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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 21:43

Une dizaine de grandes gueules de la contestation universitaire toulonnaise reçoivent ces jours-ci la lettre suivante, signée du Président de l’USTV Soi-même.

 


Les ultra-gauchistes impliqués par ce courrier, qui se découvrent ce matin grévistes depuis le 2 février alors que leur hiérarchie directe ne les a jamais recensés comme tels, s’étonnent que la comptabilité prenne fin le 11 mai puisque le mouvement universitaire n’est à ce jour pas achevé. 98 jours de retenue de salaire seulement, ça fait un peu mesquin. Cela dit, comme la phrase débute par « À ce jour », tous les espoirs sont permis pour la suite.

Il est bien entendu que ces branleurs, s’ils sont profs, devront assurer des rattrapages de leurs cours pour achever cette année conformément à la requête ministérielle, dans le strict respect de l’intérêt des étudiants (mais comme l’administration n’est pas chienne, elle n’exigera aucun rattrapage de celles et ceux qui n’avaient pas cours pendant cette période ou qui ont pu assurer leurs enseignements malgré leur implication dans l’organisation des blocages, des séquestrations ou je ne sais quoi : dans ce cas, la retenue de 98 jours suffira).

Précisons que Laroussi Oueslati, Président de l’USTV adulé par l’UNI depuis qu’il a fait intervenir la force publique pour débloquer son campus, est élu de gauche au Conseil Régional de Provence Alpes Côte d’Azur.

 
Cuverville
Toulon Var agglomération
Brève mise en ligne le le 14 /05 /2009

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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 21:13
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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 21:08
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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 12:01
article publié le 6/05/2009 auteur-e(s) : Attac France, Confédération Paysanne

 Le modèle agro-industriel mis en en cause La bataille qui s’engage sur le nom de la grippe A-H1N1 permet d’occulter, dans le déferlement médiatique, les réelles causes de l’apparition et de la propagation de ce virus. Pourtant, de plus en plus d’ONG, de chercheurs, de journalistes nord-américains et de témoignages des populations mexicaines mettent en cause le modèle agro-industriel, piloté par les multinationales et engendré par la mondialisation néolibérale. Il n’existe aucune certitude sur l’origine précise du virus, mêlant des souches humaine, aviaire et porcine. Mais tout laisse à penser que sa transmission est fortement liée à l’agro-industrie. Cela fait des années que de nombreux scientifiques avertissent que l’industrialisation des élevages et la très forte concentration des animaux favorisent la transmission et la recombinaison virales [1]. Une piste sérieuse concerne la plus grande multinationale de viande porcine, Smithfield Foods, qui s’est implantée, sous le nom de Granjas Carroll, dans la communauté mexicaine de la Gloria. Depuis des mois, les habitants se plaignent de maladies respiratoires et de morts étranges, qu’ils ont très rapidement liées aux conditions d’hygiène scandaleuses de la multinationale (par exemple, des charognes de porc qui pourrissent à l’air libre) [2]. C’est ici que le premier cas de grippe porcine a été diagnostiqué dans le pays. Les autorités mexicaines se sont visiblement efforcées d’étouffer l’affaire. Smithfield Foods a pourtant déjà été dénoncée par les populations victimes de ses pratiques d’élevage, qui mettent en danger la santé publique. Mais, comme pour d’autres multinationales agroalimentaires, l’impuissance ou le laxisme des autorités ont permis à la loi du libre investissement de s’imposer. Un autre foyer potentiel a pu être identifié par des chercheurs américains en Caroline du Nord, où l’agriculture porcine est la plus concentrée et la plus industrialisée du pays [3]. D’autres foyers pourront être identifiés. L’important est de bien voir les énormes risques sanitaires engendrés par une industralisation à outrance de l’élevage par quelques multinationales, cela malgré les avertissements de très nombreux chercheurs et institutions. Depuis quarante ans, on est passé de cinquante à mille porcs par ferme en moyenne aux États-Unis. Les élevages de Smithfield Foods concentrent chacun plusieurs dizaines ou centaines de milliers de porcs confinés dans d’immenses hangars, dans des mares d’excréments, avec de très importantes déjections polluantes et des antibiotiques qui multiplient les résistances. On est à dix mille lieues de l’élevage paysan et familial. Les causes profondes : libre-échange et mainmise des multinationales Le fait que cette grippe ait d’abord été localisée au Mexique et en Amérique du Nord n’est certainement pas un hasard. Depuis 1994 a été créée une zone de libre-échange, l’ALENA, entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, consacrant le libre marché au mépris notamment du principe de précaution. Sans possibilité de protection, l’agriculture mexicaine a été décimée par une importation massive de produits agricoles à très bas prix. Les multinationales agroalimentaires des États-Unis ont pu investir et s’implanter massivement au Mexique pour échapper aux réglementations contraignantes imposées dans leur pays. Sans oublier que le Mexique a été soumis à des programmes d’ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale à partir des années 1980. Ces programmes ont notamment poussé l’agriculture à s’orienter vers les exportations, au détriment des productions vivrières et paysannes. Les conditions étaient réunies pour une dérive vers une agriculture industrialisée, polluante et sans règles environnementales, sociales et sanitaires. La propagation de cette grippe révèle également l’échec des systèmes de prévention, notamment de l’Organisation mondiale de la santé, et des systèmes de santé publique en Amérique du Nord, privatisés, avec trop peu de moyens et incapables d’une réaction rapide et coordonnée. De plus, l’industrie pharmaceutique a tout fait pour combattre les initiatives des pays du Sud visant à produire, de façon publique et générique, des antiviraux aussi cruciaux que le Tamiflu des laboratoires Roche [4]. Comme pour la grippe aviaire, une cause profonde se trouve du côté du libre-échange et de la mainmise des multinationales. Il est urgent que soit mise en place une évaluation indépendante de l’origine du virus, des impacts de l’industrialisation des élevages, notamment en Amérique du Nord, et du délabrement du système de santé publique. Ce ne sera pas chose facile : de même que pour la grippe aviaire, il est probable que l’industrie porcine fasse tout pour obstruer les enquêtes. À plus long terme, le modèle agricole industriel, ainsi que les accords de libre-échange et la libéralisation des marchés qui l’ont engendré, doivent être remis en cause. Les échanges mondiaux doivent devenir solidaires et coopératifs, dans le respect du droit à la souveraineté alimentaire et de celui de chaque peuple à protéger son agriculture, en particulier contre les multinationales [5]. Sinon, il faut s’attendre à des catastrophes sanitaires d’une ampleur toujours plus grande.

Attac France, Confédération Paysanne, le 6 mai 2009

Notes

[1] Voir le site de l’ONG Grain (http://www.grain.org/articles/?id=50) ; Bernice Wuethrich, "Chasing the Fickle Swine Flu", Science, Vol. 299, 2003 ; voir aussi l’article “Expert Panel Highlights Serious Public Health Threats from Industrial Animal Agriculture”, qui relate les avertissements d’un panel d’experts devant le Congrès, en novembre 2008, sur les grands risques sanitaires liés à la concentration des élevages de porcs, http://www.pewtrusts.org/news_room_....
[2] Selon notamment le quotidien régional La Jornada. Dans cette région existent également de nombreux élevages intensifs et industriels de volailles et une grippe aviaire y a sévi récemment, source potentielle d’une recombinaison virale.
[3] Article de Michael Greger, directeur de la santé publique et de l’élevage pour “The Humane Society of the United States”, http://sheepdrove.wordpress.com/200.... Le “Bulletin de l’Académie vétérinaire de France” écrivait également en 2004 : “Depuis le début des années 2000, la grippe du porc en France concerne avant tout les élevages de Bretagne, où la densité porcine est la plus élevée. Elle a un impact économique considérable dans les élevages de cette région. L’activité grippale est le fait de virus A/H1 d’origine aviaire (A/H1N1) ou de réassortants (A/H1N2). L’instabilité des virus grippaux suppose d’adapter régulièrement les outils de détection afin de permettre une épidémiosurveillance efficace.”
[4] http://www.guardian.co.uk/commentis....
[5] Sur ce sujet paraît bientôt un livre d’Attac Europe-Via campesina Europe, Souveraineté alimentaire : que fait l’Europe ?, Paris, Syllepse, 2009.
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6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 17:17
Publié le 4 mai 2009 par Henri Maler, Mathias Reymond
http://www.acrimed.org/article3132.html


Force est de le constater : il arrive que la couverture télévisée des conflits sociaux échappe au pire… ou presque. Pendant deux jours, les mardi 21 et mercredi 22 avril, avec de notables différences entre elles, les grandes chaînes de télévision ont présenté des reportages qui, en dépit des contraintes des formats courts et du goût pour le spectaculaire, délivraient correctement les informations, en laissant, plus que de coutume, la parole aux salariés. Mais…

 … Mais, sur TF1 et France 2, les cadrages proposés par les présentateurs laissent percer leur réprobation. Certaines interventions semblent avoir pour fonction de ne pas heurter de front les téléspectateurs, mais sans renoncer à les dissuader de manifester leur compréhension, voire leur soutien. Passage en revue de quelques JT, suivi d’une ébauche d’explication. I. Mardi 21 avril, jour des violences Mardi 21 avril 2009, dans la matinée. Les salariés de Continental attendent la décision du tribunal administratif qui doit se prononcer sur la validité (légale) de modalités de décision de fermeture de leur entreprise. Les salariés d’EDF sont en grève depuis quatre semaines. Les salariés de l’usine Molex, en Haute-Garonne, retiennent depuis la veille deux dirigeants de la société dans le but d’obtenir l’ouverture de négociations. Il est 13 heures sur TF1 et France 2 Sur TF1, Jean-Pierre Pernaut berce ses téléspectateurs. Sur France 2, Elise Lucet égaye les siens. (1) JT de routine pour Jean-Pierre Pernaut. Météo d’Evelyne Délia, soleil en Corse, gendarmes de l’Hérault qui « traquent les voleurs », interdiction du port de la cagoule : les « chapitres », comme on dit désormais sur le site de TF1, se suivent sans surprise. Après un détour dans l’Orne où 23 salariés attendent en vain d’être payés depuis 23 jours, vient le moment d’aborder la grève à EDF : c’est-à-dire… les solutions que trouvent les particuliers aux « coupures sauvages d’électricité » particulièrement dans un commerce alimentaire. Jean-Pierre Pernaut et la rédaction de TF1 cuisinent ainsi la bonne vieille recette des reportages sur les grèves dans les services publics : souligner leurs conséquences plutôt que d’expliquer leurs motifs, en sondant les « victimes » forcément « prises en otage ». (2) Sur France 2, il faut attendre 9’20’’ environ après le début du journal, pour que soit délivrée une information (reportage à l’appui) sur la quatrième semaine de grève à EDF et sur les actions que les grévistes envisagent pour rendre leur mouvement plus populaire. Après un bref « sujet » sur les cadres retenus à l’usine Molex, suit une interview en plateau… sur les « formations anti-séquestrations » dispensées par une agence spécialisée. Le sourire d’Elise Lucet vaut commentaires : mais lesquels ? Seulement voilà : les événements de la journée – les « violences » que nous mettons entre guillemets non pour nier leur existence, mais parce que le mot employé à sens unique résume toute une perception de la réalité sociale qui exonère le patronat de toute violence - vont bousculer ces routines… Il est 19h30 sur France 3 La séquence nationale du 19/20 de France 3 s’ouvre sur les conflits sociaux et leur consacre plus de 5 minutes. Les présentations sont sobres et les reportages aussi explicatifs qu’ils peuvent l’être. Premier sujet du JT (d’une durée relativement exceptionnelle : 3’50’’ environ) : « Continental : le désespoir des salariés » (selon le titre du site de la chaîne). Un sujet qu’Audrey Pulvar présente ainsi, au plus près des explications : « Le désespoir et la colère des salariés de l’usine Continental de Clairoix les ont conduit à saccager les bureaux de la sous-préfecture de Compiègne cet après-midi. C’est le rejet de leur démarche d’annulation de la fermeture de leur usine par le tribunal de Sargemine qui a mis le feu aux poudres. » Suit alors un reportage qui montre et relate la mise à sac de quelques bureaux à la sous-préfecture de Compiègne. Commentaire compréhensif sur « la rage » des salariés : « Après cinq semaines de conflit, les esprits sont à bout ». Un journaliste en direct devant l’usine : « Même scène de destruction dans l’usine, les salariés désespérés s’en prennent à leur outil de travail ». Paroles de salariés, dont celle-ci : « On n’a pas d’écoute du gouvernement, donc la préfecture, le préfet, c’est ce qu’il y a de plus près. » Deux autres « sujets » complètent ce tableau de l’actualité sociale. Le premier est consacré à la rétention des deux dirigeants de Molex : le reportage montre l’organisation matérielle de la séquestration (où l’on voit que les dirigeants sont bien traités) et fait entendre leur refus de négocier, avant un bref direct destiné à faire le point. Le second sujet porte sur la troisième journée d’action des salariés d’EDF/GDF. Des faits, des explications (autant que le permet la brièveté des reportages), pas de commentaires latéraux ou en surplomb. On se prend à rêver d’un journalisme qui disposerait de plus de moyens et de temps, du moins quand les circonstances l’imposent. Le même jour, à 20 h sur TF1 Le journal s’ouvre sur l’annonce des titres : pas moins d’1 minute 30. Premier de ces titres : « le saccage » sur des images spectaculaires et l’annonce de la proposition de discussions tripartites par Luc Chatel. Aucun lien entre les deux ? Leur juxtaposition (les violents et le négociateur) vaut tous les commentaires. Il n’empêche : « Et on commence, bien sûr, par l’actualité sociale ». Bien sûr ? Sur TF1, quand la question sociale fait irruption dans l’actualité par temps de crise économique, il devient difficile la traiter par le mépris et de cautionner ouvertement la violence patronale en condamnant la violence ouvrière, du moins tant que celle-ci semble bénéficier de la compréhension populaire. Mais Laurence Ferrari ne parvient pas à dissimuler sa réprobation. Pour preuve, sa mine lorsqu’elle annonce le reportage sur le saccage de la sous-préfecture en insistant sur les mots : « 300 salariés du site de Clairoix ont manifesté leur colère en saccageant la sous-préfecture de Compiègne, c’est le refus de la justice de suspendre le projet de fermeture de leur usine qui a provoqué cette flambée de violence . » (20 Heures, 21 avril 2009) Pourtant, durant quelques jours, les reporters de TF1 ont proposé un travail honorable en suivant les salariés de Continental. Ainsi, la caméra est à leurs côtés lorsqu’ils investissent et « saccagent » les locaux de la sous-préfecture de l’Oise à Compiègne : « Cet après-midi à Compiègne, les plus déterminés des salariés de Continental ont donc laissé éclater leur colère. Tout s’est joué ici, en quelques minutes, à la sous-préfecture de l’Oise, où ils avaient conduit le délégué CGT devenu leur leader, Xavier Mathieu. Entouré d’une centaine d’ouvriers, qui ont alors pris possession des lieux, le syndicaliste va recevoir au téléphone la nouvelle tant redoutée : le tribunal de Sarguemine vient de débouter les salariés de l’usine de Clairoix de leur demande visant à suspendre la procédure de fermeture. » Suivent alors les interventions des salariés, illustrées par des images de casse. - Xavier Mathieu [au téléphone] : « On a été débouté les gars. » - Commentaire en voix-off : « Pas d’affrontement ni de blessés, mais des bureaux entièrement saccagés car la rage se tourne aussi vers le gouvernement. » - Un salarié : « Avec les Américains, avec les Caterpillar il y a pas de problème, les Américains, OK, mais les Allemands, on veut pas de problème avec eux. Et bien nous on va à Hanovre le 23. » - Voix off : « Le 23, c’est jeudi. Mais en attendant de se retrouver en gare de Compiègne, demain soir dans un train spécial pour aller manifester avec leurs collègues Allemands, la colère des Conti a aussi touché aujourd’hui les bâtiments d’accueil de l’usine de Clairoix. L’usine, où le travail ne reprendra peut-être jamais. - Un salarié : « 53 ans, 30 ans de boîte, on te vire comme un kleenex, c’est tout. Tout ce que j’ai à dire. » - Autre salarié : « Je pense qu’il faut se battre, on va se battre, on a plus rien à perdre. » - Voix-off : « Le dos au mur, les Continental Clairoix savent qu’il ne leur reste que 4 semaines avant que le plan social ne s’enclenche progressivement pour les 1120 salariés de l’usine picarde. » De brèves informations complètent le chapitre social du journal : les conflits de Caterpillar, Molex et à EDF-GDF, avec ce complément, une fois rapidement mentionné le basculement 25 000 clients au tarif « heures creuses » : « Moins drôle, le gaz et l’électricité ont été coupés en plusieurs endroits aujourd’hui. » Le même jour, à 20 h sur France 2 David Pujadas, parmi les titres du journal, pose la question qui le tourmente… avant d’exposer brièvement les faits qui à ses yeux la justifient : « La fin justifie-t-elle les moyens ? Des salariés de Continental ont en partie saccagé une sous-préfecture, après le rejet de leur pourvoi par la justice. Pendant ce temps, dans l’usine Molex, deux dirigeants ont été séquestrés pendant 24 heures. Reportages, et réactions dans un instant. » (1) Quand vient le moment d’aborder le conflit de Continental, ce sont les faits qui sont d’abord résumés par le présentateur : « L’exaspération et la violence dans les conflits sociaux ont donc franchi un nouveau cap, cet après- midi. Je vous le disais : les salariés de Continental à Clairoix, qui réclamaient la suspension de la fermeture de l’usine, ont été déboutés par le tribunal. Dans la foulée, 250 à 300 d’entre eux ont investi la sous-préfecture de Compiègne. Des bureaux ont été dévastés ». Suit alors un reportage, beaucoup plus éloquent que celui de TF1, qui entrelace le récit en images des événements et les paroles de salariés. - Homme [au téléphone] : « Et alors ? C’est pas vrai, on a été débouté les gars. » - Voix-off : « La douche froide et la colère. Les salariés de Continental s’étaient installés à la sous-préfecture de Compiègne en attendant la décision de justice. Ils espéraient une suspension du plan social pour délit d’entrave. Le tribunal les a déboutés » - Homme : « Ca veut dire qu’on a perdu. On a perdu à Sarguemine. La direction a gagné » - Voix-off : « Ils passent d’un bureau à l’autre de la sous-préfecture et saccagent tout sur leur passage. Dépités, écoeurés, ils repartent vers leur usine de Clairoix. » - Homme [s’adressant aux salariés] : « Ils ne comprennent pas que ça fait cinq semaines qu’on se retient, qu’on est gentil, qu’on dit rien. Aujourd’hui, c’est terminé. Ils ont eu les moutons, maintenant ils ont les lions. Faites-vous plaisir. » - Voix-off : « Cette fois, c’est le bureau d’accueil de l’usine qui est mis à sac. » - Homme 2 : « C’est nous les méchants ? Non, mais il faut arrêter. Il faut voir comment on a été exploité, tout. Maintenant, il est temps de s’exprimer et pourtant ce n’est pas dans ma nature. Mais arrivé à un moment, trop c’est trop. » - Voix-off : « Demain les Conti se rendront à Hanovre en Allemagne pour manifester leur colère à l’assemblée générale des actionnaires de Continental. Ils seront rejoints par leurs collègues allemands qui subissent le même sort. » (2) Retour en plateau. David Pujadas, plutôt que d’interroger les salariés sur les motifs de leur colère, les somme de s’expliquer sur leur « violence ». - David Pujadas : « Bonsoir Xavier Mathieu, vous êtes le délégué CGT de Continental à Clairoix. On comprend bien sûr votre désarroi, mais est-ce que ça ne va pas trop loin ? Est-ce que vous regrettez ces violences ? » - Xavier Mathieu [délégue syndical CGT-Continental] : « Vous plaisantez j’espère ? On regrette rien … » - David Pujadas : « Je vous pose la question. » - Xavier Mathieu : « … Non, non, attendez. Qu’est-ce que vous voulez qu’on regrette ? Quoi ? Quelques carreaux cassés, quelques ordinateurs à côté des milliers de vies brisées ? Ca représente quoi ? Il faut arrêter là, il faut arrêter. » - David Pujadas : « Pour vous la fin justifie les moyens . » - Xavier Mathieu : « Attendez, la fin. On est à 28 jours de la fin, monsieur. On est en train de nous expliquer que dans 28 jours [images de saccage reprises en parallèle] le plan social sera bouclé et on va aller à la rue. Oui, oui, je ne regrette rien. Personne ne regrette rien ici parce que vous avez vu, vous avez pas vu des casseurs, vous avez vu des gens en colère, des gens déterminés, des gens qui veulent pas aller se faire démonter, crever. On ne veut pas crever. On ira jusqu’au bout de notre bagarre. On a tenu cinq semaines. Pendant cinq semaines j’ai réussi, on a retenu, on a réussi à retenir les gens. C’est fini, les gens n’en veulent plus. Le gouvernement nous a fait des promesses. Il s’est engagé à réunir une tripartite depuis le début, dans les trois jours. Ca fait une semaine que ça dure. Depuis on se rend compte … » - David Pujadas : « Xavier Mathieu, on entend votre colère, mais est-ce que vous lancez un appel au calme ce soir ? » - Xavier Mathieu : « Je lance rien du tout. J’ai pas d’appel au calme à lancer. Les gens sont en colère et la colère il faut qu’elle s’exprime. Il y a un proverbe des dernières manifestations qui dit qui sème la misère récolte la colère. C’est ce qu’ils ont aujourd’hui. Il y a plus de 1 000 familles qui vont être à la rue qui vont crever dans 23 mois avec plus rien, qui vont être obligées de vendre leur baraque. Il faut que tous vous compreniez ça. On ne veut pas crever … » - David Pujadas : « Merci, Monsieur Mathieu, d’avoir été en direct avec nous. Un mot encore. Il y a dix minutes tout juste, Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’industrie, proposait ces discussions tripartites après les événements donc de cet après-midi. Merci Monsieur Mathieu. » (3) Et David Pujadas d’enchaîner : « Autre lieu, et autre usine : à Molex, en Haute- Garonne, deux dirigeants de la société ont été séquestrés 24 heures par les salariés. Après une nuit et une journée, ils viennent d’être relâchés. » Le reportage suivant, à l’instar du précédent, informe et laisse entendre la parole des protagonistes. Pour un résumé suivre la note [1]. (4) Vient le moment de proposer un éclairage qui, aussi bref soit-il, ne porte en lui-même aucune approbation ni condamnation des actions des grévistes. - David Pujadas : « Voilà Molex, Continental. Pour mieux saisir la portée de ces événements Agnès Molinier nous a rejoint. Bonsoir Agnès. » Celle–ci répond alors à trois questions. - David Pujadas : « Alors on souligne, on s’indigne parfois de l’utilisation de la force mais est-ce vraiment une nouveauté ? » - Agnès Molinier : « La séquestration de patrons, David, est même une pratique ancienne en France. Suit alors le rappel de quelques séquestrations depuis la fin des années 70. « […] La radicalité n’est donc pas nouvelle. » - David Pujadas : « Oui, on a parfois la mémoire courte. Deuxième question Agnès, est-ce que ce n’est pas aussi aujourd’hui l’occasion d’attirer l’attention des médias ? » - Agnès Molinier : « La médiatisation est importante. A ce sujet, nous avons rencontré René Mouriaux, c’est un spécialiste de l’histoire sociale. » Suit alors une brève interview de René Mouriaux qui confirme l’importance la médiatisation notamment, parce que […] ça fait pression sur les directions pour qu’elle donne l’impression qu’elles écoutent, qu’elles sont même capables de faire un peu de social, comme on disait autrefois. » - David Pujadas : « Dernière chose, dernière question toute simple, Agnès, est-ce qu’il y a des sanctions ? » - Agnès Molinier : « Selon le code pénal, la séquestration est passible de 20 ans de réclusion criminelle ou 5 ans si la retenue dure moins d’une semaine. Mais hormis deux actions en référé, dont une que l’on voit sur ces images, aucun chef d’entreprise n’a aujourd’hui porté plainte. Ils semblent aujourd’hui jouer l’apaisement, mais jusqu’à quand ? » Un regret ? Que David Pujadas ne demande pas plus souvent au patronat si la fin justifie les moyens, et s’il déplore sa violence.
 II. Mercredi 22 avril, lendemain des « violences »

Retour aux faits sur France Télévisions…

Sur France 3, le 19/20 ne prétend pas tirer les leçons des événements de la veille à la place des téléspectateurs. Alors que le JT s’ouvre sur les procès des criminels de Londres et de Jacques Viguier, 5’26’’ plus tard, un reportage d’une durée de 2’50’’ est consacré aux réactions politiques après le saccage de la sous-préfecture par des salariés de Continental. Le commentaire souligne que les salariés « ont au moins obtenu une réunion », mais que sur l’action elle-même « les interprétations divergent ». Se succèdent alors les déclarations de François Fillon, Benoît Hamon, François Bayrou…. et d’un responsable CGT.
France 2, après la débauche de commentaires de la veille, s’en tient, pour l’essentiel, aux faits que David Pujadas présente ainsi : « En France, l’actualité sociale. Et on commence avec les suites de ces scènes de saccage à la sous-préfecture de Compiègne que nous vous montrions hier soir. ’’Il y aura des poursuites judiciaires’’, a affirmé François Fillon, ce matin, sur France Inter. L’enquête est d’ailleurs en cours. » Le bref reportage qui suit laisse des salariés commenter en quelques mots les déclarations de Fillon [2] TF1, en revanche, s’est donné le temps de la réflexion avant d’éclairer les téléspectateurs… …

Et éclairages sur TF1
(1)

Dans le JT de 13 heures, Jean-Pierre Pernaut donne la parole à un invité de marque : « Jean-Marc Sylvestre, violence à Compiègne, séquestration dans plusieurs entreprises, on l’a vu depuis quelques semaines, c’est un phénomène franco-français ou pas ? »
La réponse étant dans la question, nul besoin de réfléchir longuement pour comprendre que le désaveu des séquestrations est compris dans cette comparaison évidemment défavorable. Mais c’est un désaveu tout en prudence et circonlocutions, qui s’interroge, à ce propos, sur les difficultés rencontrées par le gouvernement. Jean-Marc Sylvestre : « Oui, c’est un phénomène qui est très franco-français, mais la situation est inquiétante, il y a une vraie souffrance, il y a une vraie émotion, et le gouvernement est visiblement embarrassé parce qu’il existe de vraies difficultés d’emploi, avec des perspectives de chômage qui sont mauvaises. Alors le gouvernement se retrouve avec une multiplication d’actes de violence, vous le disiez, mais qui appartient c’est vrai à la tradition franco-française. »
Parmi les traditions françaises, toujours très chères à Pernaut, celle de la révolte ne semble pas être celle qu’il affectionne le plus… Sylvestre se lance dans une comparaison : « Nous avons une culture du conflit social, qui est un conflit même assez violent, c’est une culture franco-française que ne connaissent pas nos voisins, nos partenaires. En Allemagne, en Grande-Bretagne, vous savez, il y a autant de chômage que chez nous, il n’y a pas ce type d’acte de violence. En Espagne, où la situation est franchement catastrophique, il n’y a pas de séquestration de patrons. » Et comme le reportage qui sera diffusé le soir même, il insiste – malgré lui - sur le côté efficace de ces actes : « Il faut dire aussi qu’en France, ces actions sont parfois payantes parce que le pouvoir est désarmé, alors il démissionne. Parce que l’opposition politique en profite pour attiser et souffler sur les braises. Faut dire que cette tradition est ancienne, vous savez les agriculteurs français, par exemple, ont été choyés par les gouvernements, quels qu’ils soient, tous, de droite comme de gauche. Pourquoi ? Parce qu’ils savaient bloquer les routes, parce qu’ils savaient bloquer les préfectures. Alors, la gestion de ce type de situation, elle est d’autant plus délicate, que les syndicats sont débordés eux-mêmes. » Pour conclure son intervention, Sylvestre va même jusqu’à condamner le comportement de certains patrons : « Non, il faut tout faire pour réanimer l’activité bien sûr, dans les régions, tout faire pour réanimer les contre-pouvoirs à l’intérieur de l’entreprise, ne serait-ce que pour calmer un certain nombre de patrons qui parfois tombent dans la provocation. Et dans l’immédiat, on ne fera pas de miracle, il faut donc faire de la politique. C’est quoi ? C’est de la pédagogie, de l’explication mais c’est quand même assez risqué. » (2)

A 20 h, TF1 récidive. Cette fois, c’est un « expert » qui est chargé de délivrer la bonne parole. Laurence Ferrari annonce le sujet ainsi : « Alors que chaque jour dans ce journal, nous vous parlons des conflits dans certaines entreprises en difficulté, y a-t-il vraiment une hausse de la violence sociale et notamment du nombre de séquestrations de patrons ? » Pour Laurence Ferrari la « violence sociale », ce n’est pas la violence des licenciements (et plus généralement de l’exploitation), c’est la violence de certaines actions des salariés… Un reportage de propagande, à montrer dans toutes les écoles de… propagande, illustre cette situation. « Les victimes de la crise multiplient les actions radicales. Des agissements uniques en Europe » prévient la voix-off avant de s’effacer devant celle de Bernard Vivier, directeur de l’Institut Supérieur du Travail. Un Institut qui, sur son site se présente lui-même comme… « l’expert des relations sociales et syndicales ». Quant à Bernard Vivier, c’est un ancien journaliste qui, en 2006, a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur, des mains de … Patrick de Carolis, président de France Télévisions. Des précisions dont les téléspectateurs ont été privées. L’expert fait écho à Jean-Marc Sylvestre : « La culture de la séquestration, de la barricade, de la violence est française, parce que ailleurs en Europe, le licenciement est une décision d’entreprise acceptée par les organisations syndicales. » Et « l’expert » d’expertiser : « Licencier n’est pas un acte nauséabond, c’est un acte de nécessité. Cet acte qui est grave est préparé et accompagné. » Nous voilà rassurés... Le reportage se poursuit avec quelques images d’archives où l’on voit des patrons entourés par des salariés, des heurts dans la rue, etc. Conclusion : « Ces actions coups de poing permettent d’obtenir de meilleures indemnités. » Comme si elles n’étaient que cela…

*** Pendant deux jours donc, dans les JT de France, des reportages, certes prisonniers de leur durée et avares d’explications qui dépassent les simples circonstances, ont honnêtement relaté des conflits sociaux en laissant entendre, brièvement, la parole des salariés. Un autre journalisme est donc possible… … Du moins quand l’orientation éditoriale le permet. Or, à part pour France 3 qui témoigne souvent d’une plus grande « sensibilité sociale » que les autres chaînes, c’est rarement le cas. Mais, pendant deux jours, celles-ci nous ont offert des présentateurs pris de « malaise » (mais pas au point de renoncer, à l’instar de David Pujadas, à leurs leçons de morale) et des journalistes spécialisés, d’une grande prudence (même si la « pédagogie » façon Jean-Marc Sylvestre a toujours un arrière-goût de propagande). Pourquoi ? Pourquoi les préjugés et le mépris habituels à l’égard des travailleurs mobilisés ont été partiellement mis en sourdine par les chefs d’orchestres des JT ? Risquons une hypothèse : parce que nombre de salariés en lutte dans les entreprises et dans les rues sont des téléspectateurs, et leurs actions sont populaires : comprises même si elles ne sont pas toujours approuvées. En témoigne un… micro-trottoir inhabituel diffusé dans le JT de 13h sur TF1 après le saccage de la veille de la sous-préfecture. La voix-off du journaliste annonce : « A 500 mètres de la sous-préfecture de l’Oise qui a subi la colère des Continental, c’est plutôt la compréhension qui domine. » Une dame plutôt âgée reconnaît qu’ils n’auraient pas dû « aller si loin », mais précise : « A force, à force, faut que ça casse. » Analyse partagée par un autre interviewé : « Je ne dirais pas qu’ils ont raison, mais bon, quand on perd son emploi, qu’on a des crédits sur le dos, on peut comprendre leur geste. » Un retraité ancien licencié d’Alstom va dans le même sens, et une passante lâche : « c’est normal, il faut qu’ils se défendent. »

Henri Maler et Mathias Reymond (avec les transcriptions de Jamel et Yannick)

Notes
[1] Le reportage commence par cette information : « 15H30 sur le site de l’usine Molex, la tension monte d’un cran. Le secrétaire du comité d’entreprise est convoqué devant la justice pour séquestration, assigné par la direction. ». Celui-ci explique : « D’un côte, on nous propose de négocier une grosse merde, ça je le dis en mon nom, c’est une grosse merde et de l’autre côté, ils m’assignent en référé. Donc voilà encore une fois la réponse de la direction. » Et la journaliste commente : « Le départ de leur collègue vers le tribunal provoque un malaise. ». C’est ce « malaise » qu’explique un salarié : « « Moi quand j’entends des propos comme ça envers le secrétaire du CE alors qu’il y a 300 personnes qui vont être licenciées et que des gens demain ils vont se retrouver avec des salaires de 7 à 8 000 euros par mois alors que ils sont en train de licencier 300 personnes, ça me fait mal aux tripes. ». Suite du commentaire : « Les salariés profitent alors d’une sortie autorisée d’un des dirigeants séquestrés pour l’interpeller. Jusqu’à lors, ils évitaient toute confrontation. »
Et à l’appui cet échange : - Un salarié :
- « Vous êtes entrain, une fois de plus, de donner un coup de couteau, c’est-à-dire d’assigner le responsable du CE en justice. On est d’accord. C’est ça votre dialogue ? »
- Un cadre : « Ecoutez, si vous êtes 24 heures vous n’êtes pas libre de mouvement pendant 24 heures et vous essayez depuis ce matin, avec la direction départementale, de débloquer la situation et qu’on n’arrive pas, on prend d’autres recours. »
Le reportage s’achève ainsi :
- La journaliste : : « Peu avant 20 heures, les deux dirigeants sont relâchés, éprouvés. »
- la cadre « relâchée » : - « Contente de pouvoir enfin rentrer chez moi. »
- La journaliste : - « Les salariés se sentent floués, les insultes pleuvent. Comme des voyous, les dirigeants rejoignent leur véhicule. Dans ce climat, une médiation entre la direction et partenaires sociaux doit commencer ce soir en préfecture. »

[2] Le journaliste : « Les stigmates de la colère d’hier sont encore bien visibles. Pour des raisons de sécurité, l’usine Continental est restée fermée aujourd’hui. La direction a décidé de porter plainte pour dégradations. Autre plainte, celle des représentants de l’Etat après les dégâts causés à la sous-préfecture de Compiègne. Le parquet affirme que les casseurs sont d’ailleurs en cours d’identification. Le premier ministre promet la plus grande fermeté. »
Puis, après les menaces de Fillon et l’explication sur les sanctions encourues, ces propos de salariés :
- Un premier salarié : - « Ils n’ont pas le droit de nous sanctionner. On n’a rien fait de mal. On n’a rien fait de mal, c’est tout. C’est la colère, c’est tout. »
- Un second salarié : « Nous ne sommes pas du tout les méchants. Les méchants sont ceux qui nous virent, là. C’est les actionnaires. »
 La fin du reportage évoque notamment les plaintes déposées par les cadres de Molex, mais aussi par les salariés : « […] Chez l’équipementier Molex, en Haute-Garonne, les deux cadres libérés hier après 25 heures de séquestration envisagent sérieusement de porter plainte. Ce serait une première. Jusqu’à présent, aucun dirigeant séquestré depuis début mars n’a donné de suites judiciaires. Si elle dure moins de 7 jours, la séquestration est passible d’une peine de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Dans le même temps, les salariés de Molex ont déposé plainte contre leur propre direction pour délit d’entrave. Les patrons n’auraient pas informé correctement les salariés de la fermeture programmée de l’usine. Et là, ce sont les patrons qui risquent, en théorie, jusqu’à un an de prison. »
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6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 16:52
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6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 16:32

Estimant que c'est l'Hadopi "le vrai pirate", il décrit la haute autorité prévue par le projet de loi comme une "administration qui va venir chez les gens, fonctionner comme une administration judiciaire, et policière". "Et ça ce n'est plus la République", assène Francis Lalanne, qui y voit le symbole d'une "dictature civile".

 



Invité mardi 5 mai de Ce Soir ou Jamais sur France 3, l'artiste et militant écologiste Francis Lalanne a fustigé la loi Création et Internet. Extraits. http://www.numerama.com
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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 20:12

F. Preneau (Les Alternatifs)


L’exigence d’un cessez-le feu immédiat dans le conflit meurtrier qui oppose les troupes géorgiennes et russes ne peut plus masquer la défaite militaire et politique du président géorgien Mikheil Saakachvili et une nouvelle redistribution régionale des cartes au bénéfice de la Russie.

En prenant l’initiative d’une attaque militaire sur l’Ossétie du Sud et sa petite capitale, Tskhinvali, le 6 août dernier, Mikheil Saakachvili a fait un double pari : le premier, sans doute le plus important pour lui, ressouder dans une union nationale une population de plus en plus mécontente et défiante vis-à-vis de sa politique ultralibérale qui accentue de façon criante les inégalités et nourrit la misère, le second en considérant que l’ouverture des jeux olympiques et la présence, au côté de Bush, de Poutine à Pékin pouvait lui donner un répit. Il est aujourd’hui clair qu’il les a perdu tous les deux et que son aventurisme ouvre une situation bien pire pour les peuples de la région et notamment pour le peuple géorgien. La dépendance énergétique de la Géorgie à l’écart de la Russie fait d’ores et déjà craindre un hiver particulièrement difficile pour les géorgiens. Sans parler de la situation dramatique des habitants d’Ossétie du sud dont la plupart des villes et villages est ravagée.

En voulant imposer par la force l’allégeance à la minorité Ossète, qui a proclamé son autonomie en 1989, Saakachvili est resté prisonnier d’une conception ethniciste de la nation qui nie l’intégration des non-géorgiens comme citoyens à part entière et, nourri par ses difficultés intérieures, il a cru pouvoir passer outre l’histoire récente avec notamment les affrontements armés de 1992 et 2004 qui s’étaient déjà terminés par des désastres militaires et politiques pour la Géorgie.

Aujourd’hui, pour Saakachvili et le gouvernement géorgien, l’impasse est totale. Ne doutons pas un instant que la Russie de Poutine va pousser son avantage jusqu’au bout – et au prix là encore de dizaines voir de centaines de morts civils – en renforçant son emprise sur les minorités nationales ossètes, abkhazes et adjars et en dictant aux autorités géorgiennes un « compromis » sur mesure que valideront bien sûr les Etats-Unis et l’Union Européenne.

Et c’est en premier lieu la Géorgie qui va sortir exsangue de cette guerre. L’avenir politique de Mickheil Saakachvili, réélu en début d’année au prix de fraudes massives, semble désormais bien compromis. Mais l’absence d’alternative conséquente répondant aux besoins sociaux, écologiques et démocratiques des populations, avec l’adhésion de l’essentiel des partis politiques géorgiens à l’ultra-libéralisme et à l’hyper nationalisme, va continuer de peser encore longtemps sur la région.

Le cessez- feu acquis, nous n’en sommes  hélas pas encore là, viendra le temps de l’aide internationale indispensable à la reconstruction de l’Ossétie du sud et de la Géorgie. Et des échanges et débats citoyens sur les origines et conséquences d’un drame imputable pour l’essentiel aux orientations politiques ultra-libérales et nationalistes de la nouvelle classe politique géorgienne. C’est à ces rendez-vous que les Alternatifs devront être présents.

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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 19:59
Communiqué de presse des Communistes Unitaires
 Le PCF a signé un texte sur l’Europe et la présidence française dans le cadre du Comité de liaison de la gauche, avec notamment le PS et le PRG, qui ont approuvé sur le fond le traité de Lisbonne, après le projet de Traité constitutionnel européen. Dans le même temps, le PCF a refusé de signer un appel proposant un cadre commun de réflexion et de mobilisation, contre la méthode actuelle de construction européenne et pour une autre Europe. Parmi les signataires de cet appel* figurent des syndicats, des associations et des formations politiques engagés clairement dans les batailles récentes, notamment contre le traité de Lisbonne. Comment a-t-on pris de telles décisions, et en mesure-t-on les implications ? Ainsi, signer un texte avec le PS n’aliénerait en rien l’indépendance du PCF, tandis qu’en signer un autre avec les forces critiques corsèterait les actions communistes ! Cette double décision est inquiétante : au mieux, elle paraît incohérente avec les trois années précédentes ; au pire, elle annonce un parti communiste qui se met à la remorque du PS. Trop incohérente ou trop cohérente ? Cela ne présage rien de bon pour les prochaines élections européennes, de l’issue du Congrès de décembre et de l’avenir même du communisme politique. Il est plus que temps de redresser la barre.
Nous proposons à cet effet :
  1. Que le PCF s’inscrive sans restriction dans tous les espaces critiques et constructifs (dont le « collectif pour une autre Europe ») qui visent à faire face à l’Europe des libéraux et des sociaux-libéraux.
  2.  Que, sans tarder, il appelle à ce que s’engage un processus de convergence électorale, rassemblant en 2009 l’arc le plus large des forces critiques, et notamment celles qui se sont mobilisées contre le traité de Lisbonne.
  3.  Qu’en septembre un premier bilan soit fait du travail engagé, pour élargir l’initiative et la réflexion unitaires.Rassemblés, et seulement si nous le sommes, nous pourrons contribuer à ce qu’émerge une autre Europe. 
Le 10 juillet 2008
Les « communistes unitaires »du Conseil national du PCF

*Alter Ekolo, Attac, CGT-Finances, Confédération paysanne, Coordination des collectifs unitaires, Fondation Copernic, Forces Militantes, FSU, La Gauche Cactus, LCR, Les Alternatifs, Les Marches européennes contre le chômage,MARS-Gauche Républicaine, Mémoire des luttes, MRAP, PCOF, Pour la République Sociale, Réseau Féministe « Ruptures », UFAL, Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT, Union syndicale Solidaires…

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9 août 2008 6 09 /08 /août /2008 17:21
publié le mercredi 6 août 2008
Donald Macintyre

 
Shaul Mofaz, l’un des principaux candidats au poste de Premier ministre israélien demandait la mort de 70 Palestiniens à l’époque où il était chef de l’armée lors du deuxième Intifada, selon un best-seller écrit par deux journalistes israéliens.

Le compte-rendu d’un exposé s’adressant en Mai 2001 aux principaux commandants de l’armée en Cisjordanie renforce l’image de faucon dont jouit Shaul Mofaz.

Il apparaît aujourd’hui comme le principal rival de la Ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, pour la direction du parti Kadima abandonnée par Ehud Olmert.

M. Mofaz devrait mettre en avant ses références en tant qu’ancien chef d’Etat-Major et Ministre de la Défense dans sa campagne pour battre Mme Livni, la plus populaire des candidats israéliens auprès de l’opinion publique pour la succession de M. Olmert comme chef du parti.

Selon le livre Boomerang, d’Ofer Shelah, journaliste au Yedhiot Aharonot, et Raviv Drucker, de Channel 10, M. Mofaz a convoqué une réunion des commandants de Brigades et de régiments en Cisjordanie occupée à Ammunition Hill à Jérusalem. Cela s’est déroulé au début de la période où Ariel Sharon était premier ministre quand l’Intifada battait son plein.

Le livre, qui était très critique, est basé sur de nombreux interviews avec des responsables et sur une recherche documentaire, a surtout fait du bruit lorsqu’il a été publié en 2005 en raison de son allégation que M. Sharon avait, en grande partie, démantelé les colonies juives à Gaza pour éluder la menace d’une inculpation de corruption.

Les deux journalistes disent dans le livre que, lors de la réunion de Jérusalem - "dans un acte exceptionnel" - le chef d’Etat-Major a ordonné à la personne habituellement chargée dans de telles occasions d’enregistrer les déclarations des officiers de l’armée d’arrêter le faire. Le général alors prévenu, dit le livre, sans faire de remarques sous forme de citations directes, qu’il n’y aurait plus de "messages à l’Autorité Palestinienne pour lui dire comment agir ». Au lieu de cela, les auteurs disent que M. Mofaz a présenté ce que qu’ils appellent " un prix à fixer". Les auteurs disent qu’il a dit qu’il voulait "tuer 10 Palestiniens" dans chaque brigade territoriale.

Le livre continue en rapportant qu’un haut gradé a ensuite chuchoté au commandant du Commandement Central, Yitzhak Eitan, qu’il serait bien avisé de demander un tel ordre par écrit et a ajouté : "Il s’agit de 70 morts par jour".

Il a ensuite dit que le général Eitan avait convoqué le lendemain le même groupe d’officiers et "a précisé que ce qu’avait déclaré Mofaz ne devait pas être compris comme un ordre et ne devrait pas être considéré comme une directive d’action".

Mais le livre ajoute qu’un haut responsable, le commandant de brigade de la région d’Hébron, le colonel Yehuda Albek, "préférait la version de Mofaz" à celle du Général Eitan.

Le lendemain, il a commencé une action près de Dahariya contre la police palestinienne "qui n’avait pas commis d’actes hostiles". Un policier a été tué et plusieurs ont été blessés. Quand le colonel a été sommé au quartier général du Commandement Central d’expliquer l’opération à ses supérieurs concernés, il a déclaré qu’elle correspondait aux observations faites plus tôt par le chef d’Etat-Major, affirme le livre.

Hier, le bureau de M. Mofaz n’a pas donné de réponse immédiate aux questions posées sur la version du livre.

Pendant ce temps, Benjamin Netanyahu, le chef du Likoud, a appelé à une élection immédiate, élection qu’il gagnerait selon les sondages. "Peu import qui dirige Kadima. Ils font tous partie de la série d’échecs de ce gouvernement », a t-il dit. M. Nétanyahu pourrait y parvenir, si le vainqueur à la direction de Kadima ne parvient pas à former une coalition viable pour rester au pouvoir.

Dans ce cas, les élections pourraient avoir lieu au début de l’année prochaine - avec la possibilité que M. Olmert reste comme premier ministre intérimaire.

Source : http://www.independent.co.uk/ Traduction : MG pour ISM
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