seulement du « camp majoritaire » du PT, mais aussi à la machine bureaucratique mise en place par Lula et ses affidés étaient souvent contenues, de peur de « donner des munitions à la droite ».

Les congrès du PT fonctionnaient comme un théâtre d’illusionnistes : des prises de position « de la gauche » du PT pouvaient obtenir un certain appui, mais elles ne se traduisaient en rien dans l’orientation générale pratique et dans celle divulguée par Lula. Ces congrès devinrent de plus en plus des rassemblements où les élus et les permanents du PT disposaient de la très large majorité des mandats.

La « fidélité » aux idées initiales du parti se transforma, pour beaucoup, sous l’attrait d’avantages en termes matériels et de reconnaissance publique, en une « fidélité » à l’appareil du parti. Le « programme » fut classé aux archives.

La cooptation des dirigeants syndicaux de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT) alla de pair avec le « tournant » du PT-Lula. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les dirigeants syndicaux ont été si nombreux dans les instances gouvernementales ou dans l’appareil de direction politico-gouvernementale lors du (premier) mandat présidentiel de Lula.

Par leur pratique de négociation dans les grandes entreprises, en particulier les filiales des multinationales, les syndicalistes avaient pris le pli du compromis que l’on apprend à vendre aux salarié•e•s. La « concertation sociale » servira d’apprentissage à la « concertation politique ». Elle sera encouragée lors des cours donnés, sur invitation, par l’appareil syndical du DGB allemand et de fondations telles que la Friedrich Ebert Stiftung.

En outre, l’intégration des dirigeants syndicaux dans la gestion de sommes très importantes des fonds de pension les mettra en relation avec le capital financier et en fera des partenaires consentants de la politique de Meirelles. La première contre-réforme de la présidence Lula portera, précisément, sur l’élargissement et la libéralisation des fonds de pension.

La crainte d’une rupture avec le PT aboutissant à un certain isolement - après avoir agi dans le cadre rassurant d’un grand parti disposant de forts appuis institutionnels - a freiné les velléités d’oppositions claires, frontales, qui risquaient d’aboutir à une cassure.

Cette retenue a aussi réduit - même si on peut en discuter l’ampleur - la capacité de résistance à la politique du gouvernement Lula. Les réserves dans la critique, justifiées parfois par des calculs de diplomatie politique sophistiqués, ont contribué à accroître le scepticisme et le découragement parmi une couche militante.

Dès lors, la rupture intervenue en 2003 était d’autant plus importante. Elle s’est produite lorsque Heloisa Helena (candidate présidentielle aux élections de 2006), Luciana Genro (députée de Rio Grande do Sul, réélue avec un très bon score) et Baba (Joao Batista Oliveira de l’Etat du Parana qui n’a pas été réélu) furent suspendus puis exclus du PT. Plus décisif, ces militant•e•s s’engagèrent de suite - malgré les doutes savants d’intellectuels marxistes de divers continents - dans la création de ce qui deviendra le P-SOL (Parti du socialisme et de la liberté). Début des années 1990, des forces qui donnèrent naissance en 1994 au PSTU (Parti socialiste des travailleurs unifié, légalisé en 1995) s’étaient déjà engagées dans une orientation d’expulsion-rupture avec le PT. Ces deux formations se sont retrouvées dans le Front de gauche à l’occasion de ces dernières élections.

La banalité de la corruption...

Il est courant d’entendre dans la « gauche » que le gouvernement du PT-Lula a fait des erreurs. Si l’on entend par là les faux pas commis par l’appareil luliste à l’occasion de l’achat du vote de députés à la Chambre pour obtenir une majorité, il faut simplement parler de maladresses, mais pas d’erreurs. Certains députés de « l’opposition » ont touché un versement mensuel pouvant aller jusqu’à 10 710 euros pour vendre leur voix au gouvernement. Cette pratique est le propre du fonctionnement du parlement bourgeois et de ladite démocratie brésilienne. L’appareil du PT s’y est totalement adapté. En cela, il prolongeait ce que, à une échelle inférieure, il faisait souvent dans de grandes municipalités et des Etats où ses membres dirigeants détenaient des postes de gouverneur et de maire. Chantages et « révélations » sont inhérents à ces pratiques. Les scandales ne pouvaient qu’éclater au grand jour.

Il faut aussi avoir à l’esprit que Lula, une fois président, pouvait nommer quelque 20 000 personnes à divers postes. Une distribution toute particulière de la reconnaissance pour services rendus ou à rendre. Les privatisations dictées par FHC ont d’ailleurs réduit le nombre de ces postes-prébendes.

En outre, l’emprise sur une partie de l’appareil d’Etat central - la police et l’armée, entre autres, ont toujours manifesté leur « indépendance » et les généraux ont continué leurs relations traditionnelles avec leurs confrères des Etats-Unis - a donné au PT des ressources financières et un réseau d’influences accru. Il n’avait pu jusqu’alors les cultiver avec autant de dynamisme. Les « scandales de corruption » qui éclaboussèrent le PT et ses dirigeants ne sont que la traduction de son intégration pleine et complète à la structure politico-étatique bourgeoise du Brésil.

La représentation politique fragmentée dans le législatif brésilien stimule aussi les négociations - avec un prix fixé en dollars ou reais - et les distributions de « dédommagement ». C’est un véritable commerce. A cela s’ajoutent les relations avec les gouverneurs des Etats. Elles ont le plus souvent la forme de transactions financières, sous formes diverses.

... et le clientélisme

Le fossé entre le fonctionnement de ce système politique et la très large majorité de la population est abyssal. En effet, plus de 43 millions de Brésiliennes et de Brésiliens vivent dans l’extrême indigence, soit (selon un critère d’ailleurs discutable) avec un dollar par jour. Les dépenses dédiées à l’éducation d’un enfant des « classes moyennes » sont 78 fois plus élevées que celles pour un enfant des milieux populaires, pour autant que ce dernier soit scolarisé. Les intérêts encaissés par les détenteurs d’obligations d’Etat équivalent au revenu de la moitié pauvre de toute la population !

C’est à cette aune qu’il faut aussi mesurer le fossé entre le « monde politique » et la majorité de la population. Certes, les élections peuvent représenter un moment exceptionnel pour des « citoyens » peu concernés : ils ont l’occasion de gagner 8 à 10 euros par jour en agitant des drapeaux et des pancartes durant 10 heures, sur les bords des carrefours d’une ville ou lors de « meetings de masse » des « grands partis ».

C’est dans cet espace muré entre les salons des théâtres institutionnels et la vie de la très large majorité de la population que le clientélisme politique prospère. Sur l’humus des inégalités sociales extrêmes comme de la pauvreté persistante et brutale les pratiques clientélaires fleurissent. Elles peuvent aussi prendre les formes de projets « assistentialistes » tels que le gouvernement Lula les a conduits.

Sur ce plan également, le gouvernement Lula n’a donc pas « commis d’erreurs ». Il a simplement continué, comme cela était annoncé dès 2002, l’essentiel de l’orientation impulsée par FHC.

Lula a réorganisé les initiatives d’aides ciblées aux plus pauvres. Nombre d’analystes ont insisté sur l’importance de la bourse-famille (bolsa familia) pour comprendre l’appui électoral que Lula a reçu dans le Nordeste (Nord-Est) du pays en 2006. Le fait est peu contestable.

Toutefois, il ne faudrait pas oublier que ces aides ciblées - selon les critères même de la Banque mondiale - ont été mises en place par FHC et même par son prédécesseur José Sarney. Ainsi, les bons d’achat de bonbonne de gaz pour la cuisson des aliments (vale-gas), les coupons pour l’achat de lait (ticket-leite) ou l’aide pour être scolarisé (bolsa-escola) existaient déjà. FHC gérait ces soutiens, pour ne pas dire aumônes, comme instrument de captation de votes. Sur le fond, Lula va réunir dans la bourse-famille les diverses mesures d’assistance. Cela a permis à quelques millions de familles d’acquérir, avec des sommes pouvant aller jusqu’à 35 euros par mois, de la nourriture de base (riz, haricots rouges...). Ce n’est pas à négliger. Mais l’insertion structurelle de ces millions de travailleuses et travailleurs dans le tissu socio-économique n’a pas changé d’un iota, et ce n’est même pas un droit universel.

Pas touche à la propriété privée

Quant au plan Faim zéro (fome zero), présenté avec fracas en 2001 conjointement aux promesses d’une réforme agraire significative, il eut la consistance de son qualificatif. Fin 2005, le sociologue Chico de Oliveira le résuma ainsi : « En quoi consiste faim zéro ? L’Eglise catholique l’aurait appelé extrême onction. Il sauve l’âme, mais pas le corps. C’est ce que fait Faim zéro. Comment ce programme change-t-il la façon dont sont distribués les revenus au Brésil ? En rien. »

En effet, la réforme agraire est une pièce centrale de toute réponse à la « faim », dans un pays où, selon l’Institut officiel (INCRA), les 32 264 plus grands propriétaires terriens (possédant chacun plus de 2 000 hectares) détiennent 31,6% des terres cultivables. La composition initiale du gouvernement laissait déjà entrevoir que, malgré les espoirs et la mobilisation des organisations de sans-terre et de petits paysans, la réforme agraire serait plus que modeste. Et pour cause. [2]

Le Ministère de l’agriculture fut confié à un représentant connu de l’agrobusiness exportateur : Roberto Rodriguez. Celui du « développement agraire » (réforme agraire) à un représentant de la gauche du PT (membre du courant Démocratie socialiste), Miguel Rossetto. La hiérarchie était établie.

Les grands propriétaires l’ont immédiatement compris. En alliance étroite avec les juges, ils ont utilisé les « moyens légaux » pour frapper les paysans pauvres. En 2003, selon la Commission Pastorale de la Terre (CPT), 35 297 familles (176 485 personnes) furent expulsées des terres qu’elles occupaient ou dont elles revendiquaient la propriété, après les avoir travaillées durant des années. Un nombre annuel d’expulsions sans précédent dans l’histoire du Brésil. Ce qui ne freina pas les assassinats de paysans et de militants du MST durant tout le mandat de Lula.

Ce n’est pas la place ici d’établir un bilan de la réforme agraire. Néanmoins, entre les objectifs réalistes fixés en 2003 - sur demande du gouvernement Lula - par Plinio de Arruda Sampaio, une autorité en la matière, et le résultat final, la distance est analogue à celle séparant les latifundistes des petits paysans. Le plan de Sampaio prévoyait l’installation sur des terres d’un million de familles jusqu’en fin 2006, un système de prêts bancaires et d’achat anticipé de la récolte afin d’approvisionner, à terme, le plan « faim zéro » et les acquisitions étatiques de nourriture pour les écoles, les hôpitaux, l’armée, etc. Ces propositions de Sampaio pouvaient être mises en application par décret présidentiel ; donc l’obstacle parlementaire ne peut être invoqué.

Ici, il ne s’agit pas seulement d’une différence quantitative entre engagement chiffré et réalisation - un rapport de 1 à 5 - mais d’une question essentielle de choix politico-programmatique. Le gouvernement Lula ne voulait pas affronter la question de la propriété privée - celle des latifundistes - même sous des formes modérées, « l’expropriation » des terres s’effectuant contre un paiement intéressant.

Les tensions avec le MST et d’autres organisations n’ont cessé de croître en 2005 et 2006. Cependant, des dizaines de milliers de familles végètent sur le bord des chemins dans l’attente de pouvoir s’installer sur des terres et dépendent donc encore des aides financières du gouvernement. Ce qui explique, en partie, l’attitude du MST face à ce gouvernement. Nous y reviendrons.

Quand l’argent occupe tout l’espace politique

L’absence de débats programmatiques entre les deux candidats qui occupèrent l’avant-scène médiatique, Lula et Alckmin, fut la caractéristique principale du premier tour de l’élection. Le marketing politique envahit tout l’espace. L’argent, les ressources financières prenaient la place de la « mobilisation citoyenne », à un point rarement connu jusqu’ici. Cela s’inscrivait dans le droit fil des années Lula. Une sorte de complicité en ce domaine se manifesta entre les deux principaux acteurs de la présidentielle. Pedro Stedile, membre de la coordination du MST, dans un entretien avec l’Agence Carta Maior, le 5 octobre 2006, affirmait : « Lors du premier tour il n’y eut pas de débat et, pratiquement, les candidats ne défendirent pas de projet... La caractéristique de ces élections, au moins lors du premier tour, fut un état d’hébétude générale en fonction du manque de débat sur des projets. » Stedile souligne que Lula en aucune mesure « ne stimula la participation du mouvement social ». Ce fut en effet le grand absent des élections.

Il fallut attendre les dix derniers jours pour enregistrer un changement. Il n’intervint pas dans la qualité du débat politique, mais dans l’offensive - plus vigoureuse qu’attendu par la direction du PT - des médias contre Lula et son gouvernement. Télévision et presse s’emparèrent d’une affaire : la tentative d’achat, pour une somme de quelque 800 000 dollars, d’un « dossier » censé compromettre José Serra - candidat du PSDB au poste de gouverneur de l’Etat de São Paulo, qui fut élu au premier tour - dans des affaires de corruption.

Des proches collaborateurs de Lula avaient monté cette opération, au cours de laquelle ils furent arrêtés le 15 septembre. Tous les médias mirent en scène la montagne d’argent, au sens littéral du terme, qu’impliquait une telle démarche d’acquisition de documents compromettants. Ils posèrent une question : d’où viennent ces fonds ? Une interrogation à laquelle les responsables du PT ne pouvaient répondre. Une fois de plus, Lula n’était « pas au courant » et renvoyait à la maison les « responsables » !

Pour une frange des électeurs et des électrices, cette exhibition d’argent éclairait une fois de plus d’une lumière crue non seulement les pratiques du PT, mais le mur séparant la vie de ces politiciens de la leur. Le passif du gouvernement Lula acquerrait à nouveau les traits de la corruption, du gaspillage, de l’incompétence. Que des actes de corruption puissent être imputés - entre autres dans une affaire d’achat d’ambulances - au PSDB et à son candidat passaient au second rang, d’autant plus que les révélations en la matière n’étonnent plus grand monde. Par contre, la convergence des pratiques entre les deux composantes politiques - représentées par les deux candidats Lula et Alckmin - se concrétisait.

Dans cette ambiance nauséabonde, Lula refusa de participer, le 28 septembre 2006, au seul débat réunissant les divers candidats : Alckmin, Heloisa Helena, Cristovam Buarque. Une reculade qui traduisait la difficulté pour Lula de défendre les méthodes et le contenu de sa politique à l’occasion d’un débat télévisé non biaisé. Divers analystes, spécialistes de l’évolution des intentions de vote, ont attribué à ces deux « incidents » le fait que Lula ne fut pas élu au premier tour, même si son résultat fut supérieur à celui de 2002 (48,6% contre 46,4%). Certes, il avait l’avantage de disposer de la machine étatique. De l’efficacité de cet atout, FHC en avait fait la démonstration lors de l’élection pour son deuxième mandat.

Un affrontement dans un cadre bien délimité

En arrière-fond de la campagne médiatique des jours précédant le 1er octobre s’est profilée la volonté d’un secteur de la bourgeoisie de mettre en difficulté Lula et de lui infliger un échec.

Dans tous les cas, lui imposer un second tour ne pouvait qu’aboutir à s’assurer une soumission accrue, dans le futur, aux exigences du Capital. Dans un entretien avec le quotidien argentin Clarin (7.10.2006), le dirigeant de la Fédération des industriels de São Paulo (FIESP), Paulo Skaf - tout en indiquant qu’une fraction de son organisation et lui-même préféraient Alckmin -, soulignait, en substance, que les deux candidats devraient introduire des changements dans la politique gouvernementale à venir : réduire la « dimension de l’Etat », modifier le système fiscal, redéfinir la politique des taux d’intérêt, etc. La FIESP le ferait savoir, confiait-il, lors de conversations avec les deux candidats et était certaine d’être écoutée.

Le sociologue Chico Oliveira, cité dans des contributions publiées par Correio da Cidadania, observe « qu’il s’agit, essentiellement, d’une élection entre deux options conservatrices ; il n’y a aucune nouveauté en l’espèce. C’est une lutte pour le contrôle des fonds publics entre deux grands regroupements d’une même classe sociale, mais dont les sigles sont le PT et le PSDB ». Lula, lors d’un entretien avec la presse, suite au premier tour, a d’ailleurs esquivé la question de savoir « s’il gouvernerait pour les pauvres ou pour les riches ». Lorsque l’on gouverne, répondit-il, « on ne fait pas une séparation entre riches et pauvres ». FHC, avec son sens de la formule, déclare dans la foulée : « Lula est à la fois le père des pauvres et la mère des riches. Il n’a pas menacé leurs intérêts, au contraire. » (Le Temps, 11.10.2006)

A l’occasion du second tour, Oliveira insiste néanmoins sur la détermination du candidat du PSDB à accélérer le rythme des privatisations. Ce qui tend à être confirmé au vu du bilan de la gestion de l’Etat de São Paulo sous l’égide de ce parti. Les privatisations se sont multipliées dans les transports ferroviaires (Fepasa), dans l’énergie (Eletropaulo, Comgas et Companhias Paulista de Força e Luz), dans la voirie (Sabesp) ou encore dans le secteur bancaire (Banespa et Nossa Caixa). Les « revenus » de ces privatisations (soldées) n’ont pas empêché l’explosion de la dette publique de cet Etat, dette qui nourrit une couche bourgeoise rentière très liée à cette politique ultra-libérale. Aujourd’hui, Lula met avant tout l’accent sur la volonté d’Alckmin de s’engager dans une politique de privatisations tous azimuts. Ce qu’Alckmin et les médias le soutenant démentent, comme on pouvait s’y attendre.

Par contre, Lula ne prend pas l’engagement de ne pas relever l’âge donnant le droit à la retraite à 65 ans, de ne pas flexibiliser le droit du travail et les droits syndicaux, de refuser la confirmation définitive de l’indépendance de la Banque centrale, de revenir à une réforme agraire qui aurait les traits de celle proposée par Sampaio, de bloquer les privatisations, etc.

Son programme reste celui de la continuité social-libérale, qui aura des accents encore plus prononcés. Lula a d’ailleurs reçu, le 10 octobre, l’appui d’Antonio Delfim Netto, qui occupa, entre autres, le poste de ministre de l’Economie sous la dictature militaire et représenta le Brésil au FMI (O Estado de S.Paulo, 11.10 2006).

La nouvelle fraction parlementaire du PT, qui a passé de 81 à 83, est majoritairement composée par sa « droite » officialiste. On y retrouve les personnages qui ont, conjointement, conduit la politique du gouvernement et été mêlés à toutes les crises et tous les scandales : José Genoino, José Mentor, Paulo Rocha, Antonio Palocci, ou encore Ricardo Berzoini, l’ex-coordinateur de la campagne de Lula au premier tour. Ce dernier dut quitter son poste suite au scandale de l’acquisition du « dossier » devant incriminer José Serra. Selon les enquêteurs, il préparait cette initiative depuis trois mois.

En cas de victoire, Lula et son gouvernement agiront dans le cadre d’ensemble fixé par le grand capital. Dans le législatif, la recherche d’alliances au « centre » restera de mise. Le PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien) a d’ailleurs renforcé sa position : 89 députés contre 78 antérieurement. Le PSDB en dispose de 65 contre 59 et le Parti du front libéral (PFL) de 65 contre 64.

C’est avec satisfaction ironique que le quotidien économique historique, Gazeta Mercantil[3] (11.10.2006), souligne, dans un reportage consacré à la campagne conduite par Lula dans une région populaire du grand São Paulo (Guarulhos), que le président critique le manque de fermeté du PSDB face à la Bolivie, à l’occasion des mesures prises par le gouvernement d’Evo Morales pour accroître son contrôle sur les ressources énergétiques aux mains de la société étatique brésilienne Petrobras !

Des secteurs déterminants de la bourgeoisie et leurs représentants politiques ne pensent pas que l’issue la plus probable du second tour sera une défaite de Lula. Ils savent que le premier gouvernement de Lula leur a donné, pour l’essentiel, satisfaction. Il n’a en aucune mesure favorisé la mobilisation sociale, tout au contraire. FHC peut dès lors, sans trop de risques, affirmer : « S’il [Lula] perd, il n’y aura pas les tensions sociales que prédisent certains. Le PT n’a plus la capacité de mobilisation sociale qu’il avait auparavant. Et le PSDB est favorable à la réforme agraire. Quant aux aides sociales aux pauvres, c’est moi qui les ai créées. » (Le Temps, 11.10.2006) Pour ce qui est de la réforme agraire et des aides sociales, FHC lance deux coups de pied de l’âne dont il est passé maître. La remarque la plus significative a trait à la capacité présente de mobilisation sociale du PT. Cette atrophie accentuée du PT et de la CUT était un des objectifs que visaient les fractions bourgeoises « éclairées » qui, dès le début, ont soutenu « l’expérience Lula ».

Prenant un certain recul, Joao Pedro Stedile, dans son entretien à Carta Maior (5.10.2006), observe que « quinze ans de néolibéralisme ont représenté une défaite très grande pour les intérêts du peuple [...]. Le mouvement de masse est en reflux. La gauche en général connaît une crise idéologique, de valeurs et de pratique politique [...]. Comment dépasser ce cadre historique défavorable ? Ce ne sera ni par une élection ni par une formule miraculeuse ; ce sera un long travail exigeant une patience historique qui permettra de regrouper des forces populaires autour d’un nouveau projet pour le pays et, dans ce but, nous avons besoin de reprendre le travail de base, de former des militants, de disposer de nos propres moyens de communication et de stimuler tout type de luttes sociales, en particulier avec la jeunesse urbaine. » L’accent mis sur la « jeunesse urbaine » de la part du principal dirigeant du MST mérite l’attention ; elle traduit une discussion qui est menée depuis un certain temps dans des cercles dirigeants du MST.

On peut certes discuter du jugement sur la période sociale et politique de Stedile. Mais il serait peu réfléchi d’écarter d’un revers de main ce point de vue au nom de certaines luttes, réelles, ou de l’émergence de nouvelles et estimables organisations sociales (Conlutas) ou politiques, comme le PSOL.

Dans la seconde partie de cet article, nous examinerons la campagne menée par le Front de gauche autour de la candidature d’Heloisa Helena et le débat portant sur le mot d’ordre de vote à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle. Le MST, après s’être abstenu de toute indication de vote lors du premier tour, s’engage actuellement pour Lula. La direction du PSOL a, le 3 octobre, pris position pour le vote blanc (ni pour Lula ni pour Alckmin). Cette position est débattue par certains de ses membres connus. Le PSTU s’est prononcé pour le vote blanc.

Notes:

[1] [NDLR] Consultez le dossier Corruption & crise politique sur le RISAL.

[2] [NDLR] Consultez le dossier Lula et la réforme agraire sur le RISAL.

[3] [NDLR] Consultez le dossier La Bolivie nationalise ses hydrocarbures sur le RISAL.


En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

Source : revue A l’encontre (www.alencontre.org), octobre 2006.

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22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 17:55
Le PCF propose Mme Buffet
pour briguer l'investiture des antilibéraux


e Parti communiste français (PCF) a proposé, dimanche 22 octobre, Marie-George Buffet, comme candidate à la présidentielle de 2007 pour porter les couleurs d'un rassemblement comprenant le PCF et tous les antilibéraux. Cette décision doit encore être entérinée par les militants communistes en novembre.

A l'issue de deux jours de vifs débats, à Villejuif, plusieurs centaines de délégués de la Conférence nationale (mini-Congrès) du PCF ont approuvé à 80 % la stratégie électorale proposée par la direction qui consiste à présenter Mme Buffet, la secrétaire nationale, comme candidate non pas du seul PCF, mais d'un vaste rassemblement des antilibéraux.

Les délégués ont approuvé le texte du "bulletin de vote" qui sera soumis au vote des militants et qui stipule que "le PCF propose Marie-George Buffet comme candidate de rassemblement antilibéral de gauche à l'élection présidentielle".

LES AUTRES CANDIDATS EN LICE

Opposés à cette stratégie, deux autres candidats, qui se réclament de "l'identité" communiste, briguent aussi le vote des militants communistes, mais pour représenter le seul PCF : Maxime Gremetz, député de la Somme, et Jean-Jacques Karman, vice-président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Un troisième, André Gerin députe-maire de Vénissieux, avait retiré sa candidature samedi.

Les quelque 140 000 militants communistes se prononceront les 11 et 12 novembre sur cette décision. Mais le marathon qui verrait Mme Buffet concourir pour l'Elysée ne s'arrêtera pas là, puisqu'il appartiendra ensuite aux "Collectifs unitaires", composés de militants communistes et d'autres formations de la gauche radicale, de désigner leur champion, par "consensus", les 9 et 10 décembre.

D'autres concurrents sont en lice pour briguer l'investiture des collectifs, notamment le leader altermondialiste José Bové et l'adjointe au maire de Paris Clémentine Autain (app. PCF).

Si les "collectifs" ne désignaient pas Mme Buffet, les communistes seraient de nouveau consultés."Nous respecterons la souveraineté des communistes à toutes les étapes", a promis Mme Buffet ,en clôturant la rencontre, ajoutant que sa candidature est seulement "proposée" aux Collectifs et nullement "imposée".


LEMONDE.FR avec AFP | 22.10.06 | 13h55 

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